
J'ai l'impression que ça doit pas être mal.
(Télérama 23/01/10 a écrit :Documentaire d'Andréa Rawlins-Gaston (France, 2009). 90 mn. Inédit.
Le titre pouvait augurer du pire : une charge sans nuances contre le milieu hospitalier. Pour aborder la délicate question des erreurs médicales, la réalisatrice a su privilégier un traitement équilibré, évoquant aussi bien la situation des victimes que les conditions de travail difficiles du personnel soignant, évitant de confondre l'injustice d'un système et les individualités qui le composent.
Le film s'appuie à la fois sur le drame vécu par plusieurs familles (une fillette handicapée à la suite d'une erreur de diagnostic, un couple dont le fils est mort à l'hôpital, une femme amputée du « mauvais » sein, une fille dont le père a été victime d'une inversion de médicaments) et sur de nombreuses mises en situation pour brosser un état des lieux global, à la fois alarmiste et pédagogique. En immersion à l'hôpital ou dans l'intimité des individus, le film éclaire d'une part le cynisme des assurances, la scandaleuse absence d'information des familles, de l'autre, la charge de travail écrasante des personnels, le manque de moyens, l'aberration du conditionnement des produits...
Loin des discours lénifiants, ou langue de bois, le milieu hospitalier avoue ici son impuissance à maîtriser tous les risques, mais témoigne, dans certains cas, d'une volonté d'améliorer les choses (au travers d'expériences pilotes, de contrôles médicaux effectués à l'improviste, de simulations sur des patients-robots, etc.). En dépit d'une agaçante dramatisation formelle, ce tableau à la fois humain, médical et juridique est saisissant.