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Publié :
30 Mars 2005, 12:23
par lavana
Je viens de lire un polar( conseillé par l'Huma) Anthracite de Valério Evangelisti auteur de science fiction connu pour sa série sur l'Inquisiteur Eymerich.
Anthracite est situé en 1875 dans les mines de charbon de Pennsylvanie. On y croise les Molly Maguires, (qui pratiquent l'assassinat des surveillants, des petits chefs) J'ai trouvé assez peu de documentation sur cette organisation. Citée très brièvement par Howard Zinn dans son "histoire populaire".
Evangelisti fournit une bibliographie mais en anglais.
Quelqu'un a-t-il des infos plus complétes sur les Molly Maguires ?
En 1970 un film sur le sujet "traître sur commande" avec Sean Connery..

Publié :
30 Mars 2005, 16:50
par eruditrotsk
J'ai lu Anthracite que j'ai trouvé intéressant. Vu aussi dans le temps le film avec Sean Connery. Il n'y a pratiquement rien en français là-dessus. C'est un sujet controversé. Le livre de Bimba (PC américain) nie l'existence des Molly Maguires. Il est bien difficile de savoir ce qu'il en est vraiment. Il y avait des franc-maçonneries en milieu ouvrier ("chevaliers du travail"). Les Molly peuvent être l'une d'entre eux. Mais si on suit le film (réalisé par un compagnon de routedu PC qui a brodé à partir du livre de Bimba vraisemblablement), on peut penser qu'il s'agit aussi d'une manipulation par la police de militants combatifs, ce qu'on retrouve aussi plus ou moins dans le roman Anthracite. Je crois qu'on y gagne à ne pas trop se braquer sur les Molly Maguires mais à plutôt s'intéresser au roman sous l'angle d'une description de la situation américaine en 1875 qui est autant le sujet du livre... et qui fait son intérêt.
Foner (autre historien proche du PC américain, mais plus récent et plus scientifique de Bimba n'est pas non plus très disert sur les Molly.) La principal problème est que, organisation secrète ouvrière ou opération d'intoxication de certains milieux ouvriers par le patronat, de toute façon, il n'y a pas beaucoup d'éléments pour en parler sans broder...

Publié :
30 Mars 2005, 17:52
par lavana
Merci pour ta réponse. Effectivement ce n'est pas le sujet principal du bouquin mais comme ce point est controversé, il peut être intéressant de tenter de l'éclaircir un peu.
En tout cas l'auteur nous rappelle, s'il en était besoin, que l'assassinat comme méthode de lutte syndicale mène dans une impasse. ( En plus du problème moral)

Publié :
30 Mars 2005, 19:28
par tovarich1917
Ca me rappelle une très belle chanson des Dubliners :
Chorus:
Make way for the Molly Maguires
They're drinkers, they're liars, but they're men
Make way for the Molly Maguires
You'll never see the likes of them again
Down the mines no sunlight shines
Those pits they're black as hell
In mud and slime they do their time
It's Paddy's prison cell
And they'll curse the day they travelled far
And drowned their tears with a jar
(Chorus)
Backs will break and muscles ache
Down there there's no time to dream
Of fields and farms, of women's arms
Just dig that bloody seam
But they'll break their bodies underground
Who'll dare to push them around?
(Chorus)

Publié :
06 Avr 2005, 15:02
par eruditrotsk
L'assassinat de ses adversaires n'est effectivement pas une politique, mais c'est une réaction primitive qui peut se comprendre dans certains cas, comme le bris des machines à l'aube du mouvement ouvrier.
Dans "La terre de la grande promesse" de Wajda, on voit un vieil ouvrier qui se bat avec un contremaître parce qu'il a débauché sa fille et qui finit par le tuer plus ou moins accidentellement (ils se battent à côté d'une machine dangereuse). Franchement, je n'ai pas eu d'état d'âme vis-à-vis de la mort de ce contremaître dégueulasse. Il faut aussi comprendre que dans la vie infernale qu'on peut faire mener aux gens, il y a aussi les germes de réactions vives qui ne sont peut-être pas justes politiquement ou pas proportionnées mais compréhensibles.
Je pense aussi à ce que disait Marx des deux généraux fusillés par les soldats ralliés à la population parisienne le 18 mars 1871. Marx disait quelque chose comme c'était évidemment une réaction dure... mais ne venait-on pas de leur apprendre à tuer sans se poser de questions pendant la guerre de 1870 ?...