La journée de la jupe

Message par Vérié » 13 Avr 2009, 17:49

a écrit :
Décidément, si le pouvoir est au bout du pistolet automatique, son exercice reste le monopole des oppresseurs, qui versent leur fiel réactionnaire par l'intermédiaire de films encensés dans des revues comme Valeurs actuelles, dont le numéro 3774 parle de « jubilation à voir cette prof savourer la puissance que lui donne ce pistolet de se faire, enfin, écouter et obéir de ses élèves ». On a de fortes raisons de croire que la fameuse puissance du pistolet est bien celle que la classe dominante aimerait faire goûter à la jeunesse ouvrière révoltée de ce pays. L'état d'urgence lors des émeutes de novembre 2005 est bien là pour nous le rappeler.


Sur ce plan, je suis bien d'accord avec toi. Cette jubilation de l'extrême-droite (dont Valeurs Actuelles fait partie) est très instructive. La campagne de promotion dont ce film a fait l'objet ne l'est pas moins.

Pour le reste, évoquer Voyage au bout de l'enfer de M. Cimino à propos de ce petit téléfilm qui serait passé inaperçu sans Adjani, c'est faire beaucoup d'honneur au réalisateur de série Z Lillienfeld...
__
Sinon, je n'avais pas remarqué les affiches de la CNT dans la salle des profs...
Vérié
 
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Message par artza » 13 Avr 2009, 22:02

(Bolchevizma @ lundi 13 avril 2009 à 17:32 a écrit :

Le problème du pouvoir à l'école invite pourtant à élargir la question, à s'interroger sur le pouvoir des dominants, celui des dominés, et surtout, sur la façon dont les dominés peuvent exercer un semblant de pouvoir, qui leur donne une position momentanée de dominants.

Autrement dit malheur au pauvre con qui passe à proximité "d'un dominé exerçant un semblant de pouvoir qui lui donne une position momentanée de dominant".

:w00t:
artza
 
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Message par Bolchevizma » 14 Avr 2009, 01:04

(artza @ lundi 13 avril 2009 à 22:02 a écrit :
(Bolchevizma @ lundi 13 avril 2009 à 17:32 a écrit :

Le problème du pouvoir à l'école invite pourtant à élargir la question, à s'interroger sur le pouvoir des dominants, celui des dominés, et surtout, sur la façon dont les dominés peuvent exercer un semblant de pouvoir, qui leur donne une position momentanée de dominants.

Autrement dit mahleur au pauvre con qui passe à proximité "d'un dominé exerçant un semblant de pouvoir qui lui donne une position momentanée de dominant".

:w00t:
Quel moralisme ! Les révolutionnaires n'ont que faire des pleurnicheries sur les coups du sort. C'est justement ce que l'infortune recouvre comme logiques contradictoires et comme procesus qui devrait nous intéresser.
Bolchevizma
 
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Message par artza » 14 Avr 2009, 07:56

(Bolchevizma @ mardi 14 avril 2009 à 01:04 a écrit :
(artza @ lundi 13 avril 2009 à 22:02 a écrit :
(Bolchevizma @ lundi 13 avril 2009 à 17:32 a écrit :

Le problème du pouvoir à l'école invite pourtant à élargir la question, à s'interroger sur le pouvoir des dominants, celui des dominés, et surtout, sur la façon dont les dominés peuvent exercer un semblant de pouvoir, qui leur donne une position momentanée de dominants.

Autrement dit mahleur au pauvre con qui passe à proximité "d'un dominé exerçant un semblant de pouvoir qui lui donne une position momentanée de dominant".

:w00t:

Quel moralisme ! Les révolutionnaires n'ont que faire des pleurnicheries sur les coups du sort. C'est justement ce que l'infortune recouvre comme logiques contradictoires et comme procesus qui devrait nous intéresser.

:huh1: Merci pour cet effort de vulgarisation.

Après avoir tout compris "sans rire, ni pleurer" (Spinoza siou plait) j'ai pris le parti d'en pleurer de rire...mais pas au point d'en mourrir :rofl:
artza
 
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Message par Valiere » 14 Avr 2009, 08:16

Vite il faut vraiment que j'aille voir ce film...Vérié! tu m'as mis "l'eau à la bouche" merci sincèrement!
Valiere
 
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Message par artza » 15 Avr 2009, 18:34

J'ai été le voir à une séance de 11h.

Nous étions deux dans la salle, une vieille dame et moi-même.

Si il y a une grande campagne de promo, elle ne semble pas très rentable.

Le film est fait pour toucher aux tripes, mais il n'est pas très bon.

Beaucoup de clichés et de petites caricatures sur les profs.

Clichés et caricatures ne sont pas des mensonges mais décrédibilisent.

Tout le début du film montre une situation bien réelle et bien connue.

Ensuite, c'est une prof qui craque confrontée à une situation quand même peu courante.

Là le film est très irréaliste.

Une jeune femme fragile, apeurée et désarmée devant ses élèves serait bien incapable de les prendre en otages.

Je ne conseillerais à personne de tenter de prendre le fameux Mouss en otage, sauf peut-être un bon prof de gym en forme.

Dans la réalité Mouss se serait emparé du "gun" et dans la bousculade la petite prof s'en prenait une en pleine poire.

Mouss qui n'est pas imbécile, qui est gonflé, costaud, malin, séduisant et beau garçon, n'aurait pas flippé pour autant.

Il aurait raconté que la prof avait déjanté et les avait menacé d'un flingue.
"J'ai voulu la désarmer, mais le coup est parti, c'est pas de ma faute, je regrette beaucoup d'avoir embêté cette prof si j'avais su..."

Mouss aurait été félicité, reçu à l'Elysées et serait devenu conseiller à la sécurité de la mairie UMP du Raincy. Une belle intégration réussie.
artza
 
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Message par Dorvek » 15 Avr 2009, 21:05

Bref, "Much ado about nothing" ("Beaucoup d'ados pour rien", pour ceux qui sont fâchés avec la langue de "Secoue-la-poire" :ph34r: ) !
Dorvek
 
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Message par Vérié » 16 Avr 2009, 07:14

a écrit : Artza
Si il y a une grande campagne de promo, elle ne semble pas très rentable.

Selon la version officielle, le passage sur Arte aurait cassé la diffusion en salle.
Mais il est possible aussi que tout le tapage fait autour du film n'intéresse que quelques milieux spécifiques et ne touche pas la masse des spectateurs.

Bref, il ne suffit pas toujours d'une grosse campagne de pub et de com pour assurer le succès d'un film. Et, dans le cas de celui-ci, c'est une bonne chose !
Néanmoins tout un réseau s'applique à le faire diffuser dans les établissements scolaires. Sur l'accueil reçu parmi les scolaires, les versions divergent, et ça varie peut-être d'un endroit à l'autre.

Mais, au delà du succès ou de l'insuccès commercial du film et de ses qualités ou de sa médiocrité cinématographiques, il y a son contenu politique...
Vérié
 
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Message par Vérié » 16 Avr 2009, 16:51

Extrait du blog du Monde Diplomatique
a écrit :
La journée de la jupe" : Clichés racistes sur grand écran ?


Dans le concert de louanges accompagnant le (énième) come-back d'Adjani au cinéma, dans un film qu'on jurerait écrit par Alain Finkielkraut ou Eric Zemmour, la journaliste Mona Chollet donne une analyse à contre-courant :

Cette fois, la « grande cause » consiste à parachever, en toute bonne conscience, la diabolisation déjà bien avancée du « jeune de banlieue ». Le scénariste et réalisateur du film, Jean-Paul Lilienfeld, déclare, dans un entretien à Primo-Europe (un site obsédé par le péril islamique, et dont il est l’invité après Ivan Rioufol, Pierre-André Taguieff, Eric Marty et la moitié de l’équipe de Charlie Hebdo) : « Je pense que ces ados sont victimes d’une double discrimination : sociale et raciale. Et tout ce qui peut être fait d’efficace pour supprimer le racisme et la pauvreté aura mon approbation. Mais être une victime n’empêche pas d’être un bourreau. » Sauf que, à l’évidence, comme beaucoup de ses concitoyens, le côté « bourreau » le passionne nettement plus que le côté « victime », qui représente pourtant une réalité incomparablement plus massive – à moins de prétendre que chaque adolescent noir ou arabe de banlieue se balade avec les images d’un viol sur son téléphone portable et un flingue dans son sac ; ce que l’opinion hystérique, à ce stade, n’est sans doute pas très loin de croire, certes.

Quand, dans La Journée de la jupe, le côté « victime » est évoqué, c’est toujours pour le décrédibiliser, pour le montrer comme une escroquerie. Ainsi, lorsque, dans l’attroupement qui s’est formé devant le collège à l’annonce de la prise d’otages, une mère arabe se plaint du racisme aux journalistes (« les gens y sont racistes »), un commerçant asiatique intervient aussitôt pour clamer, dans son sabir pittoresque, que c’est son fils à elle qui est raciste : « C’est eux pas vouloir de nous ! Moi j’ai pris le café-tabac… Trois fois tout cassé ! Son fils dans la bande ! (…) Pas nous racistes ! Eux faire partir tous les autres ! Eux rien faire et jaloux de nous. Mais moi travailler ! » Eh, oui : les Arabes sont des feignants et des délinquants. Et ce n’est pas du racisme : c’est ce brave Jaune qui l’affirme !

Le machisme, l’islam, l’antisémitisme, les tournantes… Fidèle adaptation au cinéma des Territoires perdus de la République [1], La Journée de la jupe aligne avec soin tous les clichés que la féroce propagande de ces dernières années a installés dans les têtes comme autant d’évidences. Les personnages n’ont aucune épaisseur propre, aucune individualité ; ils sont là pour incarner des stéréotypes. Ainsi, quand le jeune Karim (celui qui a saccagé le café-tabac de l’Asiatique) s’assied sur une chaise qui se brise soudain en deux, cet incident n’a lieu que pour permettre de lui faire dire : « C’est quoi, cette chaise de feuj ! » Et pour permettre à Sonia Bergerac de lui ordonner élégamment, en le braquant avec son arme : « Répète après moi, pelle à merde ! “En France, l’injure raciste est punie par la loi.” » Le garçon finit par s’exécuter. Orgasme collectif dans la salle de cinéma.

L'intégralité : http://blog.mondediplo.net/2009-04-12-Ils-...nt-que-la-force

Vérié
 
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Message par Valiere » 16 Avr 2009, 23:03

Il ne suffit pas de citer un article du monde diplomatique pour dire vrai...Ta vision et celle d'autres militants est différente, j'attends de voir
Valiere
 
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