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Message Publié : 17 Août 2007, 14:42
par Valiere
« La mort de l'asile
histoire de l'antipsychiatrie »
de Jacques Lesage de la Haye
Editions Libertaires
Editions du Monde Libertaire
mars 2006
205 pages
10 €
Abattre les murs de l'enfermement, c'est aussi combattre le système...

Les éditions libertaires sont souvent surprenantes. Régulièrement elles sortent des documents passionnants et détonnants comme celui-ci.
Alors que le délire sécuritaire s'est emparé de beaucoup d'esprits, de droite bien entendu mais aussi de gauche, ce livre contribue largement à dégager les enjeux du débat en cours et à faire connaître les combats passés et bien actuels de tous ceux qui se réclament de l'anti-psychiatrie.
Dans le « meilleur des mondes » que le libéralisme nous construit, la psychiatrie, qu'il s'agisse de l'isolement, de l'enfermement physique ou médicamenteux joue un rôle essentiel.
« Toute personne dont la déviance dérange ou fait peur est écarté du champ social ».
Le positionnement radical, anti conformiste et révolutionnaire de l'auteur, ancien psychologue en CHS et chargé de cours à l'université s'appuie à la fois sur son expérience professionnelle de terrain et à la fois sur une analyse lucide de l'institution.
Mai 68 a été un déclencheur formidable avec la libération de la parole et l'explosion d'intitiatives de toutes sortes: de la création de groupes de recherche et d'actions rassemblant des infirmiers, des médecins et des malades aux actions de résistance.
Si les tenants du pouvoir « psy » sont toujours en place, certains sont ébranlés et l'effervescence des années 1970 va conduire à des pratiques de rupture.
La grande question n'est pas ocultée : n'est-il pas contradictoire de militer pour la fermeture des hôpitaux psychiatriques et de travailler comme professionnel dynamique et novateur au sein même de ces établissements honnis?
L'auteur n'élude pas, il explique bien que remettre en cause l'HP, ce n'est pas oublier ceux qui y sont enfermés, ce n'est pas les laisser seuls face à cette grande machine déstructrice.
« Il importe d'élargir le débat, de multiplier les expériences et de ne pas séparer notre manière d'être de nos idées, rêves et tentatives de subversions révolutionnaires. »

Aujourd'hui, l'asile a laissé très largement la place à un secteur psychiatrique plus ouvert avec des appartements associatifs, des foyers de jours et de nuit, des centres d'accueil et de suivi thérapeutique.
Il s'agit là des effets de la contestation interne et de l'évolution des professionnels de santé
et la traduction de choix budgétaires gouvernementaux.

Les cris de victoire ne sont pas de mise, les militants et professionnels de l'anti psychiatrie doivent se mobiliser contre la réduction de moyens préjudiciables aux patients eux-mêmes et empêcher que se reconstituent des petits asiles de ville fonctionnant comme ceux d'hier et d'avant hier.

Alors que le tout sécuritaire devient la logique première du système mis en place par ceux qui détiennent le pouvoir, ce livre de combat apporte des éléments de réflexion fort utiles

Jean-François CHALOT

Message Publié : 18 Août 2007, 09:27
par artza
Je connais bien peu le sujet.

Mais, il m'apparait que la mode actuelle de n'hospitaliser les malades qu'en dernier recours relève plus de la volonté de réduire les crédits alloués à la psychiatrie que de pratiquer une psychiatrie "alternative","douce" ou "libertaire".

Message Publié : 18 Août 2007, 12:19
par Valiere
C'est d'ailleurs ce qu'il explique, c'est pourquoi il appelle à la vigilance et à la mobilisation pour éviter deux risques :
- la non hospitalisation de patients qui en auraient besoin
- la transformation des centres ouverts en mini asiles