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Message Publié : 14 Fév 2011, 10:12
par ianovka
J'ai entendu parler de ce roman dans l'émission Cosmopolitaine sur France Inter (à écouter ici), je trouve que ça donne envie et je me demandais si quelqu'un l'avait lu et si ça valait le coup.



Quatrième de couverture:

En 2004, à la mort de sa femme, Iván, écrivain frustré et responsable d’un misérable cabinet vétérinaire de La Havane, revient sur sa rencontre en 1977 avec un homme mystérieux qui promenait sur la plage deux lévriers barzoï. Après quelques conversations, « l’homme qui aimait les chiens » lui fait des confidences sur Ramón Mercader, l’assassin de Trotski qu’il semble connaître intimement.

Iván reconstruit les trajectoires de Lev Davidovich Bronstein, dit Trotski, et de Ramón Mercader, connu aussi comme Jacques Mornard, la façon dont ils sont devenus les acteurs de l’un des crimes les plus révélateurs du XXe siècle. A partir de l’exil de l’un et l’enfance de l’autre, de la Révolution russe à la Guerre d’Espagne, il suit ces deux itinéraires jusqu’à leur rencontre dramatique à Mexico. Ces deux histoires prennent tout leur sens lorsque Ivan y projette ses aventures privées et intellectuelles dans la Cuba contemporaine.

Dans une écriture puissante, Leonardo Padura, raconte, à travers ses personnages ambigus et convaincants, l’histoire des conséquences du mensonge idéologique et de sa force de destruction sur la grande utopie révolutionnaire du XXe siècle ainsi que ses retombées actuelles dans la vie des individus, en particulier à Cuba.

Un très grand roman cubain et universel.

Message Publié : 14 Fév 2011, 11:09
par luc marchauciel
Je connaissais pas, mais ça donne envie, merci !

Message Publié : 14 Fév 2011, 16:08
par pouchtaxi
C’est un très bon roman, écrit par un auteur cubain connu pour ses polars.

La construction est remarquable. Il y a alternance, d’une part, de chapitres sur Trotsky en exil après l’expulsion d’URSS, d’autre part, de chapitres sur la formation et l’entraînement de Mercader par les staliniens et enfin des épisodes de la vie du narrateur à Cuba entre 1977 et nos jours.

Les deux premières trajectoires convergeront, on le sait, en aout 1940. Je laisse aux lecteurs le soin de découvrir les autres intersections de trajectoires.

Je n’ai pas le temps de développer beaucoup.

Padura a manifestement fourni un gros effort de documentation, même s’il revendique l’écriture d’un roman et non d’un texte historique.

Padura n’est nullement trotskyste, il écrit d’ailleurs dans une sorte de postface que les cubains de sa génération (il est né en 1955) ne connaissent quasiment rien sur Trotsky. Néanmoins il s’attache à décrire les difficultés quotidiennes d’un révolutionnaire pourchassé mais qui ne renoncera jamais.

Je ne connais pas les sources utilisées pour les chapitres sur Ramon Mercader. Les parties qui le concernent ont la facture classique d’un véritable roman d’espionnage !

Padura exprime très explicitement un désenchantement certain à l’égard du projet révolutionnaire. On pourrait lui reprocher de ne pas faire de différence entre ce pour quoi Trotsky à militer toute sa vie et la réalité de ce qui a été construit à Cuba. Cependant cette amertume ne prend pas la forme cynique de la capitulation où toutes les vaches sont grises mais plutôt celle d’une infinie tristesse.

Dommage que l’éditeur français n’ait pas repris la première de couverture de l’édition espagnole où figure une des photos de Trotsky à Saint-Palais jouant avec des chiens.

Message Publié : 14 Fév 2011, 17:16
par ianovka
Merci, je crois que je vais me laisser tenter. :sleep:

Tu as raison, la couverture originale est plus sympa.

Message Publié : 14 Fév 2011, 17:29
par artza
Il y a une autre photo de Trotsky jouant avec Benno et Stella dans le jardin de la villa Les Embruns à St-Palais, où Trotsky est de dos, le visage de profil, dans le le livre de souvenirs de Van Heijenoort, "Sept ans auprès de L.T".

Van y raconte comment Benno fit face aux réactionnaires malveillants à Barbizon.

Dommage que Benno et Stella n'ont pu suivre Trotsky à Mexico.

Mercader se serait bien fait lacérer la gueule et aurait porté jusqu'à la fin de ses jours la marque de son crime :ph34r:

Message Publié : 18 Mars 2011, 21:34
par Brest
J'en ai lu la moitié, et je suis assez d'accord avec ce qu'en dit Pouchtaxi.
Je ne développe pas plus pour ne pas gâcher le plaisir, mais n'hésitez pas, c'est vraiment un bon bouquin. Et très bien écrit.

Message Publié : 26 Mars 2011, 20:10
par Bertrand
Je viens de terminer ce livre.
L'auteur nous fait partager - très intimement - la vie de Trotsky et de son assassin. Avec talent,d'écrivain, de chercheur et d'historien.
Et pour d'autre raisons encore, j'ai trouvé ce livre bouleversant.

Message Publié : 21 Avr 2011, 16:15
par satanas
(pouchtaxi @ lundi 14 février 2011 à 17:08 a écrit : C’est un très bon roman, écrit par un auteur cubain connu pour ses polars.

La construction est remarquable. Il y a alternance, d’une part, de chapitres sur Trotsky en exil après l’expulsion d’URSS, d’autre part, de chapitres sur la formation et l’entraînement de Mercader par les staliniens et enfin des épisodes de la vie du narrateur à Cuba entre 1977 et nos jours.

Les deux premières trajectoires convergeront, on le sait, en aout 1940. Je laisse aux lecteurs le soin de découvrir les autres intersections de trajectoires.

Je n’ai pas le temps de développer beaucoup.

Padura a manifestement fourni un gros effort de documentation, même s’il revendique l’écriture d’un roman et non d’un texte historique.

Padura n’est nullement trotskyste, il écrit d’ailleurs dans une sorte de postface que les cubains de sa génération (il est né en 1955) ne connaissent quasiment rien sur Trotsky. Néanmoins il s’attache à décrire les difficultés quotidiennes d’un révolutionnaire pourchassé mais qui ne renoncera jamais.

Je ne connais pas les sources utilisées pour les chapitres sur Ramon Mercader. Les parties qui le concernent ont la facture classique d’un véritable roman d’espionnage !

Padura exprime très explicitement un désenchantement certain à l’égard du projet révolutionnaire. On pourrait lui reprocher de ne pas faire de différence entre ce pour quoi Trotsky à militer toute sa vie et la réalité de ce qui a été construit à Cuba. Cependant cette amertume ne prend pas la forme cynique de la capitulation où toutes les vaches sont grises mais plutôt celle d’une infinie tristesse.

Dommage que l’éditeur français n’ait pas repris la première de couverture de l’édition espagnole où figure une des photos de Trotsky à Saint-Palais jouant avec des chiens.
Je le termine...
Pas grand chose à ajouter sinon qu'il y a quelques passages touchants (et enrageants...) sur la liquidation des révolutionnaires espagnols par les agents staliniens où transparait cruement leur effroyable cynisme, leur mépris profond de la vie humaine, des idées révolutionnaires et des travailleurs ...
Nin apparait lui, vraiment comme un révolutionnaire honnête et courageux qui n'a rien à voir avec cette bande d'assassins et de contre révolutionnaires ...

Message Publié : 22 Sep 2011, 20:59
par luc marchauciel
Lu sur un blog de Mediapart

http://blogs.mediapart.fr/blog/raphael-mor...ecompensee-cuba

a écrit :
La bio antistalinienne de Trotsky récompensée à Cuba



22 Septembre 2011Par Raphaël Morán


Paradoxe cubain: L'homme qui aimait les chiens*, un livre jusque-là indisponible dans les librairies -soit-disant à cause de la pénurie de papier- a été récompensé par le Prix de la critique littéraire 2011 du gouvernement cubain. Les mêmes autorités qui ont ont pourtant décrété un embargo médiatique sur le livre et son auteur, l'immense Leonardo Padura, viennent de donner une reconnaissance à cet ouvrage dont je vous recommande la lecture.

L'homme qui aimait les chiens est un beau (et long) roman qui retrace la vie de Léon Trotsky, et parallèlement celle de Ramon Mercader, ce jeune militant communiste qui finira par assassiner le père de l'URSS d'un coup de piolet dans le crâne, à Mexico.

Le roman, fortement documenté, débite à La Havane et nous transporte dans la tête de Trotsky au gré de ses exils, tout en nous fait vivre l'affreuse persécution ordonnée par Staline et ses sbires. 

*L'homme qui aimait les chiens, de Leonardo Padura, est publié en France chez Métaillé, janvier 2011.

Source: Jenaro Villamil.

Message Publié : 24 Sep 2011, 00:18
par satanas
(luc marchauciel @ jeudi 22 septembre 2011 à 21:59 a écrit : Lu sur un blog de Mediapart

http://blogs.mediapart.fr/blog/raphael-mor...ecompensee-cuba

a écrit :
La bio antistalinienne de Trotsky récompensée à Cuba



22 Septembre 2011Par Raphaël Morán


Paradoxe cubain: L'homme qui aimait les chiens*, un livre jusque-là indisponible dans les librairies -soit-disant à cause de la pénurie de papier- a été récompensé par le Prix de la critique littéraire 2011 du gouvernement cubain. Les mêmes autorités qui ont ont pourtant décrété un embargo médiatique sur le livre et son auteur, l'immense Leonardo Padura, viennent de donner une reconnaissance à cet ouvrage dont je vous recommande la lecture.

L'homme qui aimait les chiens est un beau (et long) roman qui retrace la vie de Léon Trotsky, et parallèlement celle de Ramon Mercader, ce jeune militant communiste qui finira par assassiner le père de l'URSS d'un coup de piolet dans le crâne, à Mexico.

Le roman, fortement documenté, débite à La Havane et nous transporte dans la tête de Trotsky au gré de ses exils, tout en nous fait vivre l'affreuse persécution ordonnée par Staline et ses sbires. 

*L'homme qui aimait les chiens, de Leonardo Padura, est publié en France chez Métaillé, janvier 2011.

Source: Jenaro Villamil.

Stupéfiant effectivement....
Qu'au pays du castroguevarisme, terre d'accueil du criminel stalinien Mercader, ce bouquin (à lire vraiment) puisse être récompensé, ça laisse pantois...