Ecole cherche ministre

[Valiere]

« Ecole cherche ministre »
de Pascal Bouchard
Editions ESF
janvier 2007
12,90 €
127 pages

Autopsie du « mammouth »

J'ai voulu faire un test en annonçant à un anti « pédagogiste » confirmé que je commençais la lecture d'un livre écrit par Pascal Bouchard dans la collection Pédagogies dirigée par Philippe Meirieu.
L'éruption de boutons fut immédiate! Je m'y attendais.
Avec patience j'ai rassuré mon interlocuteur en lui expliquant qu'il s'agissait là d'une autopsie du système qui pourrait l'intéresser....
Le livre se présente sous la forme d'une lettre d'information en direction du prochain ou de la prochaine ministere de l'Education nationale.
Avec humour l'auteur explique les difficultés qui l'attendent :
s'il s'apprête à vouloir moderniser le système, il risque de se retrouver à côté de la plaque ou devant une mobilisation de la profession contre lui.
Ce n'est pas pour cela qu'il faut ne rien faire!
Naturellement l'auteur ne peut pas faire l'impasse sur le grand dialogue de sourds qui existe entre les
militants pédagogues et les ennemis acharnés du pédagogisme et c'est là que mon interlocuteur du début va bondir :
« Les adversaires des « pédagogues »ont-ils la moindre idée de la violence des conflits qui opposent ceux-ci aux « didacticiens »?Savent-ils que les pédagogues n'ont rien à voir avec la réforme de l'enseignement des lettres, très discutée actuellement non. »
Je m'en arrête là pour la citation afin que les boutons ne s'infectent pas! La suite étant un peu moins souple.
Mais que ni les pédagogues, ni leurs « adversaires » ne s'inquiètent : à part cette remarque en clin d'oeil, l'auteur, journaliste de son état, ne prend le parti d'aucun des camps en présence.
Il énonce six principes qu'il propose au prochain ministre de prendre en compte, sans les proclamer trop haut. Il rappelle que François Mitterrand lui même « disait qu'il fallait privilégier le pragmatisme, pour peu qu'on ait quelques principes. Il n'a jamais dit quels étaient les siens. »Le trait est rude mais si juste!

Le sixième des principes a attiré particulièrement mon attention et suscité une interrogation :

Il est certain qu'aujourd'hui les enseignants sont soumis à la juridiciarisation avec des plaintes au pénal, il est aussi vrai que quelques enseignants, mais très peu commettent des fautes graves...
Faut-il pourtant renforcer le pouvoir de la hiérarchie et celui des commissions paritaires?
A la première question je réponds non, mais c'est là tout un débat qu'il faut poursuivre...
A la seconde, je répondrai par l'affirmative s'il ne s'agit que de définir « un code de déontologie minimal ».

Certains trouveront certaines pistes de transformation dans ce livre, d'autres seront peut être irrités mais peu seront déçus.

Jean-François CHALOT