
Publié :
19 Nov 2005, 20:00
par logan
C'est sorti en octobre 2005.
Quelqu'un l'a lu?


Publié :
23 Nov 2005, 11:53
par volia
(logan @ samedi 19 novembre 2005 à 22:00 a écrit : C'est sorti en octobre 2005.
Quelqu'un l'a lu?
Je n'ai pas lu, mais on m'en a dit du bien.
je cite :
" JJM ne renie rien, il est pleinement solidaire des décisions prises par les bolcheviks de l'époque, notamment sur cronstadt."

Publié :
23 Nov 2005, 22:51
par artza
Oui je viens de le lire c'est effectivement un bouquin intéressant même si bien sur il ne montre pas de faits nouveaux et risque peu de modifier les opinions de chacun surtout dans l'ambiance actuelle.
Rappellons également le petit livre "La tragédie de Cronstadt" de Paul Avrich qui avait travaillé à partir des archives américaines et qui concluait:
"Dans le cas de Cronstadt, l'historien peut se permettre d'affirmer que sa sympathie va aux rebelles, tout en concédant que la répression bolchevik fut justifiée".
C'était un travail honnête ou les sympathies de l'auteur ne l'empêchait pas d'appréhender la réalité.
J-J Marie en plus des ouvrages consacrés à cet événement à put consulter les archives russes (soviétiques).
Il aborde et démonte les différends point de vue sur Cronstadt.
Etait-ce la troisième révolution après Février et Octobre?
Un complot garde-blanc monarchiste?
Le crépuscule sanglant des soviets et la naissance de ce qui fut le stalinisme?
Une mutinerie anti-bureaucratique? anti-communiste?
Une révolte anti-bochevik de soldats-marins-paysans?
Ou l'ultime soulévement des héros révolutionnaires d'Octobre 17?
Marie décrit largement la situation dramatique de la Russie rouge à l'issue de la guerre civile dont il traite dans un autre ouvrage.
La Russie est exangue, affamée littéralement, transie de froid. Parcourue par des bandes de pillards qui ne ne sont parfois que des hordes d'enfants orphelins couverts de gourme et de poux.
Des détachements ouvriers investissent les villages et réquisitionnent les paysans pour nourrir les villes et ne peuvent même pas leur fournir des clous et de la ficelle en échange.
L'Armée rouge victorieuse à quel prix doit faire face à tout. Fournir des cheminots, des infirmiers, des instits. Remettre en marche des usines aux machines rouillées. Reconstruire des ponts et n'est certes pas une école de démocratie prolétarienne.
Par les chiffres Marie valide l'argument de Trotsky ceux de Cronstadt en 21 n'était pas ceux de 17. Ce qui est une évidence mais enfin mieux vaut la fonder.
Marie montre aussi qu'une victoire de Cronstadt ne pouvait être que la porte ouverte au retour de la réaction la plus extrême.
Le mot d'ordre des "Cronstadtiens" des soviets sans bolcheviks fut rapidement le mot d'ordre de toute la réaction.
Bien sur les soviets de 21 n'étaient que l'ombre grise de ceux de 17 mais leur cerveau et leur colonne vertébrale c'était le parti bolchevik.
La réaction dut attendre encore quelques décennies.

Publié :
25 Nov 2005, 19:30
par gerard_wegan
Question pour artza qui a lu le livre : le CERMTRI avait déjà publié dans l'un de ses récents Cahiers (n°110, juin 2003) un ensemble de documents sur Cronstadt-1921 traduits (par JJM, d'ailleurs, si je me souviens bien) de deux ouvrages d'archives publiés en Russie suite à l'ouverture assez récente de nouvelles archives. Tu dis cependant que le livre ne montre pas de faits nouveaux ! Mais apporte-t-il au moins sur ces faits des éléments nouveaux intéressants, comme les sources (courriers, rapports, etc.) citées dans la publication du CERMTRI ? C'est en tout cas ce qu'annonce l'éditeur, cité sur le site de la FNAC...

Publié :
27 Nov 2005, 09:28
par artza
Je n'ai pas lu le cahier du CERMTRI consacré à Cronstadt.
Dans l'avant-propos de son bouquin J-J.M évoque "les archives (qui) ne sauraient par elles-mêmes répondre aux questions (...). Parfois la relation des événements est si différente d'un document à l'autre que leurs auteurs semblent ne pas parler des mêmes faits. Mais elles permettent de ne pas se déterminer en fonction des seules déclarations idéologiques (...) ou des flonflons de la propagande".
Par ailleurs J-J.M souligne une différence d'appréciation de Cronstadt entre Lénine et LT, à 17 ans d'intervalles!
Le premier déclare au cours et à l'issue du Xème congrès du Parti tenu pendant le soulévement.
"Les évenements de C. sont un éclair qui a illuminé la réalité plus vivement que tout" et plus haut "tout ramené aux leçons de C., tout, depuis le début jusqu'à la fin".
Pour LT 17 ans plus tard: "C. ne se distingue de toute une série d'autres mouvements que par un apparence extérieurement plus impressionante. Il s'agit d'une forteresse militaire aux abords même de Petrograd (...). Des SR et des anarchistes qui se hâtèrent de débarquer à Petrograd enrichirent ce soulèvement de "belles" phrases et de "beaux" gestes. Tout ce travail laissa des traces sur le papier".
C'est ce que LT appelle "la légende de C." et commente par "beaucoup de bruit autour de C."
En effet ce n'est pas le point de vue de Lénine mais 17 ans plus tôt, à chaud, dans de toutes autres circonstances.
Il y a du vrai et du bien vu dans ces propos de LT. Il faut ajouter que LT en plein procès de Moscou monceau de mensonges et de calomnies soutenu par l'avocat de la Ligue des droits de l'Homme française, en pleine terreur hystérique anti-trotskyste lui même sera assassiné peu de mois après doit faire face à une coalition de libéraux-libertaires-soc-dém; qui face aux procès de Moscou n'ont pas de taches plus urgente que de faire le procés de LT à propos de Cronstadt.

Publié :
15 Déc 2005, 17:43
par artza
(txi @ vendredi 25 novembre 2005 à 19:26 a écrit : (artza @ mercredi 23 novembre 2005 à 23:51 a écrit : Le mot d'ordre des "Cronstadtiens" des soviets sans bolcheviks fut rapidement le mot d'ordre de toute la réaction.
Bien sur les soviets de 21 n'étaient que l'ombre grise de ceux de 17 mais leur cerveau et leur colonne vertébrale c'était le parti bolchevik.
La réaction dut attendre encore quelques décennies.
Quelques décennies ?!!!!!!!!!
Quand situes-tu la victoire de la réaction ?
Je voulais parler de la réaction capitaliste.
Ben oui quelques décennies. Huit ou neuf? A-t-elle aujourd'hui tout gommé d'Octobre 17?

Publié :
18 Juin 2006, 15:16
par Valiere
JE VIENS DE LE LIRE APRES AVOIR LU LA CHRONIQUE ICI MEME
« Cronstadt »
de Jean-Jacques Marie
Dissiper les voiles de la légende
Rappelle-toi Cronstadt ! C’était une véritable révolution antibureaucratique écrasée , voici pour la version libertaire...
Oh que non ! ce n’était qu’une offensive réactionnaire dangereuse qu’il fallait stopper avant qu’il ne soit trop tard, voila la version marxiste léniniste....
Ce sont là des échanges interminables entre révolutionnaires, 90 ans après la révolution russe...
Qui a raison ?
Jean Jacques Marie, historien a voulu apporter sa marque, en s’appuyant sur les archives soviétiques enfin ouvertes pour nous livrer sa vérité ou du moins dissiper les voiles d’une légende entretenue.
Aucun document n’a été oublié, l’historien a voulu expliquer les raisons de la révolte en s’appuyant sur de nombreux pièces d’archive d’époque et aussi sur des éléments d’analyse contradictoires venant des blancs, des bolcheviks, des SR, des mencheviks et des anarchistes.
Les erreurs commises par le Parti Communiste, resituées dans le contexte historique d’une guerre civile sans pitié ne sont pas évacuées, il ne s’agit pas de reconstruire l’histoire comme ont pu le faire les historiens staliniens mais de donner plus qu’un éclairage sur le mythe encore vivant.
Jean Jacques Marie profite de l’occasion pour fustiger d’ailleurs certains prétendus historiens comme Semanov qui commence à écrire en 1973 : « la liquidation de l’émeute antisoviétique de Cronstadt » pour écrire en 2003 que Zinoviev et Trotsky ont été des « sombres aventuriers », « tous acharnés à jeter les jeunes paysans-soldats russes dans une boucherie fratricide » !?
Avec Jean Jacques Marie, on change de registre, il s’agit là d’une recherche scientifique qui refuse de masquer certaines réalités.
Le lecteur peut ainsi saisir les enjeux et comprendre pourquoi cette révolte n’a pas abouti à une victoire des insurgés. Le refus des travailleurs de Pétrograd d’entrer en mouvement aux côtés de ceux de Cronstadt malgré leur ressentiment a permis d’isoler les mutins n’ayant de fait aucun soutien significatif autre que les révoltes des paysans qui d’ailleurs n’ont pas embrasé le pays malgré certaines annonces.
Les différents commentateurs, qu’ils se réclament de tel ou tel courant politique,
« tous oublient qu’en instaurant l’impôt fixe en nature et en proclamant la NEP- même si elle se traduit dans les faits-Lénine a retiré aux paysans, peu sensibles à l’idéologie et aux discours, et donc aux soldats-paysans, leur principal grief et leur principale raison de s’insurger. La décision politique de Lénine est la première cause de l’isolement et de l’échec, dès lors programmé ; de Cronstadt... »
Cette oeuvre majeure nous sort fort heureusement des arguments ressassés de part et d’autre.
Elle nous fait comprendre une situation complexe en évitant deux écueils symétriques : le classement précipité de cette révolte dans la catégorie des combats anti bureaucratiques et l’idéalisation d’une direction et d’une politique du parti bolchevik.
Valière

Publié :
23 Juin 2006, 14:06
par Eric
Je viens de finir le Cronstadt de JJ Marie. Je suis au PT comme lui, voilà c'est dit. J'avais eu beaucoup de mal avec son Staline (Fayard 2001), que j'avais trouvé plutôt mal écrit, très froid et sans humanité (il est vrai que le sujet avait des dispositions !). Avec Cronstadt, on a un travail très rigoureux, très équilibré et dont les tenants et aboutissants sont exposés clairement. Je recommande. La lecture est même presque facile, fluide, j'ai été tenu en haleine, on a affaire à un vrai récit, en plus du travail d'historien, j'allais dire "objectif", excusez-moi ! Une réserve : J'aurais aimé, dans le dernier chapitre, plus de développement sur "l'héritage" de Cronstadt chez les anarchistes mais aussi la discussion dans les PC notamment français. Mais pour ce dernier, peut-être n'a-t-elle tout simplement pas eu lieu.

Publié :
23 Juin 2006, 15:24
par artza
Le PC condamne aujourd'hui la politique et la répression des bolcheviks à Cronstadt
C'est l'occasion en plus d'en remettre une louche sur Trotsky. Pourquoi se gêner?
Cronstadt faisait l'unanimité des anarchistes à l'extrême droite en passant par les sociaux-démocrates à leur grand dam les staliniens étaient exclus de cette union sacrée leurs descendants ont remédié à ce malentendu.