Le 8 fébrier, sur France 3, est passé le téléfilm en deux épisodes A droite toute.
Ce film se déroule entre 1934 et 1936 et raconte surtout l'histoire d'un industriel de l'automobile qui finance la Cagoule. La Cagoule ou CSAR fut une organisation secrète d'extrême-droite, issu d'une scission de l'Action française royaliste, qui projetait un coup d'Etat pour renverser la république.
La Cagoule recevait des armes d'Italie fasciste et des franquistes. Elle organisa divers attentats, dont un contre le siège du patronat, pour faire accuser les communistes, et fit assassiner deux émigrés italiens antifascistes pour le compte des services secrets de Mussolini. En 1937, le ministre de l'intérieur Max Dormoy fit arrêter une cnetaine de ses membres et saisir les armes.
Pendant la guerre, une partie des cagoulards devinrent des chefs de la collaboration, dont Joseph Darnand, mais d'autres choisirent la résistance, car ils étaient souvent avant nationalistes anti-allemands.
Le film de Bluwal montre assez bien l'ambiance de l'époque, les grèves du Front Populaire, la haine des patrons contre les travailleurs, les communistes et socialistes, contre Blum. La vision de Bluwal est celle d'un ancien du PC, tendance patriote FTP - Brigades internationales, dont les critiques portent sur les procès de Moscou et le pacte germano soviétique. Sur ce plan, le film sacrifie à la mythologie traditionnelle sur Blum et Juin 36. Il ne faut pas s'attendre à voir le PC et le PS faire reprendre le travail, ni la fusillade de Clichy. Néanmoins, les passages sur les grèves de 36, avec un mélange de documents d'époque habilement colorisés, sont émouvantes; Le film est aussi un peu manichéen : la grande famille bourgeoise accumule vraiment toutes les tares possibles. (A l'époque le PC parlait des "vices de la bourgeoisie").
En revanche, le film rappelle que les patrons ont été épargnés par l'occupation et que pas mal de fascistes d'avant guerre se sont bien recyclés après guerre.
En dépit de ses défauts, le film est très intéressant, et l'acteur Donadieu qui interprête le grand patron est absolument formidable. Les dialogues sonnent juste, le film ne tombe pas dans l'anachronisme comme le pitoyable téléfilm Les communistes. Il est vrai que Bluwal, qui a dépassé les 80 balais, connait bien son sujet.
A ne pas rater si ça repasse. Ca sera sans doute disponible en DVD.