« La guerre des copyrights »
d’Emmanuel Pierrat
Editions Fayard
Janvier 2006
278 Pages
19 €
Entre le droit à la culture et le droit de la culture....
Et les intérêts des requins....
Le débat fait rage actuellement dans les médias et jusqu’aux bancs de l’Assemblée Nationale : comment protéger les auteurs et compositeurs tout en permettant un libre accès à la culture via le net ?
Tout n’est pas si simple, les requins propriétaires des maisons d’éditions et les Majors de la Musique veillent au grain, au leur, pillant sans vergogne les auteurs y compris après la mort de ces derniers.
Entre les arrêtés royaux de 1777 à 1992 avec le « code de la propriété intellectuelle », que de combats judiciaires....
Aujourd’hui tout ou presque rentre dans le domaine du privé protégeable : du livre bien entendu, aux sermons en passant par l’habillement et la parure.
Une offensive contre « le piratage », la contrefaçon est mené tout azimut. L’auteur de ce livre fort documenté d’ailleurs nous donne des informations intéressantes sur les affaires en cours, les jurisprudences en la matière, n’hésitant pas à montrer que les principes ne sont que des paravents, seul l’intérêt personnel compte :
« N’oublions pas qu’à cette aune-là, certains géants qui se disent aujourd’hui en péril ont eux-mêmes creusé leur tombe. Ainsi, Sony fabrique des graveurs de DVD, alors que le groupe possède un des quatre derniers mastodontes- les fameuses Majors- du disque »....
Mais s’agit-il vraiment de schizophrénie ou d’une recherche du profit qui passe par la diversification...Qui peut s’étonner « que cohabitent dans les couloirs de la Commission de Bruxelles des équipes de lobbyistes aux intérêts totalement opposés, mais ayant en commun d’être rémunérés par la même entreprise... » !?
Les sociétés de « gestion collective » des intérêts sont aux aguets, elles se sont constituées pour chasser les contrevenants ou pour collecter des sommes auprès des collectivités territoriales, des associations ou autres qui organisent des concerts ou des spectacles...
Personne ne peut nier l’intérêt que présente le droit du créateur et de sa juste rémunération ! mais voilà, c’est la société tentaculaire qui , comme la SACEM « cumule(ou a cumulé) des travers plus ou moins graves » comme « l’importance des frais de gestion, amputant d’autant les sommes dues aux sociétaires... »Elles sont nombreuses ces sociétés par toujours bien encadrées !
Le droit à la culture, certain n’en ont cure... tout doit permettre de développer le profit, y compris le droit à l’image que même certains musées publics utilisent sans vergogne...
Il leur faut bien aussi « rentabiliser » puisque les crédits culturels stagnent ou régressent !
Revenons à cette guerre des copyrights .
Dans l’excellent dictionnaire culturel en langue française ( sous la direction d’Alain Rey » on peut lire la définition suivante de ce terme anglo saxon , copyright :
« Droit exclusif que détient un auteur ou son représentant d’exploiter pendant une durée déterminée une oeuvre littéraire ou artistique »...
Malheureusement ce droit est très mal partagé, si certains auteurs s’en sortent bien, des milliers d’autres sont pillés et surtout exploités par « leur représentant » obligatoire : l’éditeur.
L’épilogue de ce livre : « un peu de philosophie dans un monde de brutes » propose quelques pistes de transformation respectant le droit de la culture et le droit à la culture « ... on a vu que des solutions innovantes et respectueuses des droits de chacun peuvent être mises en place »...
Mais attention aux requins...
Valière