La journée de la jupe

Message par sylvestre » 26 Mai 2009, 08:45

pelon :
a écrit :En tout cas, les féministes, y compris bourgeoises, ont permis de faire avancer la cause des femmes. Elles furent décisives dans le combat qui permit de légaliser l'avortement, n'en déplaise à Vérié.


A débattre non ? J'avais retenu que ce qui avait été décisif c'est plutôt le mouvement de masse organisé notamment par le MLAC, qui était plutôt impulsé par la gauche et l'extrême-gauche. Il s'agirait pas de croire que c'est juste Simone de Beauvoir qui s'est mis d'accord avec Simone Veil, ça serait pas sympa pour tous-tes les militant-es de l'époque....

http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article75
a écrit :Le MLAC et la lutte pour le droit à l’avortement
par Maud Gelly, médecin hospitalier.
(...)
Inauguré par le manifeste des 343 femmes, puis prolongé par celui des 331 médecins, ce mouvement de désobéissance civile a véritablement changé d’échelle avec la création du MLAC en avril 1973. Il rassemble entre autres des féministes, le GIS, le Mouvement Français pour le Planning Familial, l’Alliance Marxiste Révolutionnaire, la Ligue Communiste (qui ne s’appelait pas encore Ligue Communiste Révolutionnaire), Révolution, Lutte Ouvrière, le Parti Socialiste Unifié, la CFDT, mais aussi des individu-e-s « non organisé-e-s ». L’originalité de ce qui n’allait pas tarder à devenir un véritable mouvement de masse tient dans cette diversité, dans sa mixité et surtout dans sa pratique revendiquée de deux types d’actes illégaux : des avortements sur place par la méthode Karman et des départs collectifs pour avorter à l’étranger. Ces voyages sont considérés comme des actes militants et publics. Ce lien permanent entre pratique concrète subversive et pratique politique fait du MLAC un mouvement assez inédit.

Lors de l’été 1974, le Tour de France du MLAC illustre bien l’insertion du MLAC dans les luttes sociales : la caravane fait halte à Romans pour soutenir une grève de femmes dans une usine de chaussures, puis à Besançon en soutien aux salarié-e-s de Lip, et termine son tour sur le plateau du Larzac un an après la campagne anti-militariste qui s’y est déroulée. De par ses 300 à 400 comités, ses 15 000 adhérentes recensées et de par sa composition alliant féministes, syndicalistes et militant-e-s politiques, le MLAC a pu lier sa lutte pour le droit à l’avortement à d’autres luttes.

Les groupes militants du MLAC sont organisés en réseaux locaux, relativement autonomes dans leurs pratiques à condition qu’ils respectent la Charte du MLAC. Par exemple, les groupes de Rouen, Bagneux et Gennevilliers revendiquent la pratique d’avortements sans intervention médicale. L’implantation des comités MLAC est assez irrégulière. C’est dans les grandes villes et les villes moyennes qu’ils sont les plus nombreux. Certaines régions de forte tradition catholique comptent moins de comités. Certains comités sont fondés dans des hôpitaux parisiens par des professionnels (médicaux et infirmiers) qui pratiquent ouvertement des avortements, comme à Broussais ou Saint-Louis. D’autres comités, dans les entreprises, sont issus de sections syndicales, souvent très féminisées, comme aux chèques postaux ou dans les banques. Des comités sont créés dans des universités et même des lycées.

Les comités tiennent des permanences pour organiser les avortements sur place ou les départs à l’étranger. A Paris, chaque samedi après-midi, le MLAC donne rendez-vous à des dizaines de femmes sur les marches du Muséum d’histoire naturelle. Chaque semaine, 200 femmes partent de Paris pour avorter en Hollande ou en Angleterre. La loi est donc ouvertement bafouée. Après les manifestations qui ont suivi l’inculpation d’Annie Ferrey-Martin, médecin à Grenoble, pour avoir pratiqué un avortement, le Planning familial grenoblois ouvre publiquement en avril 1974 un centre où il pratiquera des avortements. Le film de Marielle Issartel et Charles Belmont, Histoire d’A, qui filme un avortement et des débats du MLAC, est interdit en novembre 1973 au motif de troubles à l’ordre public. Mais les réseaux militants vont permettre sa large diffusion. Pendant un an, le film est projeté illégalement dans les locaux du MLAC ou de syndicats, et dans des usines en grève.

Cet illégalisme de masse pratiqué au grand jour par une association légalement déclarée n’est pas sans poser question aux militant-e-s. En novembre 1973, lors des Assises du MLAC à Grenoble, les militant-e-s débattent de l’objectif prioritaire du mouvement, partagé entre aide sociale et lutte politique, de la place des non-médecins dans la pratique des avortements et s’interrogent sur la nécessité d’une loi. Alors que l’association Choisir présidée par Gisèle Halimi revendique une loi légalisant l’avortement, le MLAC redoute en effet l’encadrement par les pouvoirs publics qu’impliquera effectivement la loi.

Quoi qu’il en soit, le pouvoir ne tolère plus ces transgressions ouvertes et répétées de la loi, et Valéry Giscard d’Estaing, lorsqu’il est élu président en 1974, confie le dossier de l’avortement à Simone Veil, ministre de la Santé, dans l’objectif premier de rétablir l’ordre. La suite est plus connue : Simone Veil a défendu son projet de loi devant une Assemblée Nationale déchaînée, essuyant même des propos antisémites, et la loi promulguée en 1975 légalise l’avortement sans le reconnaître comme un droit, loin de là. Elle ne prévoit pas de remboursement de l’avortement par la Sécurité Sociale, remboursement auquel Simone Veil a fermement affirmé son opposition. La loi impose un entretien social avant un avortement et limite le recours à l’avortement à dix semaines de grossesse, et conditionne l’avortement à une autorisation parentale pour les mineures et à des critères de séjour pour les étrangères. La loi est votée pour une durée limitée, comme s’il fallait que les femmes apportent la preuve qu’elles ne feraient pas n’importe quoi, et il faudra attendre 1979 pour que cette loi soit rendue définitive, après une manifestation non-mixte qui a réuni 30 000 femmes le 6 octobre 1979 et une manifestation de 50 000 personnes le 24 novembre 1979 à l’appel des partis politiques et des syndicats.
sylvestre
 
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Message par Wapi » 26 Mai 2009, 08:47

Vérié,

C'est quand même un peu lassant ces sous-entendus selon lesquels LO, ou des militants, ou des sympathisants, sur ces questions, e feraient avoir par la droite et par la réaction à l'insu de son plein grès.

Soit tu nous prend pour des cons, soit pour des salauds.

En tous cas, ça en dit long sur ton hostilité à notre égard.
Wapi
 
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Message par Vérié » 26 Mai 2009, 09:11

Eh bien, moi, Wapi, j'éprouve au contraire l'impression qu'un certain nombre d'amis de LO font preuve d'une hostilité assez surprenante à mon égard, sur des sujets divers, qui n'engagent même pas bien souvent les points fondamentaux de la politique de LO.

Une fois de plus, toute critique est ressentie par certains comme une agression. Ne peut-on pas avoir des désaccords sur l'attitude de LO vis à vis de Fadela Amara, ou sur l'opportunité d'inviter le réalisateur de La journée de la jupe à la fête sans être soupçonné des plus noires intentions à l'égard de LO ? :prosterne:

On peut avoir des désaccord avec des camarades sans les prendre ni pour des cons ni pour des salauds. Ce genre de réaction est véritablement pathétique.

Pour en revenir au fond de la discussion. Il n'y a pas de "sous entendu", mais une critique claire et nette : LO s'est trompée sur Fadela Amara et NPNS. LO n'a pas su voir les liens entre l'idéologie nationale-républicaine laîque de Fadela Amara et son passage au service de Sarkozy, qui ne relève pas que du carriérisme mais s'inscrit dans une certaine continuité idéologique.

Pas de sous-entendu non plus à propos des critiques sur l'attitude de LO à propos des questions sécuritaires. (Je ne développe pas, le lecteur peut se rapporter à certains articles de Covergences/ex Fraction). Dernier exemple de ces "glissements" de LO : l'article sur le mouvement des gardiens de prison (voir le fil concerné).

Je crains qu'il n'y ait un lien entre ces glissements. L'attitude de certains amis de LO du forum sur ces questions n'est simplement que la caricature des positions de LO, qui sont souvent un peu plus nuancées et parfois contradictoires. La discussion sur La journée de la jupe est aussi un révélateur de la parano sécuritaire et de la complaisance par rapport au discours sécuritaire de certains.

Ca ne fait pas des militants de LO qui se laissent influencer par le discours ambiant, ni des cons ni des salauds, simplement des militants qui subissent comme tout un chacun la pression ambiante, l'air du temps. LO a beaucoup critiqué d'autres organisations, leur reprochant de céder à des pressions diverses, mais LO n'est pas davantage à l'abri de ces pressions, auxquelles aucun groupe social n'échappe complètement.

Et j'apprécierais que ceux qui ne sont pas d'accord avec mes propos ne me prennent de leur côté ni pour un con ni pour un salaud. Merci d'avance.
Vérié
 
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Message par quijote » 26 Mai 2009, 11:14

(Vérié @ mardi 26 mai 2009 à 09:11 a écrit : Eh bien, moi, Wapi, j'éprouve au contraire l'impression qu'un certain nombre d'amis de LO font preuve d'une hostilité assez surprenante à mon égard, sur des sujets divers, qui n'engagent même pas bien souvent les points fondamentaux de la politique de LO.

Une fois de plus, toute critique est ressentie par certains comme une agression. Ne peut-on pas avoir des désaccords sur l'attitude de LO vis à vis de Fadela Amara, ou sur l'opportunité d'inviter le réalisateur de La journée de la jupe à la fête sans être soupçonné des plus noires intentions à l'égard de LO ? :prosterne:

On peut avoir des désaccord avec des camarades sans les prendre ni pour des cons ni pour des salauds. Ce genre de réaction est véritablement pathétique.

Pour en revenir au fond de la discussion. Il n'y a pas de "sous entendu", mais une critique claire et nette : LO s'est trompée sur Fadela Amara et NPNS. LO n'a pas su voir les liens entre l'idéologie nationale-républicaine laîque de Fadela Amara et son passage au service de Sarkozy, qui ne relève pas que du carriérisme mais s'inscrit dans une certaine continuité idéologique.

Pas de sous-entendu non plus à propos des critiques sur l'attitude de LO à propos des questions sécuritaires. (Je ne développe pas, le lecteur peut se rapporter à certains articles de Covergences/ex Fraction). Dernier exemple de ces "glissements" de LO : l'article sur le mouvement des gardiens de prison (voir le fil concerné).

Je crains qu'il n'y ait un lien entre ces glissements. L'attitude de certains amis de LO du forum sur ces questions n'est simplement que la caricature des positions de LO, qui sont souvent un peu plus nuancées et parfois contradictoires. La discussion sur La journée de la jupe est aussi un révélateur de la parano sécuritaire et de la complaisance par rapport au discours sécuritaire de certains.

Ca ne fait pas des militants de LO qui se laissent influencer par le discours ambiant, ni des cons ni des salauds, simplement des militants qui subissent comme tout un chacun la pression ambiante, l'air du temps. LO a beaucoup critiqué d'autres organisations, leur reprochant de céder à des pressions diverses, mais LO n'est pas davantage à l'abri de ces pressions, auxquelles aucun groupe social n'échappe complètement.

Et j'apprécierais que ceux qui ne sont pas d'accord avec mes propos ne me prennent de leur côté ni pour un con ni pour un salaud. Merci d'avance.

Voilà qui est énorme . Comment à propos d' un film on ressort par la bande tout ce qui a fait l 'objet de nombreux débats : Fadela Amara , NPNS , les gardiens de prisons : pour Fadela nous nous sommes fait des" illusions" et notre grand voyant Vérié avait prévu qu 'elle irait s 'acoquiner avec Sarko et puis d 'après lui , nous étions tellement cons qu 'on n 'avait pas perçu les limites du discours de Fadela et notre grand prophète Vérié aurait voulu quoi : qu 'on agonise d 'injures Fadela Amara dans ce combat qui nous semblait juste de soutenir les filles qui se révoltent contre le voile , contre l 'oppression des machos de banlieue , sous prétexte qu'elle n 'était pas trotskyste ?
Quant à l ' histoire des gardiens de prison vis -à-vis desquells je n 'ai personnellement aucune sympathie , je remarque tout de même qu 'ils servent de tampon et qu 'ils prennent EUX AUSSI tous les coups dans cette infamie que sont les prisons : souvent ils disent " nous on est aussi en prison" alors dans le CADRE de cette situation ai -je le droit de ne pas protester avec eux sans pour autant reprendre à mon compte leur corporatisme borné?
Vérié ne perd pas une occasion de nous faire des procès d 'intention : nous serions des naïfs opportunistes incapables de résister à l 'idéologie " sécuritaire" ou autre ..

Et tout ça à partir d' un film ..
quijote
 
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Message par Vérié » 26 Mai 2009, 12:22

a écrit : Quijote
Et tout ça à partir d' un film ..


Non, c'est ridicule. D'autant que l'invitation de Littenfield et la projection de son film (fort regrettables) ne constituent pas une prise de position de LO.

La discussion s'étant un peu élargie et un intervenant - Wapi - m'accusant de "sous entendus", j'ai répondu clairement.

Ce qu'on peut constater, c'est qu'il existe une certaine sensibilité sécuritaire dans les rangs de LO, qui s'exprime à nouveau à propos de ce film. J'ai donc rappelé quelques unes des autres manifestations de cette sensibilité.
__
Sur les gardiens de prison, je ne sais pas si tu as lu l'article de LO et mon commentaire dans le fil concerné ? Pour ne pas partir dans tous les sens, je te propose de répondre sur ce fil.
Vérié
 
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Message par artza » 26 Mai 2009, 12:25

(sylvestre @ mardi 26 mai 2009 à 08:45 a écrit :

A débattre non ? J'avais retenu que ce qui avait été décisif c'est plutôt le mouvement de masse organisé notamment par le MLAC, qui était plutôt impulsé par la gauche et l'extrême-gauche. Il s'agirait pas de croire que c'est juste Simone de Beauvoir qui s'est mis d'accord avec Simone Veil, ça serait pas sympa pour tous-tes les militant-es de l'époque....

(...)
Inauguré par le manifeste des 343 femmes, puis prolongé par celui des 331 médecins,

Le combat féministe mené parfois par des "bourgeoises" et souvent des "petites-bourgeoises" et bien plus ancien que le MLAC.

MLAC dont je pense le plus grand bien, dont LO et Arlette furent largement partie prenante. Le MLAC au Crédit Lyonnais c'était pas rien!

Dire que le MLAC était un mouvement prolétarien n'a aucun sens et personne ne l'a prétendu à l'époque.

Oui, des femmes bourgeoise et petites-bourgeoises furent essentielles là dedans.
Et sans elles ça n'aurait sans doute pas existé.

Animé pas la gauche et l'extrême-gauche, ça veut dire quoi?

C'est qui la gauche, le PS qui n'était pas plus à gauche à l'époque qu'aujourd'hui?
Gisèle Halimi, Yvette Roudy, Beauvoir, les fréquenter deux secondes et j'ai vite compris que ce n'étaient ni ma mère, ni ma tante.

Accroché son wagonnet à un train ce n'est pas joué un rôle dirigeant ni même "impulsant".

Encore une fois Arlette et quelques unes de LO furent largement dans ce coup et dans leur entreprise, jamais elles ne pensèrent être la tête ou le moteur de la chose d'une part et d'autre part ne lui prêtèrent pas une couleur sociale qu'elle n'avait pas.

Encore une fois, le MLAC fut un mouvement de masse, oui.

Ouvrier, prolétarien, absolument pas.

Ceci dit en passant, la "direction" affichée de NPNS était bien plus d'origine ouvrière que celle du MLAC ;)

Mais comme chacun sait "l'origine" n'est pas tout.
artza
 
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Message par Vérié » 26 Mai 2009, 13:09

a écrit :
Ceci dit en passant, la "direction" affichée de NPNS était bien plus d'origine ouvrière que celle du MLAC

Mais comme chacun sait "l'origine" n'est pas tout.


D'origine plus "modeste" peut-être, mais d'origine "ouvrière" ? :33:

Rachida Dati est par exemple d'origine modeste, mais elle n'est pas d'origine "ouvrière", à moins de considérer que la qualité d'"ouvrier" se transmette de père en fille. Son père est un ancien maçon, mais elle a tout de même fréquenté un lycée privé, passé un MBA financé par Lagardère...)


Quant à Fadela Amara, elle aussi fille de maçon, elle a passé un CAP de compta, mais a-t-elle jamais travaillé ? Elle a pratiquement été immédiatement permanente de SOS vers 22 ans... En tout cas, aucune de ses très nombreuses bio ne mentionne un emploi quelconque.

Mais, comme tu dis, l'origine...
Vérié
 
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Message par quijote » 26 Mai 2009, 17:14

La discussion est d 'un niveau ...
quijote
 
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Message par Vérié » 26 Mai 2009, 17:16

(quijote @ mardi 26 mai 2009 à 17:14 a écrit : La discussion est d 'un niveau ...
On compte sur toi pour relever le niveau ! ;)
Vérié
 
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Message par quijote » 26 Mai 2009, 17:19

(Vérié @ mardi 26 mai 2009 à 17:16 a écrit :
(quijote @ mardi 26 mai 2009 à 17:14 a écrit : La discussion est d 'un niveau ...

On compte sur toi pour relever le niveau ! ;)
Pas la peine . J ' y renonce .
quijote
 
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