"De Trotsky à Laguiller"

Message par iajoulik » 23 Juil 2003, 16:40

références plus précises :
"De Trotsky à Laguiller - Contribution à l'histoire de la IVème Internationale"
Daniel Coquema
(Editions Plein Sud, 1996)

... ça se laisse lire... malgré les innombrables coquilles, qui en arrivent parfois à altérer le sens du texte et même des citations (autrement dit, il est impensable que les épreuves aient été relues par quelqu'un maitrisant un tant soit peu le sujet... et la langue française !)


... question aux camarades de CPS : le livre de Coquema exprime-t-il le point de vue plus ou moins "officiel" de CPS sur l'histoire de la QI ? -- En tout cas, au point où j'en suis du livre (i.e. en gros aux deux tiers), l'auteur semble reprendre à son compte les analyses de S. Just...

Autres questions aux camarades de CPS (s'ils se retrouvent, évidemment, dans ce qu'écrit Coquema) :
1) Pensent-t-ils vraiment que mai 68 ouvrait une période révolutionnaire en France ?
2) Que fallait-il faire, sur le plan syndical, à Renault Billancourt après la grève de mai-juin 1947 ? Coquema, comme le PCI d'ailleurs, dénonce la création du Syndicat Démocratique Renault... mais je n'ai jamais rien trouvé sur ce que le PCI proposait de faire en pratique vis-à-vis de tous les travailleurs qui, face à la politique de la CGT dans la grève, avaient décidé de la quitter en déchirant leur carte ! Question annexe : quelle a été l'activité syndicale de Daniel Renard à Billancourt après la grève de 47 ?
iajoulik
 
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Message par stef » 23 Juil 2003, 17:22

Là je tombe sur le cul.

Il y a qques années, j'ai été en relation avec un type de ce nom qui m'avait dit avoir été autrefois proches de nous mais ne l'était plus. Donc, oui nous connaissons un peu cette personne, mais n'avons aucune responsabilité pour son travail que je ne connais personellement pas.

Sur le reste réponse plus tard (bicose nécessite du travail).
stef
 
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Message par stef » 23 Juil 2003, 23:17

1) Pensent-t-ils vraiment que mai 68 ouvrait une période révolutionnaire en France ?

L'OCI a caractérisé la période ouverte en 1953 comme celle de la crise conjointe de l'impérialisme et du stalinisme (à partir de Berlin-Est, l'Indochine, la GG française, etc...) Ce mouvement non linéaire atteint un pic en 1968 avec la GG française, Prague, Mexico, etc. Quelques mois plus tard, c'était le mai rampant italien, les grèves des chantiers en Pologne, puis la défaite yankee en Indochine. Pour l'Europe le sommet de ce mvt est ss aucun doute la révolution portugaise avec la réapparition pour la première fois en Europe occidentale de conseils ouvriers.
Evidemment, cette période s'est mal terminée (réintroduction du capital en Europe de l'Est/défaite finale d'Octobre, démantèlement des acquis ouvriers à l'Ouest, Afrique, Amérique Latine...), essentiellement car il s'est avéré impossible de reconstruire la IV. Ca ne change pas la caractérisation de cette période.

Concernant mai 1968, oui, je considère qu'une situation où il y a 10 millions de travailleurs en grève, où le pouvoir gaulliste vacille (d'ailleurs De Gaulle part qques mois après, pas par hasard) est typique de ce que :lenine: caractérisait comme une situation révolutionnaire :
CITATION
Pour un marxiste, il est hors de doute que la révolution est impossible sans une situation révolutionnaire, mais toute situation révolutionnaire n'aboutit pas à la révolution. Quels sont, d'une façon générale, les indices d'une situation révolutionnaire ? Nous sommes certains de ne pas nous tromper en indiquant les trois principaux indices que voici :

1) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée; crise du "sommet", crise de la politique de la classe dominante, et qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l'indignation des classes opprimées se fraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe encore que "le sommet ne le puisse plus".

2) Aggravation, plus qu'à l'ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées.

3) Accentuation marquée, pour les raisons indiquées plus haut, de l'activité des masses, qui se laissent tranquillement piller dans les périodes "pacifiques", mais qui, en période orageuse, sont poussées, tant par la crise dans son ensemble que par le "sommet" lui-même, vers une action historique indépendante.
[/quote]
La faillite de la II° Internationale


Soit dit en passant, je te signale que cette apréciation ne nous rend pas originaux. Votre ancien collègue Moreno avait la meme et celle du SU était voisine, p. ex.
stef
 
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Message par iajoulik » 24 Juil 2003, 11:05

CITATION (stef@jeudi 24 juillet 2003 - 01:17)
Soit dit en passant, je te signale que cette apréciation ne nous rend pas originaux. Votre ancien collègue Moreno avait la meme et celle du SU était voisine, p. ex.[/quote]

1) je savais bien que vous ne recherchiez pas l'originalité :D ... ce qui, en soi, ne permet pas de juger du bien ou du mal fondé des raisonnements politiques :smile:

2) à propos de l' "ancien collègue Moreno", tu n'ignores sans doute pas que nous ne sommes pas restés "collègues" bien longtemps. Ceci étant, j'estime qu'il nétait pas faux d'explorer les possibilités de travailler ensemble... même si, au final, nous avons dû conclure négativement. Je te rappelle d'ailleurs, que VO et le groupe Lambert furent également "collègues" pour un temps, dans un passé lointain il est vrai !

D'une façon générale, compte tenu de toutes les divergences passées -- et, pour ainsi dire, ossifiées -- entre courants se réclamant du trotskysme depuis 65 ans (!), je ne vois pas d'autre solution vers un éventuel rapprochement que celle par laquelle certains de ces courants chercheraient à travailler réellement ensemble (deviennent "collègues", donc...) pour juger, dans la pratique, des implications de leurs divergences (anciennes et nouvelles) sur leurs interventions politiques ; il serait en effet illusoire de croire que la seule confrontation d'idées permette un jour, en l'absence de pratiques communes, de surmonter la division des groupes et courants se réclamant du communisme révolutionnaire pour aller vers la construction d'une internationale communiste... dont chacun dit qu'elle fait cruellement défaut !


... Stef, dès que tu as le temps, peux-tu éclairer ma lanterne sur le deuxième point de mon post initial ? Thanx...
iajoulik
 
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Message par stef » 25 Juil 2003, 18:27

Joulik,


Pour ce qui concerne la grève Renault de 1947, voici ce qe je peux dire.

1/ Le programme de la IV, du PCI, de l'OCI, de CPS inclut le combat pour l'unité syndicale. Nous considérons en effet que l'existence d'un syndicalisme de masse et de classe est un point d'appui essentiel. C'est pour cela que l'OCI a en son temps à fort juste titre axé son intervention enseingante sur la défense de l'unité de la FEN (je n'oublie pas qu'il y a eu des glissements vers le soutien à sa direction, mais les deux questions sont indépendantes).

2/ Partant de là, il est et a toujours été hors de question pour nous de créer des syndicats concurrents de ceux qui existaient. Donc nous sommes opposés à la ligne consistant à créer un syndicat "maison" - ce que fit en 1947 l'UCI avec le Syndicat Démocratique Renault.

3/ Tu me diras que les militants de l'UC avaient étés virés de la CGT par les staliniens. Je te répondrai que ça ne justifiait pas de créer une organisation qui dans les faits divise les travailleurs de Renault. Ca justifiait la nécessité de combattre pour la réintégration des exclus selon des modalités que je ne vais pas inventer 50 ans après les faits.

4/ Ceci étant, je te rappelle que la création du SDR a lieu qques mois AVANT la scission syndicale de la CGT (avec la création de FO). Créer alors le SDR dans une entreprise comme Renault, c'était donner des armes aux scissionistes de tout poil.

5/ Tu me demandes ce qu'a fait notre cde Renard, effectivement militant du PCI dans l'entreprise. Je ne le sais pas, mais j'ai effectivement entendu dire que sa situation avait été des plus difficiles. Mais il a tenu sur cette ligne car c'était son programme fondamental. Donc je n'enjolive pas : mais nous avons un programme que nous cherchons à appliquer.
Soit dit en passant, après avoir été viré de la CGT dans des conditions similaires à la RATP, Just est resté non syndiqué plusieurs années....

6/ Enfin, de toutes façons, rien n'interdisait à l'UC de sortir de cette ornière en 1948 en rejoignant FO - prenant acte de ce que la direction stal ne voulait pas entrer parler d'eux.

7/ En tout cas la fin ss gloire du SDR illustre à merveille que c'était une voie sans issue.
stef
 
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Message par magdalene » 30 Juil 2003, 20:21

CITATION (stef @ vendredi 25 juillet 2003, 19:27)
3/ Tu me diras que les militants de l'UC avaient étés virés de la CGT par les staliniens. Je te répondrai que ça ne justifiait pas de créer une organisation qui dans les faits divise les travailleurs de Renault. Ca justifiait la nécessité de combattre pour la réintégration des exclus selon des modalités que je ne vais pas inventer 50 ans après les faits.
[/quote]
tu penses, raisonnablement il est vrai, ne pas pouvoir inventer les modalités de la réintégration des camarades dans la CGT, mais peux-tu quand même approfondir ton point de vue sur "cela justifiait de combattre pour la réintégration" ? puisque c'est la perpective que tu proposes ce serait dommage de nous priver d'un éclairage nouveau sur ce qui aurait dû être fait. tu ne penses quand même pas à une motion ?...
magdalene
 
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Message par stef » 30 Juil 2003, 21:36

Je me refuse à répondre pratiquement à une question pratique qui se discute au cas par cas - bref à une discussion typique de cellule car je n'ai pas les moyens d'apprécier tout et donc avoir une opinion fondée.

Mais parmi les armes typiques de ce genre de situation il y a :
- les motions (eh oui...)
- les délégations massive chez les bureaucrates
- les comités pour la réintégration des exclus, etc, etc...

Je te signale que j'ai bien connu un militant tkyste ( :just: ) exclu de la CGT manu militari dans les années 50. Il est resté non syndiqué plusieurs années en en faisant payer le prix politique aux bureaucrates. Exemple : la cellule PCI RATP faisait des discours en son nom dans les congrès syndicaux, il redemandait sa carte régulièrement, etc... A la fin, il a pris sa carte FO - étant rendu clair que la responsabilité en incombait totalement aux bureaucrates stals.

Mais jamais il n'a constitué de syndicat ad-hoc, ce qui aurait été en rajouter dans la division.
Ce n'est pas miraculeux ? Evidemment ! Mais créer un syndicat - d'ailleurs des plus provisoires - est-ce miraculeux ?

Et puis surtout, notre programme c'est l'unité ouvrière, pas la dvision. De là découle le reste.
stef
 
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Message par iajoulik » 05 Août 2003, 10:44

Sans entrer ici dans le fond du débat - pas le temps - je fais seulement remarquer à Stef que le problème posé suite à la grève Renault de 47 n'est pas celui de l'exclusion individuelle d'un militant :

1) dans l'atelier qui a démarré la grève, en butte aux attaques et calomnies staliniennes de la CGT -- c'est-à-dire celui où militait Pierre Bois -- ... et qui fut aussi celui qui continua la grève, au-delà de la reprise orchestrée par la CGT ayant pris le train en marche, pour obtenir (avec succès) le paiement (partiel) des jours de grève, c'est la majorité des syndiqués qui refusaient de rester affiliés à la CGT. Le problème pour P. Bois et l'UC n'était pas de répondre à une exclusion individuelle, mais de donner une réponse organisée à une frange combative de travailleurs.

2) si tu regardes les choses de près, tu verras que la première réponse ne fut pas la création d'un syndicat indépendant, mais l'affirmation de la nécessité de reconstruire la CGT à la base ; je n'ai pas les documents sous la main, mais la ligne était, en gros, quelque chose comme : "la CGT, c'est nous, ce n'est pas la direction que la CE veut nous imposer". La nécessité de créer une autre structure syndicale s'est imposée dans la bagarre, elle n'a jamais été posée ni comme a priori (ce qui, je pense qu'on est d'accord là-dessus, est contraire à nos principes) ni même comme réponse "miraculeuse" à la situation !

3) ladite réponse étant évidemment liée aux perspectives politiques que l'UC espérait alors à court terme, la création du SDR n'a jamais, me semble-t-il, été considérée comme une perspective durable : le développement de la lutte de classe et une montée révolutionnaire auraient évidemment eu pour conséquence de rebattre bien des cartes du côté des directions syndicales. La discussion sur la volonté politique de créer des petits syndicats révolutionnaires en dehors des organisations existantes du mouvement ouvrier me semble, en l'occurence, à côté de la question...

4) l'évolution effective de la situation politique en France dans les quelques années qui ont suivi la grève Renault de 47 n'est évidemment pas pour rien dans la disparition (rapide, je te l'accorde) de l'UC et - en pratique - du SDR
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Message par stef » 05 Août 2003, 11:50

CITATION 1) dans l'atelier qui a démarré la grève, en butte aux attaques et calomnies staliniennes de la CGT -- c'est-à-dire celui où militait Pierre Bois -- ... et qui fut aussi celui qui continua la grève, au-delà de la reprise orchestrée par la CGT ayant pris le train en marche, pour obtenir (avec succès) le paiement (partiel) des jours de grève, c'est la majorité des syndiqués qui refusaient de rester affiliés à la CGT. Le problème pour P. Bois et l'UC n'était pas de répondre à une exclusion individuelle, mais de donner une réponse organisée à une frange combative de travailleurs.[/quote]
Et bien si c'est effectivement les syndiqués qui voulaient quitter la CGT, nous, PCI, aurions combattu ces tendances et expliqué à ces travailleurs que quitter la CGT était le meilleur service que l'on puisse rendre aux staliniens.

Et ce ne sont pas des mots : nous sommes confrontés à ceci tous les jours en ce moment ! Et à l'époque, c'est plus ou moins ce qu'ont fait Lambert, Just (pour ceux que je connais - il ne s'agit d'une "sélection" destinée à refaire l'histoire postérieure) et tant d'autres de nos militants.

CITATION 2) si tu regardes les choses de près, tu verras que la première réponse ne fut pas la création d'un syndicat indépendant, mais l'affirmation de la nécessité de reconstruire la CGT à la base ; je n'ai pas les documents sous la main, mais la ligne était, en gros, quelque chose comme : "la CGT, c'est nous, ce n'est pas la direction que la CE veut nous imposer". La nécessité de créer une autre structure syndicale s'est imposée dans la bagarre, elle n'a jamais été posée ni comme a priori (ce qui, je pense qu'on est d'accord là-dessus, est contraire à nos principes) ni même comme réponse "miraculeuse" à la situation ![/quote]

Je ne sais pas ce que signifie "reconstruire la CGT à la base". A moins qu'on ne m'explique le contenu d'une telle formule, je n'y vois que des mots.

D'ailleurs, fallait-il alors "reconstruire" une CGT (de plusieurs millions de membres à l'époque) ? Admettons qu'il fallait en fait la réorienter.

Mais alors : comment le faire sans poser la question du "sommet" ? Comment ne pas faire la relation entre la politique de la CGT à Renault et le soutien du secrétaire Gal de la CGT (Frachon) au gouvernement tripartite (PC-SFIO-MRP), bref intervenir sur la ligne du combat pour la rupture de la CGT et du gouvernement.

Quant au fait que dans la bagarre, des travailleurs aient eu l'irrépréssible de dire merde aux stals, je peux le comprendre. Ca n'en est pas moins erroné et contre-productif. Et le role d'un trotskyste comme je l'entends était justement de le leur dire.


CITATION 3) ladite réponse étant évidemment liée aux perspectives politiques que l'UC espérait alors à court terme, la création du SDR n'a jamais, me semble-t-il, été considérée comme une perspective durable : le développement de la lutte de classe et une montée révolutionnaire auraient évidemment eu pour conséquence de rebattre bien des cartes du côté des directions syndicales. La discussion sur la volonté politique de créer des petits syndicats révolutionnaires en dehors des organisations existantes du mouvement ouvrier me semble, en l'occurence, à côté de la question...[/quote]

Si je comprends bien, ceci signifie que non seulement c'était erroné du point de vue des principes (puisque divisant la CGT alors unifiée) mais en plus basé sur une analyse fausse de la situation.

Encore une fois ces choses arrivent : personne n'est immunisé contre les erreurs d'analyse. Il ne s'agit pas pour moi de tirer sur l'ambulance. Mais alors pourquoi se glorifier d'une erreur (la ligne suivie autour du SDR) ? Je ne comprends pas.

Et puis quelques mois après a lieu un nouveau désastre : la scission syndicale. Encore une fois : pourquoi ne pas rejoindre alors FO (en en faisant endosser la responsabilité par les staliniens) ?
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Message par iajoulik » 06 Août 2003, 18:36

Sorry, Stef, mais je n'ai vraiment pas le temps de consulter maintenant la documentation qu'il faudrait pour poursuivre cette discussion. J'essayerai de m'y coller dès que j'aurai un moment...

Ceci dit, si ça intéresse des camarades, l'essentiel de cette documentation est disponible en ligne sur le site unioncommuniste.free.fr
iajoulik
 
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