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Touche pas au plomb
livre d' Isabelle Repiton et de Pierre Cassen
Editions Le Temps des Cerises
188 pages
juin 2008
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UNE EPOPEE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE
Après les 30 glorieuses, voici le temps des restructurations, de l'innovation mais aussi du libéralisme sans contrôle... Certains commentateurs vont jusqu'à parler de la fin des privilèges, comme si les acquis sociaux professionnels pouvaient constituer un passe-droits!?
Si effectivement , pendant plus de 40 ans, les logiques marchandes et l'évolution inéluctable des technologies ont banalisé puis fait disparaître la spécificité de métiers comme celui de typographe; les personnels, la CGT du livre et ses syndicats de métiers ont réussi à faire effectuer « un repli en bon ordre ».
Les deux auteurs nous montrent à travers plusieurs itinéraires et à l'aide de témoignages, la réalité du métier, son évolution . Ils nous font vivre les différents combats acharnés de préservation des acquis et découvrir la puissance de la solidarité ouvrière en cours.
Les patrons de presse ont compris assez vite qu'ils avaient en face deux de bons professionnels, cultivés et compétents mais aussi de farouches défenseurs de garanties arrachées par des décennies de combat syndical.
Le style alerte, vivant émanant de véritables professionnels de l'écriture entraîne le lecteur dans l'histoire des luttes sociales très dures des années 70 et 80: qu'il s'agisse du bras de fer entre la CGT et la direction du Parisien Libéré ou du conflit du livre contre l'imprimeur Jean Didier. Les coups de poing sont fréquents et les accrochages nombreux... Le combat social n'est pas un long fleuve tranquille et les travailleurs du livre savent à la fois organiser les affrontements inévitables et exprimer une forte solidarité : quelle est la profession qui serait capable de verser 10% de son salaire pendant plusieurs mois comme l'ont fait ceux du livre pour soutenir les travailleurs du Parisien « libéré ».?
De nombreuses anecdotes croustillantes émaillent le texte...
Les femmes ont eu du mal à trouver une place chez les typos, l'une d'entre elles raconte sans faux fuyant son entrée dans le métier, le machisme de beaucoup au départ mais aussi l'entraide et l'évolution positive : elle est devenue l'une des leurs.
Le monde des ouvriers du livre et notamment des typographes était particulier et comme l'explique Pierre Cassen : « je découvre un système autogestionnaire. Les chefs sont élus par les équipiers, et ne peuvent se comporter comme des petits dictateurs. »
J'ai passé un excellent moment avec ce livre que j'ai lu d'une seule traite. Il nous parle d'un de ces métiers « nobles » où il était de tradition et de culture d'être à la fois solidaire, combatif et un bon professionnel.
Après avoir apporté en son temps, bien modestement mon soutien aux luttes des travailleurs du livre notamment lors du conflit du parisien libéré, j'ai pu revivre cette épopée et même d'autres, presque de l'intérieur et j'en remercie les auteurs.
Jean-François CHALOT