par Ottokar » 10 Oct 2009, 06:42
Le Monde en a publié des extraits la semaine dernière dans un supplément en vente à un euro (cette semaine, c'est moins intéressant et c'est plus cher, Einstein, 5 euros, comment je vois le monde, assez décousu et daté). J'ai donc acheté Darwin, 250 pages et du coup, je l'ai lu pour la première fois. Je comprends tes difficultés, car il est possible que l'édition complète (combien a-t-elle de pages ?) soit plus difficile.
Pour la version des extraits du Monde, cela m'a semblé relativement accessible. Il n'y a pas de mots techniques, Darwin est progressif, il essaie de se faire comprendre de son public. Une intro générale, puis un chapitre sur la sélection des espèces par les éleveurs (c'est nouveau en Angleterre, cela date d'à peine une centaine d'années à son époque), qui prouve que les espèces varient, puis différents exemples. Vient alors le développement de certaines lois sur la variation, pas toujours intuitives, mais à chaque fois appuyées par des exemples. Je comprendrais sans peine que l'original, en multipliant ces exemples et développements t'ait perdu, car j'avoue avoir un peu sauté des pages.
Mais l'ensemble est écrit dans une langue accessible, encore une fois. Darwin veut convaincre, visiblement. Il évite les choses qui fâchent, ne parle pas de l'homme par exemple... alors qu'il est évident à le lire que l'homme aussi a évolué et provient d'une longue évolution à partir de cousins éloignés. Pas de polémique sur Dieu, qui disparaît, mais plusieurs attaques à la fin sur les incohérences d'une théorie qui voudrait que les espèces soient apparues brusquement, telles que nous les voyons aujourd'hui. J'ai trouvé la conclusion (de 30 ou 40 pages) qui reprend l'ensemble point par point et répond aux objections de son époque, avance ses arguments et preuves scientifiques, remarquable et si des camarades veulent lire Darwin, sans s'y perdre comme notre ami Lao She, je leur conseillerai volontiers de lire cela. Au moins pour commencer, intro et conclusion.
J'ai trouvé ce que j'ai lu d'autant plus remarquable qu'à bien des moments, il reconnait qu'il ne sait pas ce qui se passe et pourquoi. Il écrit 30 ou 40 avant les petits pois de Mendel et il ne s'explique pas pourquoi et comment certains caractères apparaissent et disparaissent au fil des générations. Il écrit un siècle avant la génétique et ne s'explique pas la transmission des caractères. Il le dit, il ne sait même pas si cette acquisition de caractères nouveaux se fait dans l'embryon ou avant (nous savons aujourd'hui que c'est au moment de la reproduction et de la duplication du gène).
Si cela t'a semblé difficile, les camarades du chapiteau scientifique m'ont conseillé son récit de voyage sur le Beagle, à partir duquel l'exposition du carrousel de cette année a été élaborée, mais je ne l'ai pas lu. Quelqu'un peut en dire un mot ?