Il ne faudrait pas que les critiques qu'on peut faire légitiment à certaines positions de Maxime Rodinson fassent oublier ses mérites. "Intellectuel-communiste", artza l'a rappelé à juste titre, c'est une catégorie des staliniens pour courtiser ce milieu et utiliser ce que la CIA (ou le KGB ?) appelait des "idiots utiles". Il y en a eu d'autres.
Mais Maxime Rodinson était néanmoins un intellectuel, un vrai, c'est-à-dire quelqu'un d'éminemment cultivé, mais aussi d'indépendant, capable de réfléchir, d'élaborer une pensée, de faire partager ses découvertes. Son Mahomet est un excellent ouvrage, extrêment érudit tout en étant accessible à des néophytes, lisible par d'autres que des chercheurs (ce n'est pas non plus le Da Vinci Code ou Harry Potter) et qui propose une interprétation matérialiste de la vie de Mahomet. Rien que pour cela, nous pouvons le saluer.
De plus, Rodinson se voulait communiste. Intellectuel et communiste. Issu de milieu très populaire, travaillant à 14 ans, il est autodidacte au départ, a été éveillé à la culture par des organisations staliniennes avant-guerre, et a fait à 20 ans des études aux Langues Orientales où le bac n'était pas exigé. Il a adhéré aux PC de la guerre, par anti-nazisme (ses parents ont été déportés par Vichy et sont morts) et s'en est détourné dans les pires années staliniennes de l'après-guerre, entre les blouses blaches et la Hongrie. Mais il n'avait pas renié totalement son passé et ses engagements pour autant. Il faut croire qu'il en a transmis un peu à ses enfants, qui militent à LO. Pour cela aussi, on peut lui en être reconnaissant !
On n'est pas forcé de partager toutes les prises de positions d'un intellectuel qui est resté volontairement en dehors des partis. Constatons que nous sommes hélas trop petits pour peser sur les choix de ces intellectuels et réjouissons-nous simplement lorsque certains arrivent à ne pas trop dériver !
la discussion dérivant ensuite vers les intellectuels et le matérialisme, le sujet a été séparé. Voir sur ce thème en sciences