par Valiere » 25 Jan 2005, 19:34
« Manifeste contre la pauvreté »
de Martin Hirsch
avec Jérôme Cordelier
Collection 10/18
Fait et cause
170 pages
7,30 €
janvier 2005
UN COMBAT POUR LA DIGNITE
Si l’instigateur de l’appel du 1er février 1954 que certains appellent « l’abbé Pierre » ne m’est pas proche idéologiquement, je reconnais que son action menée en hiver 54 fut très utile d’un point de vue humain et social.
Pour en savoir un peu plus sur l’association en question, j’ai lu le manifeste contre la pauvreté de Martin Hirsch président d’Emmaüs France.
L’auteur établit, après une présentation de l’appel du 1er février 2004, un diagnostic assez fouillé de la pauvreté en France.
La réalité est décrite avec précisions .
Martin Hirsch explique clairement les raisons d’un maintien voire d’une aggravation de la pauvreté et de la précarité.
La comparaison par rapport à 1954 est édifiante, il y avait à l’époque des poches d’extrême pauvreté dans un pays en reconstruction alors qu’aujourd’hui : « Nous ne vivons pas une exclusion de société de pénurie, comme nous en avons connu, mais une exclusion d’un tout autre genre, une exclusion de société d’abondance »…
La société est duale, les écarts se creusent, des familles entières subissent l’exclusion sociale, la misère…
Cela n’arrive pas qu’aux autres !
Si de nombreuses personnes issues de familles pauvres, subissent à leur tour la pauvreté, d’autres arrivent à une même situation suite à une perte d’emploi, un surendettement.
« Personne n’est protégé. Aujourd’hui plus que jamais, dans une société de plus en plus pressante pour l’individu, un faux pas peut être fatal. »
Ce livre est fort utile, la photographie réaliste que l’auteur réalise avec de nombreux indicateurs relevés est suivie d’ une analyse que l’on peut parfois contester.
Je ne suis pas l’auteur de cet ouvrage quand il renvoie dos à dos les libéraux et les défenseurs des acquis sociaux : si les premiers sont pour le moins d’Etat possible, j’approuve les seconds quand ils défendent les acquis et qu’ils désapprouvent certains allégements fiscaux accordés aux entreprises… Ces aides sont le plus souvent portées sur des contrats à durée déterminée ou même précaires.
Mais c’est ça aussi le débat… des convergences et des divergences !
L’auteur n’oublie pas de pointer les incohérences des politiques publiques : le RMI établi en 1988 est devenu une conquête sociale importante mais pourquoi l’avoir placé en-dessous du seuil de pauvreté !?
Dans ce livre nous rencontrons plusieurs vies : de la descente aux enfers à la sortie du tunnel ! Nous côtoyons des exclus, reconstruits avec l’aide de bénévoles qui deviennent militants à leur tour.
Une partie de l’histoire d’Emmaüs France nous est comptée : sa naissance, son développement son combat pour lutter concrètement contre la misère en aidant les personnes démunies à retrouver une dignité qu’elles croient irrémédiablement perdues.
Si l’auteur se prononce pour des aides de l’Etat suffisamment importantes en direction des plus fragilisés, il pense que cela ne suffit pas.
Une action complémentaire de bénévoles, s’impliquant au plus près pour accompagner, aider et construire des projets avec ceux qui rencontrent des difficultés est nécessaire.
Aujourd’hui, l’engagement associatif de soutien, de solidarité est fort utile mais il faut absolument que des mesures concrètes soient prises aussi par l’Etat pour éradiquer la pauvreté pas, comme en Grande Bretagne où l’Etat se donne vingt ans pour mettre fin à la misère !?