La séparation des Eglises et de l’Etat

Message par Valiere » 11 Août 2005, 11:18

« L’Etat chez lui,
l’Eglise chez elle »
Comprendre la loi de 1905
De Jean-Paul Scot
Comprendre la loi de 1905
Editions du Seuil
Collection inédit histoire
389 pages
mai 205

La séparation des Eglises et de l’Etat : un combat social et politique

« L’Etat chez lui,
l’Eglise chez elle »
En reprenant cet extrait d’un discours tenu par Victor Hugo le 15 janvier 1850, l’auteur annonce l’enjeu de ce combat laïque.
Ce livre explique clairement, pourquoi et comment la loi du 9 décembre 1905, dite loi de séparation des églises et de l’Etat est devenue l’un des textes fondamentaux organiques de la République française.

Enfin une oeuvre qui ne se contente pas de survoler la question de la séparation !
Enfin une oeuvre pleine qui nous plonge dans le contexte de l’élaboration de cette loi essentielle et nous entraîne dans les débats qui ont traversé les cléricaux et surtout les laïques !
L’auteur commence à présenter et à décortiquer le rapport de la « commission Aristide Briand » qui situe la problématique de la séparation des églises et de l’Etat dans un contexte historique précis.
L’analyse de la période antérieure à l’adoption de la loi du 9 décembre 1905 permet de mieux comprendre les enjeux et l’évolution des rapports de force
L’interdiction de tout enseignement congréganiste est prononcée malgré l’opposition des cléricaux et grâce à une mobilisation exceptionnelle des laïques en général et de la gauche socialiste représentée par Jean Jaurès en particulier.
Tout est possible ou presque....
La Ligue de l’Enseignement refuse en septembre 1902 de suivre le Grand Orient qui exhorte Combes à « instaurer le monopole de l’enseignement laïque » !
Le rendez-vous des laïques avec l’histoire est raté....
Ce premier faux pas de la Ligue hypothèque l’avenir !
Le débat va se poursuivre sur un autre terrain : faut-il mettre fin au concordat entre l’Etat et l’Eglise ou maintenir un contrôle étatique tout en supprimant tout subventionnement aux cultes ?
Le changement de majorité et la consolidation de la troisième république n’explique pas à lui seul que les « séparatistes » finissent par être majoritaires à gauche
Le raidissement du clergé « ultramontain » qui soutient la droite monarchiste et la rupture diplomatique provoquée par le Pape Pie X et prononcée par le gouvernement républicain ont permis de convaincre les derniers récalcitrants.
« La rupture consommée, les jours du Concordat sont comptés. Emile Combes prononce un discours important le 4 septembre 1904 à Auxerre. On date de ce moment sa prise de parti en faveur de la Séparation, mais, comme le montrent ses propos, il se résout davantage à l’inéluctable qu’il ne se « convertit » au principe. Le président du Conseil déclare en effet : « Le pouvoir religieux a déchiré ostensiblement le Concordat. En ce qui me concerne personnellement, il n’entre pas dans mes intentions de le rapiécer... »

Mais Emile Combes toujours partisan d’un contrôle de l’Eglise par l’Etat finit par démissionner de son poste de « chef du gouvernement » le 18 janvier 1905...La voie est libre pour la discussion du projet Briand...La séparation de l’Eglise et de l’Etat sera votée par les deux chambres après d’Âpres discussions...
L’auteur nous montre les clivages et divergences qui existent entre les laïques et surtout nous fait vivre ce débat vif autour d’articles fondamentaux ...Même en désaccord avec l’article 4 mettant en place une séparation libérale et non étatiste, la gauche vote largement le texte car au-delà des divergences qui s’expriment, il faut faire corps et peser pour l’avenir.
L’affirmation d’une orientation gouvernementale « ni capitulation ni persécution » face à l’intransigeance du Pape qui impose à ses évêques le refus de constituer des associations cultuelles et même de négocier a permis d’installer la loi de séparation dans la durée.
Le Vatican finit d’ailleurs, « à son corps défendant » par céder près de 20 ans après la promulgation de la loi de séparation...

Le débat des politiques et des historiens sur cette période se poursuit, les divergences entre les séparatistes largement présentées dans ce livre permettent à chacun en toute connaissance de cause de donner son point de vue...
Je partage l’avis de Jean-Paul Scot quand il affirme qu’ « en faisant échouer l’établissement d’un enseignement public unifié sous prétexte de défendre la liberté de l’enseignement contre le monopole étatique, Clemenceau et Buisson ont cautionné la durable division scolaire »

Valière
Valiere
 
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