en quête de gauche

par **Valiere** » 10 Sep 2007, 18:46

« En quête de gauche
Après la défaite »
de Jean-Luc Mélenchon
Editions Balland
septembre 2007
310 pages
19,90 €

Un diagnostic sans langue de bois

Un diagnostic se doit d'établir une analyse de la situation et de tracer des perspectives de « guérison » ou de changement.
Ce diagnostic rigoureux, pédagogique et indispensable, Jean-Luc Mélenchon nous le livre et soumet ses propositions au débat.
Il commence dès le premier chapitre, non à énoncer doctement mais à démontrer avec une argumentation sérieuse et construite que la social-démocratie que certains prônent a failli en Europe et même à l'échelle planétaire. Qu'il s'agisse de Tony Blair qui a fermé 15000 lits d'hôpitaux en neuf ans et réduit de 60% le nombre de bureaux de poste, de Shroëder qui a refusé de remettre en cause la libéralisation précoce de l'électricité ou du premier ministre social-démocrate suédois qui a inauguré le chèque éducation utilisable dans n'importe quel établissement scolaire et conduisant à la fermeture d'écoles publiques, c'est la même politique « néo-libérale » qui est menée....
«... Les sociaux-démocrates de toute l'Europe démantèlent méthodiquement l'Etat social qu'ils avaient contribué à bâtir en un siècle de compromis et de rapports de force. Ils le payent d'ailleurs durement : leurs revers électoraux sont terribles. »
Les sociaux-démocrates ne résistent plus au libéralisme, ils le précèdent.
Quant à la social-démocratie des pays latinos-américains, elle ne se contente pas de gérer pour compte de tiers -c'est à dire la bourgeoisie- elle envoie quand elle est au gouvernement l'armée pour réprimer le peuple : le 28 février 1989, à Caracas ce sont 3000 personnes qui perdront la vie, tuées par la troupe du président social-démocrate vénézuéliens Andrès Pérez.!

Il n'y a pas de langue de bois dans la démonstration de l'auteur.

Il nous montre ensuite que les mutations en cours ne sont pas terminées: la social-démocratie est encore trop à gauche, trop « archaïque » ! Des dirigeants du PS , François Hollande, en tête veulent faire triompher une orientation « démocrate » en compagnie des Clinton ...Ce n'est pas un hasard si Ségolène Royal a mené une campagne populiste et si DSK veut prendre la tête du FMI.
La victoire de Sarkozy était inéluctable avec cette campagne calamiteuse sans détermination, ni clarté sur toutes les questions et notamment celles relatives au social.
Ce n'est pas le procès de Ségolène que l'auteur établit, c'est celui d'une ligne politique de renoncement, de rupture avec les bases constitutives du parti socialiste même!

Jean-Luc Mélenchon propose que la gauche, la vraie en revienne à ses trois fondamentaux :
L'idée socialiste de « transformation des normes d'organisation de la société et de répartition de la richesse »; l'idée républicaine avecun espace public privilégié et une loi qui est décidée par tous et appliquée par tous et la philosophie des lumières- « l'émancipation de l'être humain dans l'accomplissement de ses droits universels plutôt que dans la culture de ses différences. »
C'est sur ces bases là qu'il veut participer à la construction d'une « autre gauche » une vraie, non de témoignage , ni d'entre soi mais une gauche qui s'appuie sur ses fondamentaux pour gagner.
Quel est l'avenir du PS? Rien n'est joué pour Jean-Luc Mélenchon mais il n'est pas question pour lui d'accepter ou de couvrir une voie « démocrate » d'alliance avec le centre et l'avenir doit se construire dans la fidélité aux principes, avec des socialistes, des communistes, des altermondialistes, c'est à dire toutes celles et tous ceux qui ne renoncent pas au combat socialiste qui vise la transformation sociale.

Ce livre passionnant participe au débat sur l'ouverture s'un « autre chemin que celui du reniement qui menace la gauche de disparition ».

Jean-François CHALOT

par **jeug** » 10 Sep 2007, 19:16

a écrit :«... Les sociaux-démocrates de toute l'Europe démantèlent méthodiquement l'Etat social qu'ils avaient contribué à bâtir en un siècle de compromis et de rapports de force. Ils le payent d'ailleurs durement : leurs revers électoraux sont terribles. »

Nul doute que bon nombres de ce genre d'individu vont se ruer sur l'espace vide laissé par le fameux "glissement à droite" du PS actuel, en glorifiant à titre posthume le PS d'antan, celui qui a traversé pourtant très peu glorieusement le XXème siècle.
Et tenter de reconstruire un vrai parti réformiste.
Au-delà de discuter si la période s'y prête, ce dont je doute, on ne refait pas l'histoire, il faut dénoncer ce combat d'arrière-garde.

par **Valiere** » 10 Sep 2007, 19:42

C'est un réquisitoire implacable contre la social-démocratie et il ne capitule pas.

Je me résous pas à l'impasse : groupe d'avant garde sans avenir à moins que...et libéralisme précédé et soutenu par les dits socialistes

par **Félix Edmundovitch** » 10 Sep 2007, 21:34

:boulets01: :arg: Non mais sérieux ! Tu veux vraiment qu'on lise la prose d'ex trotskoïdes passés au PS :altharion:

par **Ottokar** » 10 Sep 2007, 21:59

Est-ce naïveté ou crédulité juvénile ? je me refuse à prendre au sérieux les critiques d'un Mélenchon, ex-sous-ministre de Jospin, qui se positionne à gauche aujourd'hui par pure démagogie mais reste au PS sans vraiment rompre avec son passé. Suivere des pantins pareils, c'est se préparer des lendemains amers.
Enfin, on peut tout lire, mais de là à encenser, soyons sérieux...

par **Louis** » 10 Sep 2007, 22:18

(Félix Edmundovitch @ lundi 10 septembre 2007 à 22:34 a écrit : :boulets01: :arg: Non mais sérieux ! Tu veux vraiment qu'on lise la prose d'ex trotskoïdes passés au PS :altharion:
Faut dire que Valiére lui même... :17:

Sinon, que dire ? Que Méluche veut creer un "Die Linke" a la française. Ca pourrait chémar (pour parler comme les vedettes de slam) si les conditions étaient réunis (par exemple, un syndicalisme massif et encore attentif, du moins a la base, aux idées de rupture avec le systeme et ses aspects les moins sympathiques. des courants gauches dans la social démocratie combatifs, un parti issus des stals qui ait su se moderniser sans se renier entiérement) En france on en est loin !

Et en plus , je dois dire, mon projet politique a moi est a des années lumiéres de ceux vantés par Valiére (ce qui n'a rien d'étonnant) Disons qu'ils s'incarnent dans le slogan d'une organisation que j'ai beaucoup critiqué (surtout quand elle est entrée a la ligue) mais dont le nom me semble génial : SPEB : socialisme par en bas ! Pas avec les éternel "militants" qui ne représentent en général qu'eux même, pas avec les "gens de la mairie" , pas avec les permanents qui décident de tout, non, un socialisme "issu du bas", de la plebe et de la canaille (plus ça va, et plus je me considére comme une canaille, sentiment visiblement trés partagé dans certains cénacles)

Enfin bref, mon cher Valiére, tu peut garder tes critiques littéraires pour toi ?

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