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Message Publié : 03 Sep 2005, 09:05
par Valiere
« Tout sur l’école »
d’Alain Bentolila
éditions Odile Jacob poche
272 pages
août 2005
9 €

TOUT MISER SUR L’ECOLE MAIS COMMENT ?

« Tout sur l’école » est une analyse rigoureuse de la situation suivi de propositions de transformation présentées comme « cinq chantiers pour une école en résistance. »
De prime abord, le parti pris de l’auteur ne pouvait qu’attirer ma sympathie.
Je partage une bonne partie de son appréciation :
les raccourcis polémiques qui consistent à traiter tel auteur de réactionnaire et tel autre de fossoyeur m’horripilent...
« Nous vivons un temps où l’on espère apaiser le tumulte du monde et en corriger les cohérences en s’obstinant à « loger » les gens dans des cases qui n’ont de sens que par leur opposition »....
Le diagnostic qu’effectue Alain Bentolila est rigoureux et convaincant, il rejoint celui qu’établissent de nombreux professionnels...
Aujourd’hui de nombreux jeunes qui sortent du système scolaire sont en « insécurité linguistique », ne maîtrisant ni l’écrit, ni le langage oral...quant à l’école elle-même, elle doit faire face à des générations d’enfants et adolescents qui mettent en place une « tribalisation de l’échec » et gare parfois à ceux et surtout celles qui veulent apprendre, très vite, elles risquent d’être montrées du doigt, marginalisées, voire maltraitées par leurs pairs...
« Passivité, crédulité, simplisme, communautarisme, tels sont les mots des ennemis de l’école ; ils sapent ses ambitions intellectuelles et rendent son projet inopportun et déplacé. Ils sont des sergents recruteurs efficaces qui enrichissent les rangs de plus en plus fournis de la tribu des « désabusés de l’école ». »

Le propos et la démonstration sont illustrés par des études de cas, relatés et commentés, ce qui permet de donner de la puissance à l’argumentation.
L’école, irremplaçable, qu’il faut défendre doit affronter des ennemis puissants, chloroformant des intelligences comme le font la télévision et même internet.....

La défense des intérêts ne doit surtout pas conduire à un repliement sur soi surtout en ces temps où des forces obscures se conjuguent pour menacer l’intelligence des élèves.

Comme tout bon diagnostic dont je partage d’ailleurs les grandes lignes, l’auteur, professeur de linguistique termine son livre par des axes de transformation.
J’ai trouvé, mais c’est un parti pris, les propositions concernant l’école maternelle, la formation des maîtres et le collège particulièrement intéressantes, voire innovantes...
Il s’agit à la fois de préciser la fonction de l’école maternelle, essentielle dans la lutte contre l’illettrisme et la discrimination, ayant comme « tâche essentielle de faire prendre de bonnes habitudes linguistiques, intellectuelles et sociales » et à la fois permettre aux enseignants de tous les niveaux de disposer d’une « formation professionnelle au métier d’enseignant »...
Quant au Collège, Alain Bentolila rejoint la réflexion de certains professeurs : « Il faut que les activités techniques et technologiques y occupent pour tous les élèves, sans aucune exception, une place égale à celle des disciplines dites générales. » Cela ressemble à une revendication syndicale encore minoritaire qui demande une formation polyvalente et polytechnique pour tous...Comme quoi les « corporatistes » un tout petit peu égratignés au passage peuvent eux aussi innover !

Permettre à chaque enfant de maîtriser la langue, faire échec à l’échec scolaire, faire disparaître la ghettoïsation scolaire... voici là des objectifs ambitieux à atteindre.

Cet essai contribue à ouvrir quelques pistes mais comme l’affirme son auteur, il ne faut pas seulement des mesures immédiates mais aussi une action réfléchie, construite qui s’inscrit dans le temps.