Sur les bons conseils d'un copain, j'ai regardé un téléfilm en quatre parties d'une heure et demie, intitulé The Promise (le serment), et qui traite tout à la fois de la naissance et de la situation actuelle de l'Etat d'Israel.
Sur la forme, je ne pense pas que cela soit un chef d'oeuvre - mais ce n'est pas raté, et cela se laisse assez voir globalement avec intérêt. Le principal reproche est que cela manque de rythme, et à force de s'attarder sur les sentiments des personnages (je n'ai pas dit sur leurs histoires sentimentales), on perd un peu de temps, qu'on aurait aimé gagner, ou voir consacré à montrer davantage de choses sociales ou historiques.
Globalement, on voit beaucoup plus le point de vue et la société des Juifs ; les arabes occupent une place relativement mineure dans le récit (mais relativement seulement) ; cela n'empêche pas le propos d'être très clairement anti-sioniste, et le film de dénoncer la violence avec laquelle cet Etat s'est approprié les terres et les possessions de ceux qui vivaient là, et avec laquelle il continue de le faire. C'est paraît-il la raison pour laquelle la télévision française a préféré ne pas le diffuser.
On suit ainsi les tribulations d'un jeune (et sympathique) sergent de l'armée britannique pris dans les événements de 1945-1948, et qui constate (voire subit) les méthodes musclées de l'armée secrète israelienne. Plusieurs épisodes historiques réels sont reconstitués à cette occasion : l'attentat de l'hôtel King David, le massacre du village de Deir Yassine.
En parallèle, de nos jours, sa petite fille tente de retrouver les amis arabes de son grand-père. Sa quête lui fera quitter le petit paradis qu'est la villa de la riche famille israélienne (de gauche) qui l'héberge, pour aller rencontrer des arabes, se rendre dans les territoires occupés et à Gaza, et y être témoin des souffrances et des humiliations quotidiennes vécues par la population. Les scènes peignant les militaires et les colons, de ce point de vue, sont particulièrement instructives.
Politiquement, le film souffre néanmoins d'un défaut majeur : le problème apparaît entièrement comme une question locale, entre les Juifs et les Palestiniens. L'armée britannique est une bande de braves garçons ayant combattu courageusement pour les Juifs et contre le nazisme durant la 2e guerre mondiale. Certes, en 1948, elle part en laissant les Palestiniens à la merci des tueurs de l'Irgoun, mais franchement, cest bien là tout ce qu'on peut lui reprocher. Quant à la période actuelle, le film réussit le tour de force de ne jamais, au cours de ses 6h de longueur totale, prononcer une seule fois le mot "Etats-Unis" ou "américain".
Ce problème mis à part, c'est donc un bon film, qu'on peut voir et montrer, car il a le mérite de peindre une société rarement mise en scène dans des fictions destinées au grand public.
PS : je ne connais pas spécialement les questions liées à Israel. Il est donc bien possible qu'il y ait des tas d'autres choses sur lesquelles ce film puisse (et doive) être discuté, et qui me sont passées à côté. Un détail sans guère d'importance : le fils de la famille arabe, en 1948, possède un chien domestique auquel il est très attaché. Je me trompe peut-être, mais cela m'a semblé extrêmement invraisemblable.
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