par luc marchauciel » 31 Déc 2009, 14:38
ATTENTION : SPOILERS
Visuellement, c'est absolument magnifique, un vrai choc esthétique, comme "L'arrivée du train en gare de la Ciotat", "King Kong" (de 1933) ou "Star wars" à leur époque. Sur le plan cinématographique, c'est remarquable, parce que la 3D ne sert pas à faire quelques effets du genre la "tête du requin qui sort de l'écran' (il n'y en a aucun de ce genre je crois, dans Avatar, alors qu'il y a largement assez d'explosions pour en placer plein), mais au contraire à gagner en profondeur de champ. Ce ne sont pas les objets qui sortent de l'écran, c'est nous qui entrons plus dans le film, et franchement, l'arrivée dans la jungle est époustouflante, et on est en général au coeur de l'action comme jamais (cf le décollage des espèces de ptérodactyles).
Après, le problème, c'est que le film est très politique, contrairement à Star Wars ou Le Seigneur des Anneaux, qui présentent juste un vague " les gentils contre les méchants". Il y a donc des trucs très bien politiquement (la parabole sur la conquête de l'ouest vue du côté indien, les références au Vietnam ou à la War on Terror -une attaque frontale contre Bush notamment, en le citant en contexte modifié, etc.), mais j'ai vraiment été gêné par le côté écolo-mystique (la nature est du côté des gentils et la technologie du côté des méchants, le plan "notre Mère la Terre"., etc.) et la morale sur l'impossibilité de la cohabitation (il n'y a plus un humain sur Pandora à la fin du film : il faut devenir l'Autre, pas moyen d'être avec l'Autre). C'est amusant de constater qu'une débauche de technologie la plus moderne choisit de diffuser un message quasi technophobe, mais ça ça fait partie des ambiguités de Cameron (qui fait des films guerriers contre la guerre, qui fait des blockbusters intimistes, etc.)
Même si c'est un film de gauche, j'aurais préféré qu'il soit moins directement politique, parce que du coup ça m'a fait un peu sortir de la magie du film par moments, en éveillant mon sens critique. Mais, malgré ses quelques défauts (comme une ou deux incohérences ou un scénar un peu plat, mais on s'en fout un peu de ça), c'est un bijou, en tous cas une date dans l'histoire du cinéma.