a écrit :en, si le cadre théorique est en gros ce que tu décris, tu sais que 99,99% des historiens vont être d'accord avec Engels et toi pour dire que quand des trucs changent dans la société, hé ben après il y en a d'autres qui changent aussi ? On peut voir comment la télé a changé le mode de vie des familles sans être marxiste pour autant.
- Beaucoup d'historiens sont marxistes, ou simplement sérieux, ce qui revient au même.
- Ce n'est pas la même chose de dire que "quand quelque chose change dans la société, d'autres choses changent" sans voir de hiérarchie entre différents facteurs s'influençant les uns les autres, et de dire que ce qui est déterminant en dernière instance dans cette interaction c'est la production. (ce qui est caractéristique du marxisme)
- une caractéristique de la pensée dominante c'est qu'elle n'est pas conséquente : après avoir admis que la forme de la famille dépend de circonstances générales de la production, les mêmes individus vont développer la théorie suivant laquelle il y a des invariants féminins et masculins, ou que tout dépend de "l'évolution des mentalités", etc.
a écrit :Tu peux développer et donner des exemples ? Expliquer en quoi par exemple le passage de la famille polynucléaire dominante (je crois) à l'époque moderne, à la famille mononucléaire (= un couple avec ses enfants sous le toit, pas d'autres membres de la famille) aujourd'hui est lié aux besoins de la classe dominante ? Pëut être qu'Engels disait des trucs là dessus, j'ai lu ça il y a très longtemps.
Le grand changement qui domine dans cette affaire c'est le passage de la famille paysanne, qui est une unité de production en même temps qu'une unité de reproduction, à la famille prolétarienne.
Dans une famille paysanne d'ancien régime, le lieu d'habitation est inséré dans le lieu de production, une grande partie de la production se fait directement pour l'usage de la famille (artisanat, couture, production agricole). La cohabitation d'un nombre assez élevé de personnes était une assurance pour chacune en cas de maladie, retraite, vieillesse, etc. Tout cela était ok pour la classe dominante d'ancien régime qui n'avait pas besoin que les paysans soient mobiles du moment qu'il pouvait leur sucer le sang, toute l'économie étant plutôt stagnante.
Avec le régime capitaliste, chaque prolétaire doit se vendre au gré du marché, lequel est en perpétuelle révolution. Ce qui a dominé au début, et qui avait frappé Marx et Engels c'est avant tout la destruction de la famille dans la classe prolétaire : hommes, femmes, enfants au travail douze heures par jour, ivrognerie, etc. (voir Situation des classes laborieuses en Angleterre d'Engels).
Au cours du 19ème siècle que la bourgeoisie se rend compte des problèmes que cela pose : maladies, désordre, difficulté à reproduire la classe ouvrière, d'où l'institution du salaire familial, d'institutions scolaires, etc. qui permette de reposer les bases d'une vie familiale ouvrière. (voir
Cliff là-dessus)
a écrit :
Par ailleurs, je suis sceptique sur tes conclusions politiques et sur le lien intime entre révolution socialiste et libération des femmes. (...) hommes bénéficient en partie de l'oppession des femmes (...) J'ai plutôt tendance à voir une évolution globale des mentalités
Tu confirmes en tout cas le lien que je faisais ci-dessus entre scepticisme envers l'analyse marxiste de la famille et perméabilité à d'autres théories....