
« Le CHOC des PREJUGES
L'impasse des postures sécuritaires
et victimaires »
de Caroline Fourest
Editions Calmann -Lévy
18 €
237 pages
Janvier 2007
Refusons fantasmes et préjugés...pour enfin comprendre et agir !
Me voici rassuré et réconforté...En effet, je me suis senti quelque peu isolé quand en décembre 2005, j'ai essayé de réfuter deux interprétations des « évènements » !
Pour moi, on ne pouvait ni parler d'une révolution en marche, ni d'une manipulation des intégristes....
De nombreux ouvrages ont expliqué assez clairement qu'il s'agissait là d'une révolte primaire de jeunes en déshérence contre l'exclusion sociale subie et permanente....
Caroline Fourest va au-delà d'un simple parti pris, elle cite les différents lieux communs et « analyses » à l'emporte pièce pour les déconstruire afin de faire comprendre au lecteur la réalité d'une situation complexe.
Prenons par exemple un des préjugés tenaces : « Ils brûlent les écoles par haine de la culture » :
l'auteure montre bien que cette destruction est l'expression très forte d'un amour déçu de beaucoup de jeunes qui, avec leurs familles croyaient aux vertus de l'école républicaine.
« Si les émeutiers avaient pu profiter de l'école et de la culture pour se structurer, ils auraient pu analyser leur rage, la formuler, fabriquer des pancartes, se politiser. Ils n'en sont plus là. Cette rage les consume de l'intérieur, sans pouvoir être transcendée. Elle part dans tous les sens. Elle ne parvient même pas à franchir les barrières mentales et spatiales qui clôturent leurs quartiers comme une tombe. »... »Ce n'est pas mai 68, c'est un SOS déchirant. »
37 préjugés sont décortiqués, aucun aspect du débat n'est laissé dans l'ombre, l'auteure s'en prenant aux racistes, aux « bien pensant » comme aux adeptes de l'enfermement dans les « indigènes de la République ».
Elle tracede nouvelles perspectives s'appuyant sur des clés de compréhension.
L'auteure, comme à son habitude ne procède pas par une suite d'affirmations, elle s'appuie à chaque fois sur des documents, des déclarations ou sur des recherches fiables.
C'est ainsi qu'elle montre que très majoritairement la population de culture musulmane est attachée aux principes de laïcité..
Elle démonte l'idée préconçue et fausse qui tendrait à prouver que le Coran ou l'islam « portent de façon intrinsèque l'impossibilité de se réformer, de s'adoucir ou d'être compatible avec l''idéal laïque ». Tous les textes dits sacrés dans les trois religions du livre comportent des passages violents et d'autres induisant une forme de tolérance. Le Coran ne constitue pas une exception, ce sont les intégristes qui instrumentalisent les textes alors que les modernistes eux mettent en valeurs les passages positifs.
Sans hésitation, les laïques d'aujourd'hui doivent, comme ceux du début du siècle dernier, ne pas confondre intégrisme et religion et combattre toute vélléité de remettre en cause la séparation des églises et de l'Etat.
La comparaison entre les deux systèmes : le communautarisme anglosaxon et la laïcité française indique sans contestation possible que le premier, système d'enfermement est un ferment de division .
De nombreux indicateurs sont là pour montrer que s'il nous faut combattre l'exclusion sociale, la ghettoïsation et le tout sécuritaire, il n'en reste pas moins que les différentes populations arrivent en France à vivre ensemble et que de ce côté de la Manche, le nombre de mariages mixtes est dix fois supérieur à celui existant en Grande Bretagne....
Le livre se termine par 18 propositions « pour réduire la fracture culturelle et sauver le vivre ensemble »...Elles ne constituent que quelques pistes d'actions parmi d'autres, elles ont l'avantage d'être en rupture avec la « politique » du fantasme et de l'angélisme.
Jean-François CHALOT
L'impasse des postures sécuritaires
et victimaires »
de Caroline Fourest
Editions Calmann -Lévy
18 €
237 pages
Janvier 2007
Refusons fantasmes et préjugés...pour enfin comprendre et agir !
Me voici rassuré et réconforté...En effet, je me suis senti quelque peu isolé quand en décembre 2005, j'ai essayé de réfuter deux interprétations des « évènements » !
Pour moi, on ne pouvait ni parler d'une révolution en marche, ni d'une manipulation des intégristes....
De nombreux ouvrages ont expliqué assez clairement qu'il s'agissait là d'une révolte primaire de jeunes en déshérence contre l'exclusion sociale subie et permanente....
Caroline Fourest va au-delà d'un simple parti pris, elle cite les différents lieux communs et « analyses » à l'emporte pièce pour les déconstruire afin de faire comprendre au lecteur la réalité d'une situation complexe.
Prenons par exemple un des préjugés tenaces : « Ils brûlent les écoles par haine de la culture » :
l'auteure montre bien que cette destruction est l'expression très forte d'un amour déçu de beaucoup de jeunes qui, avec leurs familles croyaient aux vertus de l'école républicaine.
« Si les émeutiers avaient pu profiter de l'école et de la culture pour se structurer, ils auraient pu analyser leur rage, la formuler, fabriquer des pancartes, se politiser. Ils n'en sont plus là. Cette rage les consume de l'intérieur, sans pouvoir être transcendée. Elle part dans tous les sens. Elle ne parvient même pas à franchir les barrières mentales et spatiales qui clôturent leurs quartiers comme une tombe. »... »Ce n'est pas mai 68, c'est un SOS déchirant. »
37 préjugés sont décortiqués, aucun aspect du débat n'est laissé dans l'ombre, l'auteure s'en prenant aux racistes, aux « bien pensant » comme aux adeptes de l'enfermement dans les « indigènes de la République ».
Elle tracede nouvelles perspectives s'appuyant sur des clés de compréhension.
L'auteure, comme à son habitude ne procède pas par une suite d'affirmations, elle s'appuie à chaque fois sur des documents, des déclarations ou sur des recherches fiables.
C'est ainsi qu'elle montre que très majoritairement la population de culture musulmane est attachée aux principes de laïcité..
Elle démonte l'idée préconçue et fausse qui tendrait à prouver que le Coran ou l'islam « portent de façon intrinsèque l'impossibilité de se réformer, de s'adoucir ou d'être compatible avec l''idéal laïque ». Tous les textes dits sacrés dans les trois religions du livre comportent des passages violents et d'autres induisant une forme de tolérance. Le Coran ne constitue pas une exception, ce sont les intégristes qui instrumentalisent les textes alors que les modernistes eux mettent en valeurs les passages positifs.
Sans hésitation, les laïques d'aujourd'hui doivent, comme ceux du début du siècle dernier, ne pas confondre intégrisme et religion et combattre toute vélléité de remettre en cause la séparation des églises et de l'Etat.
La comparaison entre les deux systèmes : le communautarisme anglosaxon et la laïcité française indique sans contestation possible que le premier, système d'enfermement est un ferment de division .
De nombreux indicateurs sont là pour montrer que s'il nous faut combattre l'exclusion sociale, la ghettoïsation et le tout sécuritaire, il n'en reste pas moins que les différentes populations arrivent en France à vivre ensemble et que de ce côté de la Manche, le nombre de mariages mixtes est dix fois supérieur à celui existant en Grande Bretagne....
Le livre se termine par 18 propositions « pour réduire la fracture culturelle et sauver le vivre ensemble »...Elles ne constituent que quelques pistes d'actions parmi d'autres, elles ont l'avantage d'être en rupture avec la « politique » du fantasme et de l'angélisme.
Jean-François CHALOT