Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Byrrh » 25 Mai 2019, 11:54

Ce "géant", c'est Le bolchevik de Koustodiev (1920) : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Bolchevik_(Koustodiev)
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Byrrh » 25 Mai 2019, 13:35

Ottokar a écrit :Côté sculpture anguleuse, j'ai préféré un buste de Bakounine, car les bolchéviks de 1918 voulaient rendre hommage à tous les grands combattants... même anarchistes.

Cf. ce qui était l'un des plus anciens monuments datant des débuts de la Russie des Soviets, l'Obélisque des penseurs socialistes (1918), malheureusement reconverti par les poutiniens en monument tsariste : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ob%C3%A9lisque_des_Romanov
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par artza » 26 Mai 2019, 04:51

La partie "réaliste socialiste" a le mérite de montrer que ces choses là ont existé, applaudi par des millions.

Etaient-ils contraints? Vendus? Naïfs? Ignorants?

C'est dans le film la ligne générale qu'on voit un taureau nommé Joseph ( ;) )couvrir une vache?
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Zelda_Zbak » 26 Mai 2019, 08:51

Je crois qu'avant d'y aller, j'aurais aimé lire cet article extrêmement fouillé de Libération :

https://next.liberation.fr/arts/2019/04 ... re_1718713

«ROUGE» À L’ŒUVRE
Par Philippe Lançon
— 1 avril 2019 à 20:16
Au Grand Palais, à Paris, une exposition balaye quarante ans de création soviétique, de 1917 à la mort de Staline. Une traversée artistique, des avant-gardes au réalisme édifiant jusqu’à la censure et au désenchantement.

Du coup d’Etat bolchevique à la mort de Staline en passant par les grandes purges et la guerre patriotique, on connaît l’histoire. La voir ou la revoir, œuvre après œuvre, des silhouettes et des architectures blanches de Malévitch, du carré rouge de Rodtchenko et des esquisses d’Ivan Pugni aux saintes images soviétiques de la fin, c’est utile : c’est sentir comme une génération d’artistes souvent formidables, qui voulurent mettre leurs arts au service du peuple et de la Révolution, est passée en peu d’années des formes nerveuses et libératrices de l’utopie à celles, graisseuses et coercitives, du mensonge d’Etat.

Tout commence par l’explosion et la simplification des formes ; tout finit dans la pâtisserie stalino-industrielle. Cette pâtisserie, aussi indigeste soit-elle, n’est d’ailleurs pas toujours dépourvue d’intérêt esthétique. Les bons artistes survivent toujours un peu à leur soumission, et leur talent gémit au fond du tableau, comme le canard de Prokofiev dans le ventre du loup. La patte solaire d’un peintre comme Alexandre Deneïka, ou la sensibilité de quelques cinéastes, par la puissance lumineuse de leurs images, par leur souci de l’espace, des corps et du mouvement, rappellent que l’œil et la main conservent des réflexes que la conscience semble avoir perdus.

«Porcelaine d’agitation»
La propagande, on le voit d’emblée, n’est pas un regrettable effet de la Révolution : elle est à la source du phénomène ; mais, dans les dix premières années, elle est créative, insolente et joyeuse. L’exposition montée par Nicolas Liucci-Goutnikov est sur ce point un élargissement de celle, si précise, qu’Angela Lampe, au centre Pompidou, a consacrée l’an dernier à l’avant-garde russe de Vitebsk. C’est ici l’avant-garde russe entière qu’on parcourt. Et ce qu’on remarque, à côté des grandes œuvres, ce sont souvent des créations secondaires, plus insolites. Par exemple, un jeu d’échecs de Natalia Danko, créé dans les années 20, intitulé «porcelaine d’agitation». Il oppose les rouges aux blancs. Les pions blancs sont des esclaves enchaînés, les pions rouges, des ouvriers conquérants. C’est peint à la main. On offre les rares exemplaires aux dirigeants du Parti. Quelle société a aussi bien combiné les impératifs binaires de l’idéologie, le désir de plaire au pouvoir et les joies de la création ?

Un slogan du peintre Vladimir Tatline résume l’impulsion initiale : «Ni vers le nouveau, ni vers l’ancien, mais vers le nécessaire.» C’est à un conflit entre ces trois directions, le nouveau, l’ancien, le nécessaire, qu’on assiste. Au début, le nouveau côtoie le réalisme édifiant. Le nouveau ne fait pas de psychologie sociale, ne montre aucun visage. Il invente et simplifie des formes qui rendront modernes le message et la vie. Dans les années 20, Varlam Chalamov a résumé d’une phrase la nature et la vitesse de ce mouvement : «Nombreux furent, à Moscou, ceux qui comme moi arrivèrent trop tard pour l’assaut du ciel.» Ce sont les «stands d’agitation portatifs», les «écrans-radios orateurs», les projets de cités futuristes. On trouve encore les traces de cette poésie de la propagande, en 1933, dans la légende d’un tableau : «Mais à présent même les aveugles devraient savoir qu’on a encore besoin d’un cheval.» C’est l’année de la grande famine d’Ukraine. Le réalisme édifiant célèbre le correspondant ouvrier, l’instituteur de campagne, l’ouvrier au marteau, etc., et finalement les dirigeants bolcheviks «devant le cercueil du chef», Lénine : ceux qu’on voit, à part trois, seront fusillés dix ans plus tard. Les survivants, ou les nouveaux dirigeants, apparaissent dans les croûtes vouées au culte de Staline. Quand celui-ci meurt, il y a longtemps que la recherche du nouveau a disparu.

Deux toiles, peu connues, résument la tension qui se développe en vingt ans sous nos yeux. Ni l’une ni l’autre n’ont été exposées du vivant de ceux qui les ont faites ; elles ont vécu à l’ombre, dans une cave ou un grenier, comme le portrait de Dorian Gray. La première se trouve au rez-de-chaussée, dans une section intitulée «Une nouvelle figuration». Elle est peinte par Georgi Roublev en 1935, à la veille des procès de Moscou. C’est un portrait de Staline. Le dictateur, botté de gris et vêtu de blanc, lit la Pravda assis sur un grand fauteuil en osier presque transparent. Ce fauteuil, qui semble peint par Matisse, flotte dans un grand vide de couleur brique. Aux pieds du maître, un chien de même couleur, allongé, avec un collier noir et un œil jaune, triste et pensif. Il s’étend dans le vide, le cul en l’air. Le rouge brique fait léviter le maître, ses yeux noirs cernés, méchants, comme passés au charbon, ses gros sourcils. Il n’y a plus que lui, au centre de tout ce rouge, et ce chien couchant, presque dissout. En regardant cette redoutable toile, c’est deux fois le poète Ossip Mandelstam qu’on lit. D’une part, son célèbre poème contre Staline, écrit en 1933, qui provoqua sa perte : «Nous vivons sans sentir sous nos pieds le pays,/ à dix pas ne sont plus audibles nos paroles,/ mais là où la parole à demi-mot suffit/ c’est lui, le montagnard du Kremlin, qu’on évoque./ Ses doigts épais sont gras comme des vers de terre,/ ses mot, infaillibles comme des poids d’un poud (1)./ Parmi ses moustaches ricanent les cafards/ et les tiges de ses bottes sont des miroirs.» D’autre part, son Ode au même, écrite en 1937 et qui ne le sauva pas : «Artiste, protège-le, garde-le combattant :/ sous l’humide attention d’une forêt de pins bleus/ et moites. Le père, ne l’afflige pas/ d’une image mauvaise ou d’un manque de pensées,/ artiste, viens en aide à lui qui pour toi/ imagine et ressent et construit.»

La deuxième toile, à l’étage, figure dans la section «Ennemis de classe et ennemis du peuple.» Elle s’intitule le Tribunal du peuple. Solomon Nikritine l’a peinte en 1934. Sur un fond brun, cinq hommes aux crânes tondus - comme Maïakovski, comme Rodtchenko - sont assis, trois derrière une grande table rouge et deux sur les côtés. Ce sont les apôtres de plomb d’une cérémonie. Le brun de la toile, le jeu avec les ombres, la chaleur froide des tons, tout installe un silence qui conduit vers la menace. Cette menace s’appuie sur une discordance, qui est une mise en scène de l’indifférence. L’homme de gauche regarde derrière lui, on ne sait vers quoi. Deux autres regardent dans la direction opposée ; ce qu’on voit, ce sont leurs oreilles, grandes, obscènes : ce sont elles qui regardent. L’homme de droite a la tête penchée vers le bas, l’air durement pensif. Seul le président regarde l’accusé, méchamment ; et cet accusé, c’est chacun de nous. Né en 1898, Nikritine a fait partie des pionniers de l’avant-garde révolutionnaire. En 1934, il entre à l’Union des artistes. Deux ans plus tard, comme Roublev, il est victime d’une violente campagne pour formalisme. L’un et l’autre ne se consacreront plus qu’à la scénographie.

Qualités morales
Les petits films, ou leurs extraits, sont un point fort de l’exposition. Ils sont répartis en trois îlots. Il y a les 34 secondes restantes de la Journaliste, un film dont Rodtchenko fit en 1924 les décors : une jeune femme seule marche, pensive, sur une passerelle entre les bureaux vides d’un journal qui a dû boucler, tandis qu’une femme de ménage balaie la paperasse. Plan magnifique. Qu’est devenu le film entier ? On en rêve, on l’imagine. Parmi les œuvres de pure propagande, aussi effroyables que plaisantes, mentionnons Un jeune homme sévère, d’Abram Room. Dans un gymnase, de beaux héros soviétiques discutent des qualités morales du jeune communiste : «Des objectifs clairs, pour commencer. Pour éviter la duplicité et le dilemme intérieur» ; «L’humanité, pour aimer mais aussi pour haïr» ; «La modestie, pour prévenir la grossièreté et la désinvolture» ; «La magnanimité, pour ne pas se réjouir des erreurs des autres» ; «La générosité, pour anéantir le sentiment de propriété» ; «La sentimentalité, dans une certaine mesure, pour apprécier les marches mais aussi les valses» ; et même, «la chasteté». Un beau gars qui se fait masser s’étonne : ce ne sont pas là des valeurs bourgeoises ? Travelling greco-romain vers une jeune fille en toge, qui répond : «Tu ne comprends donc pas ?» Et le groupe lui explique : «La bourgeoisie a corrompu ces valeurs, à cause du règne de l’argent.» Le film date de 1935. Quatre ans plus tôt, peu après le suicide de Maïakovski, le linguiste russe Roman Jakobson écrivait : «Nous nous sommes jetés vers l’avenir avec tr op de fougue et d’avidité pour pouvoir garder un passé. Le lien des temps s’est déchiré. Nous avons trop vécu par le futur, trop pensé à lui, cru en lui, nous n’avons plus la sensation d’une actualité qui se suffise à elle-même, nous avons perdu le sentiment du présent.» Son texte s’intitule : La génération qui a gaspillé ses poètes (2). On pourrait appeler l’exposition : la génération qui a gaspillé ses artistes.

(1) Mesure russe

(2) Editions Allia
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Zelda_Zbak » 26 Mai 2019, 09:01

Un slogan du peintre Vladimir Tatline résume l’impulsion initiale : «Ni vers le nouveau, ni vers l’ancien, mais vers le nécessaire.» C’est à un conflit entre ces trois directions, le nouveau, l’ancien, le nécessaire, qu’on assiste.

Je ne m'étais jamais posé la question sur l'art en général, mais il me semble que c'est une très bonne question, dont je n'ai pas les réponses.
Je me dis juste que cette oeuvre ci-dessus de Moumine en 1933 (avec le cheval) que j'affectionne tant tient plus de l'ingénierie que de l'art pur. L'abstrait de l'ingénierie rejoint l'abstrait de l'art. J'aimerais comprendre l'intégralité de ce qui y est écrit, malheureusement, c'est en ouzbéque, pas en russe. Car j'ai vraiment peur de faire un contresens. C'est en gros une phrase qui dit "Mais à présent même les aveugles devraient savoir qu’on a encore besoin d’un cheval." Mais que dit le reste du texte, bien plus long ? A qui s'adresse-t-il ? au nouveau pouvoir qui fait trop de tracteurs ? au paysan ouzbèque ? je suis perdue.
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Byrrh » 24 Juin 2019, 11:14

J'ai visité l'exposition vendredi. A côté des Rodtchenko, Tatline, Malévitch, Popova, Klucis, Lissitzky, etc., certains artistes des années 1920 m'étaient parfaitement inconnus : j'ai donc acheté le catalogue pour pouvoir m'en souvenir. A la boutique de l'expo, je conseille également l'achat de l'ouvrage Sous le signe de l'étoile rouge du graphiste anglais trotskysant (et historien du graphisme) David King, soldé (neuf) à 15 euros.

Concernant la 1ère partie, quelques regrets : les commissaires de l'exposition n'ont voulu sélectionner que des œuvres ayant un contenu très directement politique (mais ce parti-pris est annoncé dès le titre de l'exposition) ; pour illustrer l'extrême diversité de la production artistique dans les années qui ont suivi 1917, il aurait été intéressant de montrer également les réclames publicitaires et les graphismes d'emballages de produits manufacturés réalisés par Rodtchenko, ou les étonnantes affiches de cinéma des années 1920, notamment celles des frères Stenberg (lire l'excellent Film Posters of the Russian Avant-Garde de Susan Pack, aux éditions Taschen). Quelques affiches des frères Stenberg : https://art-zoo.com/affiche/les-affiche ... -stenberg/

Par ailleurs, l'expo passe trop rapidement sur les quelques réalisations de l'architecture constructiviste : on voit quelques photos de l'immeuble du Narkomfin (Moscou) de Moisei Ginzbourg, ou du Club Roussakov (Moscou) de Constantin Melnikov, ainsi qu'un modèle réduit du projet de monument à la IIIème Internationale de Tatline, mais c'est à peu près tout. J'ai trouvé en revanche remarquable la reconstitution du "Rabotchii kloub" (club ouvrier) de Rodtchenko (1925), sorte de projet d'art total qui a quelques airs de famille avec certaines réalisations du Bauhaus - cette école d'architecture et d'arts appliqués qui a existé en Allemagne entre 1919 et 1933 - ou du mouvement De Stijl aux Pays-Bas : je pense notamment à l'aménagement intérieur de l'Aubette, à Strasbourg, ancienne salle de brasserie-cinéma-dancing, que l'on doit à Theo van Doesburg. A cette époque, architectes soviétiques et architectes modernistes européens s'influençaient les uns les autres, et réfléchissaient à de nouveaux espaces adaptés à des modes de vie plus collectifs.

La seconde partie de l'exposition, à l'étage, m'a mis très mal à l'aise. Je l'ai trouvée macabre, et j'ai eu souvent l'impression d'être en présence d'art nazi : architectures néo-classiques, de type impérial, avec une profusion d'athlètes blonds qui auraient pu tout aussi bien faire le salut romain. Comme son équivalent allemand, cet art stalinien sent l'eugénisme et les charniers. Et comment ne pas penser aux exécutions de révolutionnaires (voire d'artistes) qui avaient lieu au moment où ces œuvres étaient produites ?
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Byrrh » 24 Juin 2019, 15:46

Pour rester un peu dans le thème, je recommande ce site web de jeunes designers lituaniens qui, à travers leurs créations contemporaines, rendent hommage au constructivisme et aux avant-gardes soviétiques des années 1920 : http://baklazanas.com/

Ils ont notamment été récompensés par un prix international pour la réalisation d'un plan du "Nouveau Moscou" où figurent tous les bâtiments constructivistes, dont certains sont aujourd'hui en péril : http://baklazanas.com/thenewmoscow

En 2015, ils ont créé une série d'affiches pour appeler à la sauvegarde de la "Tour Choukhov", joyau architectural moscovite ; il s'agit d'une tour métallique de radio-diffusion construite entre 1920 et 1922, baptisée du nom de l'ingénieur qui l'a dessinée : http://baklazanas.com/saveshukhovtower

Sur cette page, leur travaux inspirés des tissus soviétiques à motifs imprimés, dont certains exemples étaient visibles dans l'exposition au Grand-Palais : http://www.baklazanas.com/redtriangle

Et si vous avez des cadeaux à faire... http://baklazanas.com/en/store
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par com_71 » 27 Juin 2019, 17:12

Byrrh a écrit :A la boutique de l'expo, je conseille également l'achat de l'ouvrage Sous le signe de l'étoile rouge du graphiste anglais trotskysant (et historien du graphisme) David King, soldé (neuf) à 15 euros.


Trop tard, épuisé !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Grand Palais : Rouge - art et utopie au pays des soviets

Message par Byrrh » 27 Juin 2019, 18:23

Ce prix en baisse est une initiative de l'éditeur : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLI ... oile-rouge

On peut donc trouver l'ouvrage à ce même prix ailleurs.

EDIT : j'ai parlé trop vite, il semble désormais épuisé chez l'éditeur et les détaillants. J'ai eu du pot...
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