Caroline Fourest sur France Inter

Message par Koceila » 29 Oct 2004, 00:34

J'ai écouté l'émission que j'ai trouvé excellente; Et C. Fourest a justement expliqué que certains hommes politiques Français soutiennent le fascisme vert pour préparer l'avénement de l'Europe chrétienne.

Mais peut-on comprendre, justement, l'attitude de certains militants de la JCR, les interventions de certains d'entre eux face à F.Amara ont été lamentables; j'espère qu'ils se ressaisiront!
Koceila
 
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Message par Valiere » 29 Oct 2004, 09:23

a écrit :Mais peut-on comprendre, justement, l'attitude de certains militants de la JCR, les interventions de certains d'entre eux face à F.Amara ont été lamentables; j'espère qu'ils se ressaisiront!


Oui et une telle politique a deux conséquences : casser les frontières de classes avec la constitution d'alliances douteuses et envoyer les militantes et militants de NPNS dans les bras de la social-démocratie.
Valiere
 
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Message par Valiere » 30 Oct 2004, 15:31

voici quelques documents et extraits du livre en question que m'a envoyé Caroline Fourest

a écrit :«Ramadan est un chef de guerre»

propos recueillis par Claire Chartier

Caroline Fourest, auteur de Frère Tariq (Grasset), décrypte la stratégie politique du prédicateur

Vous avez disséqué les discours, fouillé la pensée de Tariq Ramadan. Représente-t-il une réelle menace pour la démocratie?

Tariq Ramadan est non pas un poseur de bombes, mais un poseur d'idées particulièrement nocives pour les libertés publiques. Sa plus grande force est de ne pas être un intégriste caricatural, immédiatement repérable. On ressent une sorte de malaise en lisant ses livres, mais on en a le c¦ur net après avoir écouté ses cassettes, dans lesquelles Tariq Ramadan s'adresse à son public - souvent de jeunes diplômés sensibles aux thèses islamistes. On y découvre le Ramadan chef de guerre, qui donne ses consignes et livre ses objectifs politiques: modifier la laïcité et faire évoluer les choses vers «plus d'islam». Malheureusement, il s'agit de diffuser non pas un islam éclairé et moderne, mais, tout au contraire, un islam fondamentaliste et réactionnaire, intégriste, que Tariq Ramadan souhaite voir grandir au détriment de l'islam libéral grâce à la dawa (le prosélytisme). Il faut reconnaître qu'il sait mieux que quiconque inciter les jeunes musulmans à agir et à en finir avec leur posture de victimes. Malheureusement, c'est pour mieux les transformer en petits soldats de l'intégrisme.

«Il affaiblit la résistance laïque face à l'intégrisme en tissant des alliances avec des associations laïques et antiracistes»

Ramadan veut «plus d'islam», dites-vous. Mais cela ne signifie pas qu'il veuille islamiser la société tout entière, non-musulmans compris.

Je ne vois personne d'aussi efficace que Tariq Ramadan, aujourd'hui, pour faire avancer l'intégrisme en France. Il radicalise les musulmans sous son influence en les initiant à la pensée de Hassan al-Banna (c'est l'introduction de ses séminaires enregistrés sur cassette), puis il les met en contact avec les idéologues actuels des Frères musulmans: Youssef al-Qaradhawi, l'un des rares théologiens musulmans à approuver ouvertement les attentats des kamikazes, ou Fayçal Mawlawi, qui est non seulement un Frère musulman, mais aussi le principal chef d'une organisation terroriste libanaise. Et ce n'est pas tout. Il affaiblit la résistance laïque face à l'intégrisme en tissant des alliances avec des associations laïques et antiracistes. Il a réussi un tour de force: rendre l'islamisme séduisant aux yeux de certains militants de la gauche alter-mondialiste! Sa tactique est simple: envoyer des jeunes acquis à sa cause s'inscrire dans des associations antiracistes et dans des partis de gauche. Ils proposent des tables rondes, comme au Forum social européen de Saint-Denis, en novembre 2003, et il vient faire son numéro.

Comment a-t-il pu pénétrer la gauche laïque?
En 1995, Tariq Ramadan est apparu comme un martyr lorsque Jean-Louis Debré [alors ministre de l'Intérieur] l'a interdit de séjour pour «menace à l'ordre public» à cause de ses discours et de ses fréquentations. En l'occurrence, on le soupçonnait de fréquenter des anciens du Fida, le groupe du GIA chargé du meurtre des intellectuels en Algérie, à une époque où la France était visée par le GIA... Honnêtement, il y avait de quoi être inquiet en voyant un prédicateur aussi sulfureux gagner du terrain en France. Mais la droite pouvait légitimement être soupçonnée de faire du «délit de faciès». Sitôt réautorisé à entrer en France, il a été sollicité par la Ligue de l'enseignement pour figurer, en vedette, dans la commission Islam et laïcité, dont la Ligue des droits de l'homme a ensuite repris le flambeau. Les musulmans libéraux membres de cette commission ont eu beau claquer la porte face aux prises de position de Ramadan, certains intellectuels laïques, tel Michel Tubiana, président de la Ligue des droits de l'homme, ont pris fait et cause pour Ramadan, persuadés qu'ils avaient affaire à un vrai réformateur.


Comment expliquer un tel aveuglement?

L'un des boucliers qui protègent le plus Tariq Ramadan de la critique lucide, c'est le différentialisme culturel. Par souci de tolérance, et surtout par peur d'être accusés de racisme antimusulman, voire d' «islamophobie» - terme chéri des islamistes - ses interlocuteurs lui pardonnent des propos qu'ils ne pardonneraient pas une seconde à un intégriste chrétien. Si un prédicateur chrétien venait vous dire: «Je pense que l'homosexualité, l'adultère et la sexualité hors mariage sont des crimes devant Dieu», ou: «Je suis pour que les femmes se voilent, en signe de sujétion, comme saint Paul le demandait», personne ne croirait une seconde qu'il s'agit d'un chrétien libéral! Pourquoi s'obstine-t-on à présenter Ramadan comme un musulman libéral alors qu'il tient des propos similaires? Nous sommes tellement habitués à l'idée que l'islam est une religion archaïque que, lorsqu'un représentant musulman parle gentiment ou propose un moratoire sur la lapidation, nous percevons cela comme une formidable avancée! L'islam, qui est une religion beaucoup moins rigide qu'on ne le croit, laisse tout à fait la place à l'ijtihad (l'interprétation) et à la choura (la délibération), donc à l'esprit critique. Pourquoi n'entend-on pas les vrais musulmans libéraux, qui souhaitent réellement moderniser l'islam? Parce que Tariq Ramadan parle à leur place sur les plateaux de télévision.

Que reproche-t-il aux musulmans laïques?
Aux yeux de Ramadan, les musulmans qui s'avisent de vouloir réformer leur religion dans le sens du progrès et de la modernité, ou qui souhaitent tout simplement évoluer vers une foi individuelle, plus culturelle que politique, sont de faux musulmans, accusés d'avoir vendu leur âme à l'Occident. Il les méprise et les combat à partir du camp adverse: celui des fondamentalistes, plus exactement des salafistes réformistes. Il ne faut pas se méprendre sur l'adjectif. Contrairement aux salafistes littéralistes, les salafistes réformistes disent vouloir replacer les enseignements du Prophète dans leur contexte. Mais, même chez eux, «contextualiser» ne veut jamais dire «actualiser». Pour Ramadan, réexaminer un principe du Coran au nom des droits de l'homme, par exemple abandonner le port du voile, revient à trahir l'islam. Ramadan a joué un rôle majeur dans l'éclosion des voiles dans les banlieues. Il veut bien que les filles prennent leur temps pour se faire à l'idée de porter le foulard - c'est ce qu'il appelle le temps du «cheminement». Mais son but est de leur faire comprendre qu'une bonne musulmane est une musulmane pudique et discrète, donc voilée.

Tariq Ramadan est le petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hassan al-Banna, ce dont on peut difficilement le tenir pour responsable. En revanche, vous affirmez qu'il est bien l'héritier politique de son grand-père. Pourquoi en êtes-vous si sûre?
Pour avoir étudié ses propos et ses écrits, j'ai été frappée de constater à quel point le discours de Tariq Ramadan n'est souvent qu'une répétition de celui que tenait Banna au début du XXe siècle en Egypte. Il ne critique jamais son grand-père. Au contraire, il le présente comme le modèle à suivre, un homme irréprochable, non violent et injustement critiqué à cause du «lobby sioniste»! Ce qui fait froid dans le dos quand on sait à quel point Banna était fanatique, qu'il a accouché d'un mouvement dont sont issus les pires jihadistes (comme Ayman al-Zawahiri, n° 2 d'Al-Qaeda) et qu'il voulait établir une théocratie dans chaque pays comptant un musulman!


Tariq Ramadan soutient qu'il n'est pas un Frère musulman. Comme tous les Frères musulmans... puisqu'il s'agit d'une confrérie aux trois quarts secrète, où il est permis de nier tout lien organique pour éviter d'être repéré. Un Frère musulman est avant tout quelqu'un qui adopte la méthode et la pensée de Banna. Or Ramadan est l'homme qui a le plus fait pour diffuser cette pensée et cette méthode. Qui plus est, il ment lorsqu'il nie tout lien organique avec la confrérie: il occupe le poste d'administrateur au QG de sa branche européenne, le Centre islamique de Genève!


Quel enseignement tirer de l'ascension d'un personnage comme Tariq Ramadan?

Il va bien falloir que l'on fasse le bilan de la complicité de tous ceux - intellectuels et politiques - qui ont facilité l'emprise de prédicateurs tels que lui. Depuis dix ans, les pouvoirs publics ont abandonné les quartiers populaires à des prêcheurs censés ramener les jeunes dans le droit chemin grâce à la religion. Tariq Ramadan est le produit de cette démission.

********************
L'Express du 18/10/2004
Frère Tariq

Extraits exclusifs

Un livre de Caroline Fourest
Respecter la Constitution... sauf si elle s'oppose à l'islam!

En théorie, même dans ses cassettes, Ramadan ne voit aucune contradiction entre le fait d'être musulman et français, ou musulman et suisse, etc. (...) «Comme résident de ce pays ou comme citoyen, je respecte la Constitution. C'est un principe islamique (1)» [dit-il]. Mais une précision de taille vient donner un tout autre sens à cette déclaration d'intention. Il précise en effet qu'il faut respecter la Constitution et la loi à partir du moment où «tout ce qui dans ce pays, d'un point de vue social, culturel, économique et légal, ne s'oppose pas à un principe islamique (...) devient islamique (2)». Ce complément d'information est évidemment décisif. Jusqu'ici, on pouvait comprendre que l'appartenance citoyenne et l'appartenance religieuse n'étaient pas incompatibles, mais l'on se demandait encore qui devait l'emporter en cas de conflit. La réponse de Tariq Ramadan est claire: un musulman respecte les lois d'un pays tant que ce cadre ne s'oppose pas à un principe islamique! Toujours dans cette cassette, il insiste: «Tout ce qui dans la culture dans laquelle nous vivons ne s'oppose pas à l'islam, on peut le prendre.» Ce qui exclut le reste. (...)

Dans une conférence sur «Notre identité face au contexte: assimilation, intégration ou contribution?», il fait cette proposition à ses coreligionnaires: «Nous sommes d'accord pour l'intégration, mais c'est nous qui allons mettre le contenu.» Or, quel est ce contenu? «J'accepte ces lois tant que ces lois ne m'obligent pas à faire quelque chose contre ma religion (3).»

(1) et (2) Cassette de Tariq Ramadan, Vivre en Occident: les cinq fondements de notre présence, partie II, QA 40, Tawhid.
(3) Cassette de Tariq Ramadan, Notre identité face au contexte: assimilation, intégration ou contribution, QA 44, Tawhid.

Prêt à combattre pour défendre l'identité musulmane

Apparemment insatisfait par les cinq piliers de l'islam concernant le culte, Tariq Ramadan y ajoute quatre autres piliers (tous politiques), censés former l'identité musulmane de façon non négociable. La foi: «Pouvoir vivre notre spiritualité et notre pratique complètement.» La compréhension: «Apprendre notre religion.» L'éducation: «Pouvoir transmettre et éduquer nos enfants dans le message.» L'action: «Pouvoir agir au nom de notre foi.» En apparence, cette proposition paraît anodine. Elle n'a choqué aucun de ses lecteurs voyant en lui un musulman moderne et laïque. Sans doute se montreraient-ils plus curieux s'ils avaient entendu également la version cassette de cette présentation de l'identité musulmane, où Tariq Ramadan précise: «S'il y a une société qui m'enlève un de ces quatre points-là, cette société, je lui résisterai, je la combattrai (1).» (...)

(1) Cassette de Tariq Ramadan, L'Identité musulmane: construire notre discours, QA 28, Tawhid.

La laïcité à la mode Ramadan

Tariq Ramadan est très clair sur le fait que les musulmans doivent militer pour faire évoluer la laïcité de façon qu'elle coïncide avec leur vision fondamentaliste et politique de l'islam: «L'Etat ne peut pas ne pas tenir compte d'un peuple qui change, donc il faut changer le peuple», explique-t-il dans sa cassette Islam et laïcité (1) (...). Il est bien question que les musulmans deviennent citoyens pour pouvoir agir sur leur environnement, mais il n'est pas question que cet environnement ou que leur citoyenneté influencent ces musulmans. Ramadan propose d'intégrer tout ce qui est islamique, mais il milite de toutes ses forces pour que la communauté reste étanche à tout ce qui ne l'est pas: «J'intègre le bien au nom de l'universel, je ne me dissous pas, je ne me relativise pas.» A côté de quoi, «je viens avec une pensée globalisante (2)». L'échange n'est donc possible que dans un seul sens: les musulmans sont priés de ne pas se dissoudre dans les sociétés occidentales, mais de se saisir de leur citoyenneté pour mieux islamiser leur environnement. (...) C'est bien ce qu'il faut entendre lorsqu'il parle de «contribution» musulmane, qu'il présente comme une troisième voie entre intégration et assimilation. Voici très précisément comment il traduit ce concept auprès de ses fidèles: «Il faut s'engager dans tous les domaines qui sont les nôtres où l'on peut amener à changer les choses vers plus d'islam (3).»


(1) et (3) Cassette de Tariq Ramadan, Islam et laïcité: compréhension et dialogue, QA 18, Tawhid.
(2) Cassette de Tariq Ramadan, Islam d'Europe entre religion minoritaire et message universel, HC 024, Tawhid.


De l'obsession de la pudeur à celle de la non-mixité

Derrière un message apparemment serein, Tariq Ramadan se révèle d'une bigoterie surannée, obsédé par la pudeur et par le risque de transgression. (...) Il est d'accord pour qu'un homme et une femme se parlent en public, bien sûr, mais il trouve immoral qu'une femme et un homme non mariés se retrouvent seuls dans une chambre. Il préfère même que l'on évite les poignées de main entre homme et femme, sauf si cela peut être interprété comme un geste intégriste: «Essayez de l'éviter, mais, quand on vous tend la main, vous donnez la main.» Il mène aussi un vrai combat pour des piscines non mixtes, comme le montre sa colère lors d'une conférence sur les «grands péchés» tenue à la Réunion: «Aujourd'hui, les piscines, à l'île de la Réunion, ne sont pas islamiques! Certains hommes y vont quand même en disant: «Mais moi je protège ce que je dois protéger»; mais qu'est-ce que tu regardes à la piscine: tu peux pas y aller parce que ton regard est posé sur des choses que tu ne dois pas voir! Parce que tu vas là-bas et forcément ça t'attire! Donc il faut développer des lieux où c'est sain, où l'on aura des piscines tout en respectant nos principes éthiques (1).»


(1) Cassette de Tariq Ramadan, Les Grands Péchés, QA 4, Tawhid.

Le voile comme étendard

Dans ses cassettes sur La Femme musulmane face à son devoir d'engagement (1), il encourage vivement les femmes à ne pas se laisser intimider, à mettre le voile et même à porter plainte si on leur refuse ce droit: «Il faut aussi se faire entendre par la législation, se faire entendre par le droit, et faire en sorte d'être respecté par rapport à ça.» Il ajoute qu'il n'est pas question de céder devant l'adversité, par peur d'avoir des «problèmes avec les collègues» ou «à l'école». Tout en rendant hommage aux filles qui font preuve de ce «courage», il demande à la communauté musulmane de les épauler: «Il faut une communauté qui les soutienne.» (...) En général, Tariq Ramadan et son frère ne sont jamais loin lorsqu'une affaire de voile éclate dans la presse. Le prédicateur [Tariq Ramadan] explique volontiers aux musulmans comment justifier ce choix pour faire en sorte que les choses changent et que le voile soit de plus en plus répandu et accepté: «Plus on sera présent, plus des femmes avec leur hidjab seront présentes, sur le plan social, présentes dans la discussion, expliquant leur démarche, expliquant qui elles sont (...), plus on habituera les mentalités, et plus les choses changeront (2).»

(1) Cassette de Tariq Ramadan, La Femme musulmane face à son devoir d'engagement, QA 22, Tawhid.
(2) Cassette de Tariq Ramadan, Vivre en Occident: les cinq fondements de notre présence, partie II, QA 40, Tawhid.

«Eduquer nos enfants dans le message»

Dans les actes du Colloque international des musulmans de l'espace francophone, rédigés sous la houlette de Ramadan en 2001, parmi les recommandations stratégiques adressées par le comité de pilotage qu'il préside, on peut lire que «l'éducation est un domaine où les stratégies doivent être très exigeantes». Les musulmans francophones sont incités à «veiller au contrôle des programmes scolaires et empêcher de véhiculer des valeurs non conformes à nos principes», à «promouvoir les structures intégrant le cursus officiel et l'éducation islamique, qu'elle soit déclarée ou non» et, enfin, à «investir l'école publique en utilisant les espaces libres pour dispenser un enseignement religieux complémentaire». (...) Dans ses cassettes, non content de prôner un enseignement complémentaire antidote à la théorie de l'évolution, Ramadan encourage très clairement les jeunes filles à ne pas participer à toutes les activités sportives: «Il n'est pas permis aux femmes de faire du sport dans des conditions qui dévoilent leurs corps aux hommes (1).»

(1) Cassette de Tariq Ramadan, La Femme musulmane face à son devoir d'engagement, op. cit.

Indulgence sémantique envers les intégristes

Autant [Tariq Ramadan] critique ouvertement les musulmans libéraux, autant il n'emploie jamais de terme critique envers les intégristes musulmans. On désigne par «intégristes» ou «islamistes» ceux qui instrumentalisent le religieux à des fins politiques liberticides. Or Ramadan n'utilise jamais ce terme pour parler des islamistes. Tant qu'ils sont proches des Frères musulmans, les théologiens ou les militants les plus radicaux - de Youssef al-Qaradhawi à Sayyid Qotb, en passant par Banna - ne sont jamais désignés autrement que par des termes flatteurs tels que «musulmans politiques» ou «savants». Une façon de nier leur intégrisme qui échappe à ceux ne sachant pas faire la différence entre musulman et islamiste.

Moratoire pour la lapidation

Cette façon de s'autoriser une interprétation plutôt souple des fondements de l'islam pour continuer à séduire l'extérieur, tout en se déchargeant sur des «savants» islamistes qui bloqueront de toute façon cette avancée exprimée à titre personnel, est un grand classique de Tariq Ramadan. Cette hypocrisie est enfin apparue au grand jour lorsqu'il s'est contenté de proposer un «moratoire» pour mettre un terme à la lapidation pour adultère lors de l'émission 100 Minutes pour convaincre. Cette proposition n'est pas seulement indécente et conservatrice, elle constitue un retour en arrière par rapport aux avancées enregistrées par le Coran lui-même. En effet, comme Jésus avant lui («Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre!»), Mahomet avait souhaité mettre fin à ce châtiment indigne. Aïcha, sa deuxième femme, fut accusée à tort d'avoir été adultère et il ne voulait pas que ce type d'injustice puisse se reproduire. (...) Il faut bien comprendre ce qu'entend Tariq Ramadan par «moratoire». Il parle d'un exercice de délibération (choura) devant se dérouler non pas entre citoyens mais entre savants. Or Tariq Ramadan reconnaît comme savants uniquement des théologiens proches des Frères, c'est-à-dire intégristes. (...) Or que signifie proposer un moratoire entre savants islamistes, majoritairement favorables à la lapidation, si ce n'est proposer un moratoire ne pouvant qu'aboutir au maintien de la lapidation!


S'il désapprouvait réellement le GIA, Ramadan ne serait pas ami avec le seul homme ayant osé écrire que le massacre de Tibéhirine était fondé coraniquement parlant... Yahya Michot. En 1997, ce Belge converti à l'islam s'est fait connaître pour avoir exhumé une fatwa d'Ibn Taymiyya prouvant que le meurtre des moines était justifié du point de vue religieux! (...) Peu de réformistes non jihadistes s'affichent à ses côtés depuis. Tariq Ramadan, lui, fait toujours partie de ses amis. En mars 2002, le prédicateur a même rédigé la préface de son dernier ouvrage, un livre édité par Jeunesse sans frontières. Bien sûr, le livre en question ne porte pas sur Tibéhirine. Il s'agit d'un ouvrage intitulé Musulman en Europe mais la caution apportée par Ramadan à Michot est un signal fort envoyé à tous les jeunes islamistes au fait de ce type de débats (1). (...) Ramadan recommande Yahya Michot comme «un frère et un ami». Il ne cesse de vanter ses mérites et le présente comme l' «un des rares penseurs musulmans qui savent l'élégance de l'humour généreux et digne». Dans ce cas... Ramadan prend tout de même soin d'assurer ses arrières par cette phrase sans aucune portée, mais dont il pourra toujours se targuer: «Plus d'une fois nous n'avons point été d'accord, souvent nous nous sommes confrontés.» Sur quoi? Les jeunes qui liront ce livre ne le sauront pas.


(1) Yahya Michot, Musulman en Europe, préface de Tariq Ramadan (éd. Jeunesse sans frontières).


Double discours

Il [Tariq Ramadan] assume volontiers son école de pensée lorsqu'il se produit devant un public «ami», mais évite soigneusement de la mettre en avant devant un public potentiellement critique. Interviewé par Beur FM en novembre 2003, il reconnaît appartenir au réformisme salafiste: «Il y a la tendance réformiste rationaliste et la tendance salafi, au sens où le salafi essaie de rester fidèle aux fondements. Je suis de cette tendance-là, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de principes qui sont pour moi fondamentaux, que je ne veux pas trahir en tant que musulman (1).» On ne saurait être plus clair. Si Tariq Ramadan est bien réformiste, c'est uniquement en tant que «salafiste», c'est-à-dire en tant que fondamentaliste (le mot arabe salaf signifiant «nos pieux ancêtres»). Autant le terme «réforme» indique bien sa volonté de renouveler la compréhension de l'islam, autant l'adjectif «salafiste» nous renseigne sur l'orientation souhaitée par ce changement, en l'occurrence une lecture passéiste et non progressiste. (...) Le 25 février 2004, moins de quatre mois après son interview sur Beur FM, [Tariq Ramadan] tiendra un tout autre discours lors d'un colloque organisé à l'Unesco. Mis en difficulté par Ghaleb Bencheikh, connu pour représenter le courant réformiste libéral, il a retourné la salle en accusant son contradicteur de lui faire un faux procès: «Je ne suis pas salafiste! "Salafi" signifie littéraliste. Je ne suis pas littéraliste.» (...) Joli tour de passe-passe en vérité. Tariq Ramadan est pris en flagrant délit de double discours. «Salaf» évoque les fondements et non le littéralisme. Et Tariq Ramadan est bien salafiste, même s'il n'est pas littéraliste. Il conseille effectivement aux musulmans d'être fidèles à l'esprit des textes et non à leur formulation exacte - «Ce qui est absolu, ce n'est pas la lettre mais c'est le principe (2)» - mais il considère néanmoins toute recommandation énoncée au VIIe siècle, dans un contexte historique bien particulier, comme étant «une parole éternelle dans son principe». Si bien que son salafisme non littéraliste reste une invitation à refuser de moderniser ou d'adapter des principes datant du VIIe siècle.

(1) Dépêche AFP du 15 novembre 2003.
(2) Cassette de Tariq Ramadan, L'Islam et le fondamentalisme religieux, QA 11, Tawhid.
Virtuose de la rhétorique

Depuis quinze ans qu'il s'exerce à parler tour à tour devant un public d'islamistes ultraradicaux comme devant un public de militants laïques ultrasceptiques, Tariq Ramadan est devenu un virtuose du désamorçage rhétorique et sémantique. Un art qu'il enseigne à ses fidèles, à qui il explique la nécessité d'une «stratégie de communication» pour établir des «sphères de collaboration»: «On a effectivement énormément de gens qui sont prêts, des intellectuels, des penseurs, des gens sur le plan social, qui seront sur la même ligne de résistance avec nous à une seule condition, c'est que nous développions la communication (1).» Afin d'être plus efficaces, il invite les musulmans à s'adapter en fonction de leurs publics cibles et donc à bien les connaître: «Je dois développer un discours à la mesure de l'oreille qui l'écoute (2).» (...)

Tariq Ramadan a dirigé - et en grande partie rédigé - un petit précis sur «la compréhension, la terminologie, le discours» destiné aux musulmans francophones. On peut y lire que l'objectif premier de ce travail consiste à «avoir un discours fidèle à nos références» tout en étant «compris». Un passage précise: «La fidélité à nos principes reste prioritaire.» Edité par les éditions Tawhid, cet opuscule sert d'actes au Colloque international des musulmans de l'espace francophone qui s'est tenu à Abidjan du 4 au 6 août 2000. Ramadan y animait un atelier de redéfinition sémantique sur les mots «droit, rationalité, démocratie et communauté». Pour chaque terme, le livre explique comment ce mot peut être compris par les Occidentaux, en quoi il pose problème aux musulmans, et propose une «formulation de concept» qui ressemble fort à une redéfinition propre à troubler ses interlocuteurs. On retrouve ainsi toutes les astuces sémantiques du prédicateur. Le mot «rationalité», par exemple, n'est plus synonyme d'esprit critique issu des Lumières, mais d'un «cheminement intellectuel permettant de redécouvrir la foi». Un exemple parmi d'autres. En fait, pour chaque mot clef sur lequel il se sait attendu, Ramadan a développé une seconde définition - à laquelle ont accès ceux qui ont suivi ses cours oraux ou lu ses livres les plus confidentiels. Ce qui lui permet de tenir un discours apparemment inoffensif tout en restant fidèle à un message éminemment islamiste sans avoir nécessairement besoin de mentir ouvertement, en tout cas pas à ses yeux.

(1) et (2) Cassette de Tariq Ramadan, Islam et Occident, QA 16, Tawhid.

L'art du mensonge...

En octobre 2001, un mois après les attentats du 11 septembre, le journal [Lyon Mag] brise un tabou et pose la question que tout le monde cherche à esquiver: «Faut-il avoir peur des réseaux islamistes à Lyon?» Le résultat de l'enquête est redoutable pour Ramadan, qui apparaît dans toute son ambiguïté. C'est le premier article réellement susceptible de le dévoiler. C'est aussi la première fois que le prédicateur décide d'attaquer devant un tribunal. Mais Lyon Mag ne se laisse pas intimider. En janvier 2002, la rédaction choisit d'étayer son propos en interviewant Antoine Sfeir, qui confirme leur intuition. Sfeir parle d'un «orateur habile» et d'un «fondamentaliste charmeur», «spécialiste du double langage». (...) Ramadan peut difficilement accuser Antoine Sfeir d'être raciste sans se ridiculiser. (...) Il entame donc un second procès. Les deux affaires, celle contre Lyon Mag et celle contre Sfeir, sont jointes. (...) Le journal Lyon Mag est condamné pour ne pas avoir usé de suffisamment de précautions, ce qui est un classique, mais Sfeir est reconnu comme ayant tenu des propos conformes à une certaine vérité. Le verdict est très dur pour Ramadan. Dans son jugement du 22 mai 2003, la cour d'appel de Lyon estime que les discours de prédicateurs comme Tariq Ramadan «peuvent exercer une influence sur les jeunes islamistes et constituer un facteur incitatif pouvant les conduire à rejoindre les partisans d'actions violentes».


Voilà qui porte un sacré coup au plaignant. Pourtant Ramadan trouvera le moyen de minimiser la casse. (...) Il fait croire qu'il a gagné contre Sfeir en mélangeant les deux plaintes, celle contre le directeur des Cahiers de l'Orient et celle contre Lyon Mag. Ce qui lui permet d'affirmer sur les plateaux de télévision qu'il a gagné ses procès contre tous ceux qui l'accusent de tenir un double discours, comme lors de l'émission Campus du 4 décembre 2003. Ce jour-là, il est repris par Guillaume Durand: «Vous avez perdu votre procès contre Antoine Sfeir...» Mais Ramadan persiste et ment: «Non, j'ai gagné mon procès contre Antoine Sfeir.»

Etablir des «sphères de collaboration»

Dans ses cassettes, [Ramadan] encourage ouvertement ses partisans à tisser des alliances: «J'aimerais que vous vous rendiez compte que nous ne sommes pas seuls à relever le défi de la résistance à l'occidentalisation sans âme et sans conscience. (...) L'avenir est bien à cette double réflexion intelligente: répertorier les sphères de résistance et développer les sphères de collaboration. (...) On ne doit pas se mettre seul contre tous (1).» On pourrait croire que Ramadan invite surtout les musulmans à devenir les alliés des non-musulmans face à la mondialisation. Sauf que nous savons ce qu'entend Tariq Ramadan par résister à l'occidentalisation: non pas une autre mondialisation, mais un «face-à-face des civilisations» qui verra triompher l'islam politique. Voici ce qu'il explique dans ses cassettes à ses partisans: (...) «Qu'est-ce qu'a dit Huntington? Il a dit: les pouvoirs occidentaux doivent chercher dans les pays musulmans ceux qui défendent leur idéologie. C'est-à-dire qu'on va chercher dans les pays musulmans, les musulmans dits «libéraux», ou les musulmans dits «laïques». Les musulmans sans l'islam, quoi! (...) Eh bien nous, ceux avec lesquels on va collaborer, c'est exactement le contraire. On va aller en Occident chercher et collaborer avec tous les êtres qui défendent le droit, la justice et la dignité des hommes. On va développer ces ponts, on va être présent sur le champ du dialogue académique et social. (...) Donc nous sommes contre la philosophie du conflit mais nous sommes pour la philosophie de la résistance dans la collaboration (2).» Peut-on être plus clair?

(1) et (2) Cassette de Tariq Ramadan, Islam et Occident, QA 16, Tawhid.
Valiere
 
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Message par boispikeur » 02 Nov 2004, 03:43

Trouvé sur le site de la Télévision Suisse romande un article plutôt moins emballé par ce bouquin... (Le lien)

a écrit :Les islamistes les plus radicaux du site Ansar.info accusent le Suisse Tariq Ramadan d’être un «prêcheur de la décadence», pour s’être prononcé en faveur de la démocratie.

Cette attaque en règle intervient au moment où la journaliste française Caroline Fourest tente de démontrer dans son livre que Tariq Ramadan est un dangereux islamiste.
 
Dans le chapitre consacré à Saïd Ramadan, le père de Tariq, et fondateur du Centre islamique de Genève, Caroline Fourest évoque un certain «Pitelon», qui serait selon elle le «coordinateur des services secrets suisses».

L’auteur de « Frère Tariq » laisse entendre que Saïd Ramadan, Frère musulman, aurait été plutôt bien accueilli dans la Confédération, ajoutant «son parrainage saoudien – en terre bancaire – lui vaudra d’être protégé».

Seul problème, le coordinateur des services suisses ne s’appelle pas «Pitelon», mais Jacques «Pitteloud». Et si Caroline Fourest l’avait interrogé un peu plus précisément, elle aurait appris que les services secrets helvétiques n’ont jamais pu identifier le moindre lien entre Tariq Ramadan et des mouvements terroristes.

Pas de dossier à charge

Il en est de même dans l’Hexagone, les Renseignements généraux, qui possèdent des indicateurs de police dans toutes les mosquées, n’ont jamais pu constituer un dossier véritablement à charge contre ce professeur de philosophie et d’islamologie.

Caroline Fourest accuse Tariq Ramadan d’être Frère musulman, il en serait même le chef en Europe. Quelles preuves avance-t-elle? La Confrérie a été fondée par son grand-père Hassan al-Banna, et son père, Saïd Ramadan, était l’un des leaders des Frères musulmans.

Par ailleurs, Tariq Ramadan a présenté une thèse universitaire («Aux sources du renouveau musulman, d’al-Afghani à Hassan al-Banna») très favorable à son grand-père.

Seulement voilà, Tariq Ramadan a toujours nié être Frère musulman. Il n’a jamais réclamé l’instauration d’un Etat islamique et l’application de la Charia. Gamal al-Banna, 84 ans, le jeune frère d’Hassan al-Banna, que swissinfo a rencontré au Caire, dément toute adhésion de son petit-neveu à la Confrérie.

Amr Elchoubaki, du Centre d’études politiques et stratégiques Al Ahram, proche du régime égyptien - et donc peu favorable aux islamistes- confirme « qu’il n’y a pas de liens organisationnels entre Tariq Ramadan et les Frères musulmans».

«Les prêcheurs de la décadence»

Alors que Caroline Fourest prétend que Tariq Ramadan «encourage les jeunes à rester étanches à la culture occidentale», que dit l’enseignant suisse dans sa cassette «Intégrisme, fondamentalisme, islamisme et radicalisme»?

«On ne doit pas dire ‘parce que c’est islamique, c’est mauvais’. C’est exactement le contraire. L’islam a la capacité de tout accepter, sauf ce qui va à l’encontre de l’islam», déclare Tariq Ramadan.

D’ailleurs, les islamistes les plus durs, qui s’expriment sur le site http://www.ansar.info ne cessent de le dénoncer dans un texte intitulé «Déviances et incohérences chez les prêcheurs de la décadence», considérant que les idées de Tariq Ramadan «mènent à la perdition».

On peut notamment lire : «Ramadan prêche la démocratie (…) que nos frères et nos sœurs sachent que ce qu’on appelle démocratie n’est rien d’autre que le KUFR, c’est-à-dire l’impiété ou le fait d’être mécréant».

Tariq Ramadan pourra s’expliquer lui-même dans un livre d’entretiens, intitulé «Faut-il faire taire Tariq Ramadan», attendu d’ici deux semaines.

swissinfo, Ian Hamel

boispikeur
 
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Message par boispikeur » 02 Nov 2004, 03:59

Allez!
Comme j'y suis, un truc de Ramadan trouvé sur le site - lien supprimé vers ce site d'extrème droite - Faupatronim

Après ça, je préfère prévenir: je n'ai aucune sympathie pour ce religieux, comme pour tous religieux.
a écrit :Mensonges et dérobades de Caroline Fourest et quelques autres réflexions...
par Tariq Ramadan
vendredi 29 octobre 2004
 


C’est le magazine L’Express qui a obtenu l’exclusivité de l’annonce et de la présentation du livre de Caroline Fourest, "Frère Tariq". La publication du livre a non seulement fait la Une mais ce ne sont pas moins de huit pages qui lui sont offertes avec une interview aux questions faussement objectives et des extraits qui sont présentés avec des annotations qui prouveraient que Caroline Fourest a bien lu et qu’il s’agit là d’un travail scrupuleux et honnête. Caroline Fourest est d’ailleurs présentée comme une « journaliste d’investigation » (donc neutre) et « féministe » (dont l’engagement est forcément noble). Aucune prise de distance de la part du magazine, aucune manifestation de prudence qu’exigerait le minimum de déontologie... Ces dernières années, l’Express, quant à son traitement de l’islam et de la réalité des Français de confession musulmane, va vraiment de plus en plus mal...


La formidable campagne médiatique qui s’est abattue sur moi en France a commencé après la publication de mon texte sur les (nouveaux) intellectuels communautaires. Depuis, on n’a point cessé la critique et tous les moyens ont été bons pour chercher à me diaboliser. Le livre Frère Tariq vient poursuivre cette campagne et Caroline Fourest n’est pas seulement « une journaliste d’investigation » mais également une militante de longue date pour qui toute critique de la politique israélienne est en fait de l’antisémitisme. Proche de Pascal Bruckner, protégée de Bernard-Henri Lévy, son livre est un pamphlet qui est tout sauf une étude sérieuse : le mensonge le dispute à la citation tronquée ; le raisonnement construit de toutes pièces n’a d’égal que l’approximation et les erreurs de dates, de noms, de lieux et de personnes. Une honte... et les éditions Grasset qui ose publier une pareille « enquête » (romanenquête idéologique ?) se déshonorent...


Les exemples de distorsions transpirent à chaque page et nous n’en prendrons que trois exemples. Caroline Fourest affirme que j’ai fait interdire la pièce Mahomet de Voltaire en 1993, ce qui est un mensonge éhonté. Le Conseiller administratif de la Ville de Genève, M. Alain Vaissade, a pris cette décision en juin 1993 alors que j’étais depuis plusieurs mois en Egypte (je ne suis revenu qu’en août...). M. Vaissade a publiquement affirmé à la Radio Suisse Romande qu’il avait lui-même pris cette décision et qu’il ne m’avait ni vu ni consulté sur cette question. Par ailleurs, l’auteure construit elle-même des raisonnements en utilisant de courtes citations de trois mots pour faire croire que c’est moi qui parle. Elle ne va pas jusqu’au bout de mes raisonnements. Je dis, par exemple, aux musulmans qu’il serait légitime de se battre si on nous empêchait de pratiquer les piliers de l’islam. Fourest coupe mon raisonnement et insiste sur le fait que j’encourage les musulmans à lutter contre nos Constitutions quand elles ne respectent pas l’islam. Elle omet de citer la suite où j’affirme que toutes les constitutions européennes respectent les piliers de l’islam. Il est donc tout à fait possible d’être français et musulman. Ce genre de déformations est plus la règle que l’exception. Dernier exemple : le cinéma. J’ai toujours soutenu que le cinéma n’était pas interdit en islam et qu’il appartenait à chacun de faire son choix et d’être sélectif : tout n’est pas bon dans le cinéma et il est évident que je fais allusion à la violence, à la pornographie ou encore ces films « grandes industries » abrutissants. Caroline Fourest interprète ces réserves comme des attaques contre le cinéma que, à la manière des talibans, j’interdirais forcément en pays majoritairement musulman. Tout le livre est à l’avenant : un édifice mensonger produit par un esprit profondément malhonnête. Cela suffit, je n’accorderai pas plus d’attention à ces quatre cents pages qui sont une insulte à la pensée, à la probité et qui n’ont qu’une seule fonction : noircir et répandre la peur. L’avenir montrera assez vite qu’entre Caroline Fourest et moi-même, c’est elle, et ses collègues, qui sont le véritable danger, qui entretiennent la peur, poussent au repli communautaire et pervertissent le débat qu’elles ne conçoivent que comme un monologue dont elles imposent les termes et les conditions.



Elle a été invité par la Télévision Suisse Romande (TSR) pour venir débattre de son livre en face à face. Sa maison d’édition a d’abord prétendu qu’elle ne pouvait se rendre à Genève « pour des raisons de sécurité »... Cela fait sourire. Le duplex était envisagé. Puis une réponse étrange était apportée en conclusion : le « plan média » de Caroline Fourest ne lui permettait pas de participer au débat. Est-ce si étonnant au fond ? L’imposture est telle qu’elle ne peut soutenir la confrontation. Et puis elle nous ramène à la sagesse : la seule réponse à l’indigne est désormais de l’ignorer quelle que soit la publicité que les médias donneront à ces pages.



Lionel Favrot, l’auteur de Tariq Ramadan dévoilé et journaliste à Lyon Mag (qui a été condamné pour diffamation à mon égard) est venu à l’émission. Pour l’essentiel on trouve dans son livre les mêmes arguments, les mêmes exemples et les mêmes thèses que Caroline Fourest. La même malhonnêteté. Ils auraient sans doute pu écrire un livre à deux... mais il est vrai que « Tariq Ramadan fait vendre aujourd’hui » ! Avec la malhonnêteté, on doit sans doute ne pas négliger l’argument pécuniaire pour comprendre les motivations de cette folle campagne médiatique. Celles et ceux qui le veulent pourront se rendre sur le site de la TSR (Cliquez ici pour accéder à la vidéo sur le site de la TSR) pour voir l’émission... triste spectacle d’un homme, d’un « journaliste d’investigation », approximatif, menteur et surtout imposteur. Je n’insiste pas.


Un petit mot encore. Le journaliste Darmon, d’Antenne 2, vient d’écrire un livre sur Nicolas Sarkozy : « Sarko Star ». On y apprend que Nicolas Sarkozy, quelques heures avant notre émission en novembre dernier, rassurait Bernard-Henri Lévy et lui promettait d’être dur avec moi. La stratégie générale, nous apprend-on, était méticuleusement pensée et planifiée entre la discussion « dure » sur la lapidation et la proposition plus ouverte du bandana. Ceux qui avaient des doutes sur la réalité d’une mise en scène peu noble doivent réviser leur jugement. Ce doit être aussi le cas de ceux qui refusent de voir les manœuvres politiciennes de celui qui se présente comme « l’ami des musulmans » et qui fait aujourd’hui une série de propositions dont la surprenante idée de revisiter la loi de 1905. Officiellement, pour permettre à l’islam français de s’épanouir et à chaque grande ville d’avoir sa mosquée. A moins que ce ne soit pour mieux contrôler les musulmans, les surveiller et les transformer en un vivier électoral docile à l’horizon des élections. La tradition laïque française est chaque jour un peu plus trahie au nom, nous dit-on, de la laïcité elle-même et de l’unité de la République. Il appartient aux Français de confession musulmane de dire avec détermination qu’avant de penser à la réformer, il conviendrait que la loi de 1905 soit appliquée de façon stricte et égalitaire à l’endroit de tous les cultes ; que les musulmans n’ont pas à être traités de façon singulière, mis sous tutelle, et « accompagnés » de façon paternaliste, et à coup d’actions symboliques (« le préfet musulman »), vers la citoyenneté et l’installation durable et définitive de « l’islam français ».


Celui qui est capable de telles manipulations médiatiques et peut aussi être capable des manipulations politiciennes les plus sournoises. L’ « ami des musulmans » est surtout l’ami de leur vote... et tout semble permis pour parvenir à ses fins. Les organisations musulmanes qui feront semblant de négliger la réalité du second terme de la proposition en trompant les musulmans sur la fausseté du premier auront une responsabilité majeure quant à l’avenir.


Pour le dire simplement, et sur un plan plus général, on ne peut pas vouloir, d’un côté, rassurer et satisfaire Bernard-Henri Lévy et ceux qui défendent ses positions (tellement nombreux dans l’entourage politique de Nicolas Sarkozy) et, d’un autre côté, respecter fondamentalement les citoyens de confession musulmane. Pourquoi ? Parce les premiers abhorrent et redoutent au plus au point l’idée qu’un jour la France puisse voir apparaître des citoyens français de confession musulmane, assumant le caractère multidimensionnel de leur identité, farouchement indépendants, sujets de leur histoire, acteurs de leur société, capables de s’exprimer de façon audible et prendre des positions critiques et des décisions circonstanciées sur les questions nationales et internationales. Entre les premiers et les seconds, il faut faire un choix... et l’histoire marche dans le sens des seconds, avant comme après 2007.


Tariq Ramadan

boispikeur
 
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Message par logan » 04 Nov 2004, 21:18

Boispikeur, si tu n'as aucune sympathie pour les religieux pourquoi nous poste tu ici les cochonneries d'articles du réactionnaire tariq Ramadan?
logan
 
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Inscription : 23 Fév 2004, 13:47

Message par boispikeur » 04 Nov 2004, 23:35

Simple.
Pour combattre quelque chose ou quelqu'un, on doit utiliser les bonnes armes.
Je suis assez surpris que plusieurs personnes qui sont en principe assez versés dans les sciences n'éprouvent pas le besoin d'analyser les sources et les documents sur le sieur Ramadan.
Je ne connais pas ce monsieur, ni ses livres, ni ses discours.
En revanche, les deux articles que j'ai mis en ligne (la presse suisse et oui, un article de Ramadan) ont l'air de montrer que le livre de Fourest est bourré d'erreurs voire de mensonges.
Je voulais juste vous prévenir avant que vous vous transformiez trop en groupies, c'est tout.

Sinon, oui, je pense que Ramadan est un réac, comme la très grande majo des religieux, là dessus je ne pense pas qu'il y'est débat.

Mais pour l'instant, du peu que j'ai lu, je ne vois rien qui peut faire penser que Rmadan puisse être pour la lapidation, ou autres trucs portés par Valière and co.
Mais ce n'est pas dur: il suffit de parler de double langage, citer des sources de secondes ou troisièmes mains, et ça -vous?- suffit.
boispikeur
 
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