Les viols collectifs

[logan]

[quote=" (Zelda @ lundi 19 décembre 2005 à 12:34"]
Personnellement, les chiffres à deux ou trois pour cent près, et les chiffres sur les viols... heu... combien ne sont jamais jamais jamais déclarés... Comment évaluer le taux d'un événement jamais déclaré ? Par des estimations ? Sur la base de quoi au fait ?


Justement l'auteur répond à cela dans son article.

Ce ne sont pas des estimations.
Les chiffres sur lesquels il se base sont ceux du ministère de la justice recensant le nombre de condamnations.
Depuis 30 ans des mesures ont été prises pour encourager socialement et pénalement la dénonciation de violences sexuelles (pédophilie, inceste etc.).
Du coup en ce qui concerne les violences sexuelles en général, le nombre des condamnations augmente, sans pour autant que l'on puisse conclure à une augmentation des violences.

Par contre, malgré ce contexte d'augmentation générale des condamnations, le nombre de condamnation pour viols collectifs est stable.

Ce qui montre clairement que les viols collectifs réels stagnent, voire même régressent depuis 20 ans.

[logan]

Ben non Logan, je n'ai pas l'impression que tu réponds à mon argument. Tu me dis "le gouvernement encourage une dénonciation accrue"... Bon, peut-être. Et alors ? La pression de ta famille, la peur du qu'en dira-t-on, de tes voisins, de tous les mecs qui t'ont violée et que tu connais de vue, que tu croises tous les jours... Il est en définitive plus facile de déménager ou de fuguer et d'oublier toutes ces histoires sordides que de mener la bagarre juridique au grand jour. Tu crois franchement que quelques campagnes gouvernementales pèsent plus lourd que ça ?

Zelda je ne parle pas seulement de la politique gouvernementale. La plus grande dénonciation des agressions sexuelles, n'importe quel sociologue ou vieux flic le confirmera : on ne parlait pas des agressions sexuelles au travail ou de l'inceste il y a 40 ans. Et c'est un vrai progès bien sûr.
Je ne fais que reprendre les idées d'un chercheur sur la question.


L’emballement médiatique au sujet des « tournantes » est très politique.
Il n'est absolument pas justifié par les chiffres fournis... par le ministère de la justice en personne!
Quand les médias se focalisent là dessus, quand ils parlent de la recrudescence des tournantes alors que les études sérieuses montrent que c’est faux, on doit chercher à comprendre la logique de leurs discours.
Et cette logique c’est évidemment de criminaliser les gens d’origine immigrée, de faire peur aux gens, de poser le problème de la sécurité comme le problème N°1, dédouanant ainsi la bourgeoisie d’être responsable des problèmes sociaux.

Les moyens de production idéologiques, dont les médias, sont aux mains de la bourgeoisie.
Si on ne prend pas un minimum de recul vis à vis des médias, si on ne porte pas un regard critique sur eux, on en vient à avoir des préjugés construits par eux sur les sujets pour lesquels on a pas de connaissance spécifique.

Ainsi sommes-nous insensiblement contaminés par l’idéologie dominante, qui est toujours celle de la classe dominante... et on en vient à prétendre que ce sont les caïds ou les islamistes qui sont à l’origine des évènements suivant Clichy sous bois, alors qu’aujourd’hui même les RG disent le contraire.

[logan]

Et "l'idéologie dominante" bis, qui fait qu'un jeune traîte une fille de son âge comme une sous-merde ? C'est dans ma tête ? Qui fait que la pire insulte que l'on puisse faire à un garçon c'est "Je baise ta soeur !", c'est que dans les medias ?

Non, justement, tu restes sur les chiffres officiels et la théorie, moi j'essaie de partir d'un vécu, celui des rares filles qui osent témoigner et se battre à visage découvert.
Mais qui dit le contraire? Ca c'est autre chose.
Entre traiter une fille comme une sous merde et lui faire subir un viol collectif il y a de la marge quand même.

[Ottokar]

Pour une fois je serai plutôt d'accord avec Zelda. Les statistiques de délinquance sont toujours délicates à manier, et reflétent plus l'activité de l'appareil juridico-policier que la réalité. Cela dit, les chiffres iraient plutôt dans le sens du chercheur et de Logan car le viol bénéficiait sans doute de plus larges circonstances atténuantes des juges et des jurys, et d'une attitude bien plus tolérante de la société dans les années 60 et 70 qu'aujourd'hui. C'est une évolution que l'on doit entre autres à l'activité des féministes et leur campagne "ras-le-viol" et c'est une bonne chose qu'elles l'aient menée.

Mais les chiffres restent délicats, surtout dans les banlieues. Plus les familles sont attachées à la tradition, plus on aura tendance à cacher la "honte" de ce crime commis contre la fille en question, la punissant ainsi doublement. C'est ce que ressent et ce qu'exprime avec beaucoup de sensibilité l'auteure de "Dans l'enfer des tournantes", un livre sur lequel je partage totalement l'opinion de Zelda : ni voyeur ni raccoleur, un portrait très vivant d'une fille de banlieue comme on en voit plein, d'une fille bien.

Au-delà des chiffres, tout ce qui conduirait à banaliser le phénomène me semblerait détestable... même si je peux partager l'opinion de Logan quand il dit que les médias se sont polarisés à l'extrême sur cette forme de violence faite aux femmes. Mais même si le viol colecif n'est pas spécifiquement banlieue ou maghrébin et que les frnaçais des années 60 pratiquaient ces horreurs, tout qui dénonce les violences faites aux femmes doit avoir notre sympathie, et tout ce qui atténue cette dénonciation doit être regardé avec suspicion.