« Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle »
Conte sociologique écrit par Marcela Lacub
Collection Points
Editions Flammarion
158 pages
Juin 2007
5.50 €
Bousculer le nouvel ordre !
Certains et certaines, surtout, trouveront ce livre quelque peu provocateur.
Il est vrai que l’auteure n’hésite vraiment pas à bousculer le nouvel ordre établi pour traiter la question de la libération sexuelle sous un jour original.
Les avant-gardes sexuelles post soixante huitardes en prennent pour leur grade …Hier leur positionnement était discutable, elles ont fait avancer, malgré quelques dérapages la cause du féminisme.
Aujourd’hui, on dirait qu’elles s’érigent en police des mœurs, s’attaquant pelle mêle à la prostitution, à la pornographie et à la pédophilie.
On entend parfois de curieux arguments qu’on aurait pu taxer de puritain : « c’est à cause du porno qu’on perd le sens de la sexualité » . Ils en oublient d’ailleurs leur propre adolescence bercée par certaines revues lues en cachette et contribuant à leur éducation …Ne faudrait –il pas écouter et méditer la fameuse chanson de nos vingt ans : « les bourgeois c’est comme les cochons plus ça …. » !
Les militants et militantes sont parfois aux commandes, pour le meilleur et surtout le pire. C’est ainsi que l’on est passé en deux générations à peine de la liberté sexuelle à la répression.
Louise Tugères, narratrice rencontrée ou de fiction qui raconte cette histoire nous invite pour une nouvelle édition accessible à un grand public à rêver à la plus radicale des utopies féministes.
Certains propos peuvent heurter le lecteur ou la lectrice convaincu(e) ou borné(e) mais cette satire de la prétendue avant-garde sexuelle n’est pas scandaleuse bien au contraire.
Il ne s’agit pas, bien entendu de prôner ou même d’absoudre la pédophilie – qui doit être effectivement condamnée- mais de réfléchir à des excès réactionnaires de la nouvelle pénalisation.
Les mêmes qui en 1969 ont défendu Gabrielle Russier, condamnée pour détournement de mineur, ne seraient-ils pas enclins à accuser de pédophilie un adulte ayant des rapports avec un jeune mineur ?
J’exagère…à peine et d’ailleurs, n’a-t-on pas déjà entendu dans certains milieux bien pensants et non taxés de réactionnaires une réflexion de ce type rapportée dans ce livre : « Ce n’est pas la rupture, ni même l’amour qui pose problème, c’est la différence d’âge : c’est le fait qu’elle était majeure et lui mineur, et qu’on ne peut pas mélanger ainsi les générations, sans quoi, le mineur perd tous ses repères symboliques, ne peut plus se structurer, et dépérit très vite. »
Cet ouvrage est aussi et surtout un conte sociologique qui pose de véritables questions et fixe les enjeux du débat en cours tout en nous offrant une prose acide où l’humour est roi pour un plaisir qu’il ne faut pas bouder.
Jean-François CHALOT