Je voudrais une opinion d'un camarade qu'il la vue merci :wavey:
Le Nouveau monde
La critique du film
L'histoire - 1607 : trois navires anglais accostent sur la côte ouest de l’Amérique pour implanter une colonie. Le capitaine Smith est envoyé pour établir un contact avec un puissant chef indien, dont la fille Pocahontas va se lier à l’officier. Un lien qui la mènera jusqu’en Angleterre, au terme de luttes intestines et entre autochtones et colons...
La critique - Signataire de quatre films en plus de trente ans de carrière, Terrence Malick est un cinéaste rare et exigent, de la veine d’un Welles ou d’un Kubrick. Sa dernière œuvre, Le Nouveau monde, ne dépareille pas dans sa filmographie, où les rapports humains s’articulent au sein d’une nature magnifiée et où se mêlent contemplation et sens de l’épique
Après La Ligne rouge, autour de la bataille de Guadalcanal, Terrence Malick s’attaque aux prémices de la colonisation anglaise du territoire américain, en traitant d’une histoire fondatrice de l’Amérique, devenue une légende, celle de Pocahontas et du capitaine Smith. Si elle est mal connue sous nos latitudes, elle fait partie intégrante du patrimoine anglo-saxon, les studios Disney en tirant même un dessin animé de long métrage en 1995 (Pocahontas, une légende indienne) et une suite. Malick ne s’intéresse guère à la légende, s’attachant avec une rigueur maniaque à l’Histoire et sa fidèle reconstitution.
Les débuts de la colonisation anglo-américaine à l’aube du XVIIe siècle ont rarement été traités au cinéma. Hormis trois versions de La Lettre écarlate, d ’après Hawthorne, guère d’oeuvres marquantes. Le XVIIIe siècle n’est pas mieux lotis, à part les nombreuses versions du Dernier des Mohicans, d’après Fenimore Cooper. Malick fait donc quasiment œuvre de pionnier, entraînant des recherches historiques importantes sur une époque et une aventure mal connues.
Celles ci ne sont toutefois pas très éloignées d’un Christophe Colomb, dans la découverte d’un territoire vierge et de populations qui n’avaient jamais vu d’hommes blancs, dont la technologie semble relever de la magie. Aussi, au premier plan, Terrence Malick situe-t-il l’espace et la lumière, sa caméra ne cessant d’exalter une nature sauvage et pure en s’attardant sur les cours d’eau, les arbres et le soleil jouant dans les feuillages. Il poursuit en cela une approche qui jalonne toute son œuvre, des vastes étendues de La Ballade sauvage, à la végétation luxuriante de La Lignerouge, en passant par les vastes champs de blé des Moissons du ciel.
Cette approche contemplative alimente une temporalité alanguie que soulignent de lents travellings, au rythme de la progression des hommes sur une terre nouvelle, qui, croyant découvrir le paradis, vont connaître l’enfer. De fait, si la mise en scène de Terrence Malick se veut méticuleusement révérencieuse envers l’Histoire, elle atteint le mystique par ce rapport intrinsèque entre l’homme et la nature qu’exalte son mode de filmage.
La reconstitution est quant à elle remarquable sur plus d’un point. Des trois navires remontant l’estuaire, au village fortifier de Jamestown, en passant par les huttes des indiens algonquins, leurs parures et peintures corporelles, tout ici est marqué du sceau de l’authenticité. Rien n’est laissé au hasard avec un foisonnements de détails dans le moindre accessoire, qu’il s’agissent des armes, des costumes, ou des objets usuels.
Tout cet univers reconstitué sert un récit puissant où se croisent la source d’une civilisation nouvelle et l’amour, avec au coeur le drame indien, né de l’expropriation des terres qui annonce la fin d’un mode de vie. Pocahontas est à la croisée de ces chemins, incarnant le rapprochement idéalisé entre les peuples et la prise de pouvoir de l’un sur l’autre. Elle apparaît comme une victime expiatoire, d’abord répudiée par les siens, puis, une fois débarquée en Angleterre, elle contractera rapidement une maladie fatale.
Histoire extraordinaire et véritable, Terrence Malick en donne une magnifique version, tant dans sa beauté formelle que son sens. Q’orianka Kilcher est idéale en Pocahontas et illumine tout le film d’une grâce naturelle ; Colin Farrell en John Smith promène tout son long un regard en creux, comme en abîme, mélancolique, qui traduit un idéal perdu d’avance. Signataire du scénario et de la mise en scène, Terrence Mallick nous livre encore une œuvre splendide et forte. Partant d’une histoire devenue un archétype, sinon un mythe, il en fait un nouveau monde.