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Je connaissais juste le nom de Taslima Nasreen, sans avoir jamais rien lu d'elle. Et j'ai trouvé un de ses livres de poèmes dans une édition à 2 euros, "Poèmes d'amour et de combat".

On y trouve à la fois des poésies touchantes et tristes sur l'amour (où il est question d'amour avec un homme, sur le thème éternel du chagrin d'amour), des poèmes dédiés à sa mère, d'autres où il est question d'amour plus charnel (et homosexuel), et aussi des poèmes de combat, sur les conditions de vie de femmes, au Bengladesh comme ailleurs, dont certains sont de véritables petits textes politiques, sur le voile, la réaction fondamentaliste, les ouvrières du textile, la prostitution, etc...

Et l'ensemble forme une sorte de tout cohérent, beau, touchant et émouvant, à la fois intime et politique.

Je conseille le livre "Enfance au féminin", ou elle raconte son enfance et son adolescence au Bengladesh. Ce livre est passionnant, bien écrit, avec des passages violents. Son père était médecin, sa mère était femme au foyer, très religieuse. Dans ce bouquin, on voit vraiment ce qu'est la condition de la femme dans un pays arriéré, gangrené par la religion. Dans une scène, la jeune Taslima assiste au tabassage et à la répudiation d'une femme, par un simple mot prononcé trois fois. Dans une autre, elle a treize ans, et sa mère veut l'obliger à porter la burqa. Elle refuse obstinément et reçoit une raclée. Le portrait qu'elle dresse de son père est aussi sans concessions. Il est violent, tabassant sa mère, rudoyant ses enfants, mais il pousse sa fille à faire des études. Chez cet homme, la science à chassé le religieux, et il ne fait le ramadan et les fêtes musulmanes que par habitude. A un moment, dans le livre, un homme d'un certain âge, qui a remarqué la jeune Taslima (13ans), apporte au père, comme s'est la coutume, pour sa demande en mariage, un poisson. Il est chassé sans ménagements par le père de Taslima. Un autre passage de ce livre m'a marqué : la mère de Taslima, ainsi que d'autres femmes et filles, très pieuses, sont sous l'emprise d'un pîr (un religieux). Une des jeunes filles, une des favorites du pîr, tombe malade, et on ne trouve rien d'autre, pour la guérir que des prières, des exorcismes (lui souffler sur le ventre, par exemple); Quand les femmes se résignent à faire appel à un médecin, en l'occurence le père de Taslima, il est trop tard. La jeune fille décède de septicémie. Elle s'était fait avorter.
Je crois que ce livre à une suite.