Mais le fond du problème ne tient pas à la formule "simplifiée" d'intellectuels de gauche.
Il s'agit de l'assimilation de la crise de la direction révolutionnaire du prolétariat à la faillite de l'intelligentsia.
a écrit : C'est essentiellement l'intelligentsia qui n'a pas joué, durant les décennies précédentes, le rôle qui devait être le sien.
Ce que je demande c'est quel est ce rôle de l'intelligentsia.
Il n'y a dans l'histoire du mouvement ouvrier jamais eu qu'une infime minorité d'individus issus de l'intelligentsia qui son devenus des militants de la classe ouvrière. On peut difficilement dire que le rôle de l'intelligentsia est de fournir cette infime minorité. Sinon, vu que même la grande bourgeoisie a dans l'histoire fourni une (encore plus) infime minorité de révolutionnaires, on pourrait dire que le rôle de la bourgeoisie est de fournir (au compte goutte) des militants révolutionnaires!
Plus sérieusement qu'est ce qui a manquer pendant ces 54 ans dont parle le texte (et qui font aujourd'hui 63) au mouvement révolutionnaire? Est-ce que ce sont essentiellement des militants issus de l'intelligentsia?
Il me semble quand même plutôt que le problème a été pour les organisations révolutionnaires de se lier aux masses ouvrières, bien plus que de capter des intellos. Et cela est dû au poids du stalinisme dans le mouvement ouvrier, et (c'est ce que souligne le texte de 67) au manque de volonté politique des organisations trotskyste ,largement composées d'intellectuels, de tenter d'intervenir dans les luttes quotidiennes de la CO, seul moyen d'espérer faire des démonstrations politiques au prolétariat.
Alors si la faillite des intellectuels de gauche, c'est la faillite des intellectuels militants trotskystes qui n'ont pas su gagner du crédit dans la classe ouvrière, je suis d'accord, mais il ne s'agit pas alors d'une faillite de l'intelligentsia, mais des erreurs politiques du mouvement révolutionnaire.
a écrit : nous avons la conviction qu'un jour ou l'autre, une génération d'intellectuels révolutionnaires rejoindra le prolétariat qui a, réellement, la capacité de changer le monde.
Pas plus les intellectuels que les autres ne viennent largement au trotskysme sur la seule foi de "bonnes idées". Certainement, si émergeait, à travers les luttes de la classe ouvrière un parti communiste révolutionnaire, celui-ci attirerait assez largement des intellectuels. Mais est-ce cela le facteur déterminant dans l'émergence du parti? Y aura-t-il (un jour ou l'autre) un afflux de militant d'origine intellectuel vers le trotskysme indépendamment de la capacité de celui ci d'apparaître clairement comme une perspective pour l'humanité? Et cette capacité est elle dissociable de celle des organisations trotskystes à gagner un réel crédit politique dans la classe ouvrière à travers ses interventions dans les luttes?