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La 2 a rediffusé hier soir un téléfilm sur ces événements.

Le téléfilm a les qualités et les défauts du genre, un bon effort pour reconstituer, les mobiliers, les attelages, les outils par contre pour les sentiments et les idées on projette les idées d'aujourd'hui.

L'héroïne une jeune institutrice limousine bataille ferme pour son école laïque, c'est le meilleur du film on voit ce qu'était la réaction cléricale qui marchait main dans la main avec les nostalgiques de l'Ancien régime qui jouissaient de toute une base populaire de propriétaires, de rentiers, "d'exploitants", des officiers, des magistrats et d'une armée de prêtres, de nonnes et de moines dont certains les assomptionistes étaient de véritables fanatiques.

Cette héroïne est par ailleurs croyante et pratiquante, épouse un aspirant préfet et supporte un grand père réac et borné à souhait et un frère véritable fou de dieu.

On sourit quand on voit que l'héroïne est chargé de transmettre le message actuel sur la laïcité qui se doit d'être tolérante, ouverte et dénonce les intégristes de la laïcité...

Bref, pour qui ignore tout ça ou une bonne partie et ils sont pas si rare à l'extrême-gauche sans parler d'ailleurs, on y apprend des choses.

On a du mal a imaginer aujourd'hui le combat que ce fut et combien il était nécessaire.

J'ai regardé aussi et le téléfilm pêche par les anachronismes relevés par Artza.

Passons sur les costumes où les jeunes filles sont souvent "en cheveux" ce qui était plus rare dans les milieux bourgeois et petit-bourgeois avant la guerre de 14, sans parler d'une scène où l'héroïne est bras nus, chez elle il est vrai mais devant son frère, ce qui ne devait pas davantage se faire.

Plus gênant est le fait que les laïques sont montrés comme des intolérants presque à l'égal des calotins, par rapport à la conception de l'héroïne, tolérante, ouverte, humaine en un mot. L'histoire des fiches résume tout : pour se défendre, le parti radical avait fait des fiches sur les militaires qui, comme l'a rappelé Artza complotaient contre la République et avaient bien failli la renverser avec Boulanger. L'héroïne est choquée de ces fiches en disant qu'elle ne veut pas vivre dans un monde où tout le monde est espionné... un discours anti-Stasi ou anti-Big Brother mais totalement anachronique.

Il est toujours difficile de voir les évènements du passé avec les yeux des hommes qui les ont vécu et pas avec les nôtres, ceux d'hommes modernes avec d'autres idées, d'autres conceptions. Et à distance, le combat des laïques peut passer pour de l'acharnement sectaire, et sinon liberticide, du moins maladroit.

Mais il faut comprendre que l'Eglise a été une force hostile à la révolution et à la République (bourgeoise) jusqu'en 1914 au moins (avec des relents en 40 sous Pétain). C'est ce qui a rendu nécessaire le combat des républicains, même bourgeois et fort réactionnaires sur d'autres plans (colonialistes, anti-ouvriers, etc.) en France, contrairement à d'autres pays où l'Eglise soit était en dehors du jeu pour des raisons historiques (USA) soit a accompagné le mouvement sans s'y opposer (Allemagne).

D'où le combat laïque et ses ambigüités. La bourgeoisie l'a mené. Elle y a été forcée par l'Eglise en France. Le prolétariat aurait du le faire, comme il l'a fait en 1917 en Russie, en 1936 en Espagne. Mais en soi, le combat du prolétariat ne s'arrête pas à la laïcité. Et le combat laïque bourgeois n'est pas un combat de principe, mais de circonstances. Il n'est que de voir comment la bourgeoisie s'accommode dans d'autres pays capitalistes de l'Eglise, des églises (Allemagne, Suisse, USA...).

C'est pourquoi réduire notre combat à la laïcité ou même participer sans recul à tout combat "laïque", sous le seul prétexte qu'il est laïque, c'est ne rien comprendre aux choses.

Ottokar! c'est l'un des combats qu'il faut absolument lier au combat social et là je suis d'accord avec toi...Mais ne pas intégrer cette dimension c'est resté désarmer!