L aveu

Message par zeanticpe » 04 Jan 2007, 00:57

je viens de le regarder, je crois pour la 1ere fois.
je sais pas ce que vous en pensez mais je trouve ce film très bien.
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 09:45

«L'aveu», c'est du grand cinéma, c'est du grand Montand (qui fut parfois si petit et si bas !), c'est du grand Costa-Gavras. Une mine à creuser sur les méthodes de l'appareil policier du stalinisme, et sur les réalités de la bureaucratie...
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Message par zeanticpe » 04 Jan 2007, 12:52

Je me suis posé des questions pendant le film.
J'avais l'impression que Montand enfin le ministre qu'il représente était un "bon" stalinien. Qu 'est-ce qui à cette époque-là, pousse les bureaucrates à leur tirer dessus?
C'est le début de la guerre froide, et dans le film ils l'accusent tantôt d'avoir soutenu Tito, tantôt d'être un agent trostkyste.
zeanticpe
 
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 14:31

Les purges staliniennes de l'après-guerre (procès Rajk en Hongrie et Slansky en Tchécoslovaquie) ne résultent nullement de "divergences" quelconques qu'auraient exprimées les accusés (pas plus que les procès de Moscou avant-guerre).

Au cas précis Staline poursuivait un objectif de terreur pure et simple à l'encontre des populations des pays de l'est de l'Europe, et en même temps de soumission totale des bureaucraties satellites, au moment où il avait décidé de riposter à la guerre froide imposée par l'impérialisme US, en assimilant structurellement (par des moyens bureaucratiques et militaro-policiers) ces pays au régime économique et politique existant en URSS. En même temps, la bureaucratie du Kremlin pillait littéralement ces pays, et elle devait par conséquent aussi réprimer toute tentation d'autonomie ou de résistance aussi bien des bureaucrates locaux que (surtout) des peuples de ces pays.

Ce que craignait Staline et la bureaucratie du Kremlin c'est ce qui est survenu en juin 1953 à Berlin-est et dans l'est de l'Allemagne, puis en Pologne et Hongrie en 1956, ce que Trotsky avait prévu et théorisé dans le programme de transition : la révolution politique.

Je conseille la lecture de la brochure sur la révolution hongroise de 1956 dont parle "com_71" ici
qui un témoignage est très vivant et très intéressant pour comprendre toute cette période mal connue des années 1944 à fin des années 50, en particulier à l'est de l'Europe.

La brochure peut être commandée au CERMTRI (ici)
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Message par Sterd » 04 Jan 2007, 18:47

(meichler @ jeudi 4 janvier 2007 à 14:31 a écrit :Ce que craignait Staline et la bureaucratie du Kremlin c'est ce qui est survenu en juin 1953 à Berlin-est et dans l'est de l'Allemagne, puis en Pologne et Hongrie en 1956, ce que Trotsky avait prévu et théorisé dans le programme de transition : la révolution politique.

:33:

Ca fait longtemps que je l'ai pas lu. Mais je ne crois pas me souvenir qu'il soit fait mention de révolution politique en Allemagne de l'Est, en Hongrie ou en Pologne dans Le Programme de Transition.
Sterd
 
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 18:55

Bien vu Sterd ! :hinhin: Et cela devrait nous renvoyer à un vieux débat sur la nature des Etats de l'est de l'Europe entre 1948-49 et 1989-95. Mais ça ferait un peu diversion, et je préfère laisser les diptères en paix, ce soir.
Mais tu peux quand même relire le «programme de transition». Ca ne peux pas te faire de mal....
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Message par meichler » 05 Jan 2007, 02:48

En effet, Staline était un "tyran borné" et toute sa carrière politique en témoigne. Il ne savait réagir aux événements que par la brutalité et la répression policière, les manoeuvres sans principes. Pourquoi ? Pour une raison au fond assez simple. Il incarnait et dirigeait en même temps, une force sociale, la couche bureaucratique issue de la dégénérescence du premier Etat ouvrier l'URSS, qui n'avait absolument aucune justification historique, aucune nécessité pour la formation sociale qu'elle dominait et parasitait de façon usurpatrice. La bureaucratie n'avait pas la cohésion sociale d'une classe au sens marxiste du terme, et c'est pourquoi elle n'avait pas d'idéologie propre, se contentant de parasiter et de déformer le marxisme (théorie révolutionnaire de la classe ouvrière). C'est aussi pourquoi tous les conflits en son sein et entre elle et la société des Etats ouvrier ne pouvait se régler que par la violence.

La particularité personnelle de Staline est d'en avoir fait usage avec la fourberie et le sadisme du séminariste arriéré et provincial qu'il ne pouvait s'empêcher d'être.

Je renvoie pour plus de détails au "Staline" de Trotsky : ici.

Quant aux "divergences" internes à la bureaucratie, elles n'avaient pas d'autres causes. Incapable de devenir une classe à part entière, mais y aspirant en permanence, en même temps qu'elle ne pouvait remettre en cause la base matérielle qu'elle parasitait (l'Etat ouvrier), la bureaucratie stalinienne a constamment développé des tendances allant soit vers la restauration ouverte du capitalisme, soit la défense (brutale et catstrophique la plupart du temps) des bases matérielles de l'Etat ouvrier.

Mais dans le cas des "procès" d'après-guerre, c'est l'élément de terreur sur les populations des pays du glacis qui me semble déterminant, même si la volonté de "mise au pas" des bureaucraties satellites a du joué en mineure.
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Message par yannalan » 06 Jan 2007, 14:52

(zeanticpe @ jeudi 4 janvier 2007 à 12:52 a écrit : Je me suis posé des questions pendant le film.
J'avais l'impression que Montand enfin le ministre qu'il représente était un "bon" stalinien. Qu 'est-ce qui à cette époque-là, pousse les bureaucrates à leur tirer dessus?
C'est le début de la guerre froide, et dans le film ils l'accusent tantôt d'avoir soutenu Tito, tantôt d'être un agent trostkyste.
Le nombre de "bons staliniens" ayant été liquidé par Staline et ses complices est assez énorme. Ce n'était pas le critère. En fait, pour ce qui est des dirigeants arrêtés, beaucoup étaient soit juifs, soit avaient eu une carrière de militant "à l'ouest" (guerre d'Espagen, résistance à l'ouest), ce qui déplaisiat "à priori' à l'appareil qui préférait les biographies moins nettes. Quand le PCF vire Marty et Tillon pour promouvoir un Marchais, c'est un peu le même raisonnement.
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Message par meichler » 06 Jan 2007, 23:16

C'était d'ailleurs déjà le cas pour Thorez, qui avait "failli" devenir trotskyste à la fin des années 20 (cf. le livre de ROBRIEUX), et qui devait donc "se racheter" par une soumission d'autant plus fidèle à son maître du Kremlin.
Rien ne vaut les "petits (ou grands) secrets" pour tisser un "fil à la patte"...
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