Justement je crois qu'Ottokar a peut être manqué un message du téléfilm qui contredit sa critique. Catherine Jacob, la mère du héros qui a assez pleuré, n'a qu'une idée en tête : la réussite de son fils qui doit s'en sortir et surtout ne pas risquer sa vie près de la coulée. C'était et c'est toujours une attitude des familles ouvrières vis-à-vis de leurs gosses, quitte à parfois les bastonner quand ils grandissent et ramènent des notes moyennes. Alors le travail encensé, non, moi j'y vois un type qui a compris le courage de ses parents métallos et qui soumis à une crise d'identité chez l'administration servile, se cherche et prend la décision de rejoindre le rang de ses camarades. Mais ses proches ne le soutiennent pas.
C'est beau comme histoire, c'est un parcours dont la poésie dépasse largement la forme prise par le film. Et perso', ca me parle. J'y retrouve des anecdotes de ma famille en fait, avec mes deux grand-pères, métallos polak et rital dans la sidérurgie Lorraine. Les mêmes origines que les protagonistes du film, qui montre notamment les communautés formées ainsi. Donc forcément vous allez dire que j'ai un oeil bienveillant...
Mais on y voit quand même un paquet de choses, je suis même pas sûr de tout pouvoir lister... On voit l'inquiétude des familles quand le gueulard sonne (la sirène), on voit comment la classe ouvrière peut faire preuve de talent (notamment dans la musique), on voit ce que signifie la camaraderie (qu'elle est belle la scène de l'enterrement avec le bouquet de fleurs "à notre camarade"), on voit l'arrogance des chefs, on voit le ridicule et la prétention dans le chateau du patron...
Tout ça c'est pas des conneries, de par chez moi, la vie tournait autour du chateau des De Wendel, ainsi que de leur chapelle. Une bourgeoisie qui se croit noble, jusqu'à s'acheter la particule dans le nom, après avoir fait fortune en possédant les forges depuis le XVIIIè...
Alors c'est peut-être culcul par certains aspects et la chanson de l'Internationale est un peu rendue fétiche dans la façon dont ils manifestent dans leur petit patelin. Le cinéaste n'a sans doute pas bien compris toutes les subtilités politiques. Par contre ce qu'il a compris, et ça il l'a piqué des nombreuses discussions qu'il a mené avec des anciens de l'acier, c'est une bonne partie des intéractions humaines dans le cadre du travail comme dans celui de la ville. C'est plein d'humanité cette histoire. J'y retrouve des choses que ma famille m'a expliqué. Et bien rien que pour ça, même sous une forme simple, c'est déjà une grande qualité...