Spartacus

Message par Jacquemart » 03 Fév 2005, 09:28

Je ne sais pas si Koestler était un anticommuniste "forcené". On peut en tout cas comprendre son pessimisme, comme celui de toute une génération, après que l'espoir incarné par la révolution russe ait produit l'atroce caricature stalinienne.

C'est certain, le récit de Fast évite ce genre d'écueils ; mais c'est parce qu'à sa manière, c'est un catéchisme apolitique. Les gentils sont d'un côté, les méchants de l'autre, et aucun choix ne se pose à la direction des révoltés. Qu'on se comprenne bien : ce bouquin m'avait enthousiasmé, et aujourd'hui encore, je le prête volontiers. Mais s'il dénonce avec vigueur les tares de la société esclavagiste, s'il fait souffler le vent de la révolte contre les injustices, il évacue tous les problèmes qui ont pu, ou qui peuvent, se poser dans de telles révoltes. En ce sens, le bouquin de Koestler, même s'il est beaucoup plus sombre, est pour moi largement plus profond.

Je ne sais pas si Spartacus a raison de faire crucifier les indisciplinés ; je ne me rappelle pas précisément l'épisode. Mais si ma mémoire est bonne, tout le récit montre un Spartacus perpétuellement coincé dans des situations où il ne peut que soit faire périr la révolte rapidement en laissant libre cours à certains comportements, soit risquer de la faire dégénérer en dictature personnelle en les réprimant. Comment les problèmes se sont-ils réellement posés à l'époque, personne n'en sait rien, en tout cas pas moi !

Mais ce qu'on peut discuter, et c'est ce Koestler avait en tête, c'est du parallèle avec les révolutions prolétariennes, passées ou futures. En particulier, du fait que les prolétaires, à la différence des esclaves du roman, pourront assumer un contrôle collectif de leur direction, et ne pas nécessairement devoir s'en remettre à un homme providentiel.

Quant à réprimer y compris des prolétaires pour indiscipline, fuite devant l'ennemi, marché noir ou autres, l'expérience a montré qu'un Etat ouvrier ne serait (malheureusement) pas à l'abri de devoir le faire...
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Message par bennie » 07 Fév 2005, 12:11

moi, je préfère le spartacus de Koestler à celui de Fast. Je l'ai trouvé plus réaliste. Vous avez raison, il souligne de nombreux problèmes dont il faut discuter, qu'on ne trouve pas chez fast.

Les deux versions donnent quand même vachement envie de se révolter.

Je ne suis pas d'accord avec Canardos, je ne pense pas que Koestler ait écrit un livre dégueulasse. Quand Spartacus a le pouvoir, il devient dégueulasse, c'est pourquoi il faut que les révolt's gardent le pouvoir et pas seulement Spartacus, et quand même, et c'est pourquoi je pense que ce livre n'est pas dégueulasse, il refuse à la fin de boire le verre tendu par les romains, il ne cède pas à l'ennemi.
bennie
 
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Message par logan » 07 Fév 2005, 17:05

(canardos @ lundi 7 février 2005 à 16:49 a écrit : pas d'accord....j'ai trouvé le spartacus de fast extremement réaliste dans la peinture des rapports sociaux....le topo ou il explique comment le petit agriculteur romain appauvri par la concuurence des latifundia et de leur main d'oeuvre esclave devient legionnaire et sert justement à renforcer ce pouvoir des latifundias qui le ruineront contre les esclaves dont la victoire demantelerait justement ces latifundias est un regal....

la description de la plebe romaine est tres juste...

et la mentalité des esclaves est tres bien décrite, sans projection de la mentalité du XXieme siecle, contrairement à Koestler qui plaide essentiellement pour l'inutilité des révolutions....il y a bien quelques paralleles transparents mais pas plus....

et les personnages des gladiateurs sont decrits avec enormement d'humanité....

bref, le koestler est à jeter à la poubelle comme un^pamphlet contre revolutionnaire à peine déguisé, alors que le Fast est vraiment un roman génial et réaliste!
Entièrement d'accord.

Il y a aussi un passage mémorable où Fast dépeint avec brio les dirigeants politiques de la classe dominante.
logan
 
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