laïcité, la croix et la bannière

[Valiere]

« laïcité
la croix
et la bannière »
de Jean-Michel Reynaud et d’Alain Simon
aux éditions Bruno Leprince
200 pages
15 €
mai 2005

Ne pas baisser la garde !


La postface d’Henri Caillavet resitue l’objectif visé par les deux auteurs de ce livre :
« Je conclurai cette postface en invitant tous les laïques ( croyants, agnostiques, athées), de ne jamais baisser la garde. Face aux dogmatismes, aux cléricalismes, ayons la fierté d’être, en toutes circonstances les avocats de Socrate »
Pour ne pas baisser la garde, les deux auteurs de ce livre nous invitent à comprendre le sens et la portée de la loi de séparation des églises et de l’Etat et par là-même à appréhender ce texte fondamental inscrit dans un contexte politique particulier : la consolidation de la République....
Aujourd’hui dans le cadre du débat sur le port des signes religieux à l’école, d’aucuns à cours d’arguments osent accuser les laïques de racistes ( !) parce qu’ils s’opposent à l’intégrisme et au cléricalisme.
Les auteurs en donnant la parole à Ernest Monis, sénateur s’exprimant le 13 novembre 1905 clarifient les termes : « Messieurs, les adversaires de la loi peuvent nous traiter d’anticléricaux- le cléricalisme voulant surtout l’union de l’Eglise et de l’Etat pour assurer la domination de l’une sur l’autre- il ne leur est pas permis de faire passer pour anti-religieux tous les partisans du projet actuel » !
Les politologues ont l’habitude de rallier la quatrième république et même la troisième ...Ils oublient de rappeler, qu’au-delà des imperfections de ces systèmes parlementaires, ces républiques avaient le mérite de faire vivre un véritable débat parlementaire, vivant et relayé dans le pays...
C’est d’ailleurs ce que nous montrent Jean-Michel Reynaud et d’Alain Simon.
Certains amendements proposés et adoptés sont positifs, d’autres moins.
Ce n’est que de justesse, contre l’avis du gouvernement qu’un amendement à l’article 2 a permis que les services d’aumôneries soient autorisées et inscrites aux dits budgets dans les lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons...
Cet amendement sans remettre en cause la philosophie générale de la loi de séparation est une entorse aux principes que les laïques défendent...
Le regret que l’on peut exprimer, c’est que cette mesure, votée par les assemblées aurait pu être remise en cause avec l’adoption ultérieure d’un nouveau texte !
Malheureusement les majorités qui se sont succédées ont renoncé à parfaire la loi ....

Ce livre, très clair et facile à lire présente deux originalités par rapport à d’autres :

- il nous renseigne sur l’influence de la Franc maçonnerie, lieu de débat et d’élaboration de pré-projets parlementaires ;
- il nous permet de mesurer l’abîme qui sépare la constitution française de celle des autres pays européens.

Il s’agit pour les deux auteurs de rappeler l’actualité de la laïcité, ce qui les conduit à expliquer la nocivité du projet de constitution européenne et de porter une appréciation juste de la loi du 15 mars 2005 :

« La dernière loi sur l’application de la laïcité à l’école est tout à fait insuffisante devant l’ampleur des rappels à faire sur l’ensemble des rappels à faire sur l’ensemble des droits et devoirs qui s’imposent à tous les services publics comme aux collectivités locales »

Cet ouvrage constitue à la fois un outil militant et à la fois un vecteur de communication accessible à un large public.
Sa conclusion ne peut que réconforter et encourager tous ceux qui estiment que les valeurs des lumières doivent être défendues :
« La vigilance s’impose aux citoyens pour que nos enfants puissent dire à leur tour : « Laïcité, j’écris ton nom ! » »

Valière