Lincoln

Message par roudoudou » 12 Fév 2013, 21:44

Salut tout le monde :wavey:
Il ma l'air pas mal du tout, qui à été le voir je voudrais quelques avis merci d'avance.

@ plus bonne soirée :wavey:
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Message par Gaby » 12 Fév 2013, 22:31

C'est un bon film, vraiment à voir, malgré une thèse politique mauvaise.

Très bien interprété d'abord. Vraiment. La performance de Daniel Day Lewis en un Lincoln prédicateur qui saisit l'imaginaire de son auditoire correspond tout à fait à la façon dont celui-là avait réussi à comprendre l'importance de ranconter des histoires pour gagner en politique. Tommy Lee Jones en Thaddeus Stevens brisé, meurtri par un compromis, est tout aussi juste, sauf quand l'écriture du scénariste lui fait prononcer des phrases que jamais Stevens n'aurait prononcé ("merde au peuple", alors qu'il était un champion quasi-anachronique de toutes les minorités) pour mieux valoriser le réalisme de Lincoln.

A ce sujet, il y a quand même pas mal d'éléments intéressants. C'est un peu un film sur les oeufs cassés de l'omelette politique : Spielberg raconte comment en trois semaines, Lincoln remporte la majorité nécessaire au passage de l'amendement abolissant l'esclavage, et pour ce faire, soudoie les élus démocrates dans les positions les plus fragiles. Dans sa présentation de l’héroïsme en circonstances exceptionnelles, et du besoin d'approcher fins et moyens avec un sens aigu de la justice plutôt qu'avec des positions de principe décontextualisées, le film est une vraie réussite. Un petit manque de courage sur le sujet (les pieds nickelés qui servent de gangsters pour la combine sont juste beaucoup trop sympathiques), mais tout de même, la direction politique de Lincoln est remarquable.

Autre bon élément, c'est que le film fait un bon boulot pour montrer comment la guerre civile est un tournant dans l'histoire de l'Etat américain. Quand Lincoln pousse sa gueulante et se dit investi d'un grand pouvoir, son cri est performatif : ce n'était pas vrai avant qu'il le dise. A partir de la guerre civile et de la victoire du Nord (spoilers! :w00t2: ), l'Etat se centralise sensiblement. Lincoln n'est pas un Jacobin, mais dans le film comme dans l'histoire, il marque un changement important avec un relatif renforcement du pouvoir exécutif. C'est assez bien raconté.

Maintenant pour ce qui ne convient pas...

D'abord le plus évident peut-être, en montrant seulement une courte période de la vie de Lincoln, on le voit en champion parfait de l'abolition, même s'il n'a pas la pureté morale d'un Stevens. Comme d'autres bien avant lui (Jefferson, Madison), il s'est toujours prononcé contre l'esclavage, abomination morale, tout en ne proposant pas son abolition immédiate. Lui préférait une stratégie gradualiste, souhaitait un dépérissement de l'instititution, voire des lois votées dans chaque état du Sud, progressivement. Le film le montre mal. Ce que le film ne montre pas plus, c'est que le fameux 13eme amendement avait déjà été présenté par le mouvement féministe (E. Cady Stanton et d'autres) et l'entremise des Républicains radicaux en 1864 (Stevens, l'extrême gauche de l'époque), sans succès et sans soutien de Lincoln. Le film n'est pas du tout clair quand il dit que Lincoln est pressé de le voir passer avant la fin de la guerre (il avait déjà convoqué une session du Congrès exceptionnel pour mars qui lui aurait assuré la victoire), mais passons.

Maintenant pour le plus embêtant. Le film par bien des aspects raconte une libération par en haut. Bien sûr, il faut rendre à César, etc. C'était un grand moment. Mais le film aurait gagné à montrer ce qui passe en Caroline du Sud AU MOMENT MEME des évènements du film : les esclaves se soulèvent, saisissent les terres et se les partagent, réalisant une véritable révolution par en bas... Le film ne montre que trop peu le contexte que le très sage et très opportuniste Lincoln comprend pourtant mieux que quiconque.

Tout à fait anecdotiquement, les amateurs d'histoire américaine noteront quelques subtiles références à l'homosexualité supposée de Lincoln, mais c'est fait avec pudeur.

Je recommande d'aller le voir, on est sûr d'en repartir avec quelque chose. Il y a des moments un peu faciles, d'autres moins, mais au final c'est un film riche, même avec ses défauts. Il est parfois dur de s'y repérer, il y a beaucoup de visages et de tensions, mais les discussions peuvent être riches autour du film et surtout, du sujet.
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Message par Ottokar » 13 Fév 2013, 14:13

je souscris à ce que dit Gaby (unité dans les luttes :-P ). Le film est très Spielberg, des bons et des méchants, des héros (hérauts) de la démocratie, qui arrivent à vaincre leurs ennemis, même si pour cela il faut un peu ruser... puisque c'est pour la bonne cause : même un"pur", même "l'honnête Lincoln" comme il est dit dans le film peut le faire.

Et en même temps, on comprend la reconnaissance des noirs envers l'homme (si vous vous appelez Lincoln vous êtes quasiment sûr d'être noir sans même vous regarder dans une glace).

La performance de Day Lewis est remarquable, en effet. Il rend bien l'homme tel qu'il est décrit généralement : très grand, voix un peu doucereuse, plus prédicateur qu'orateur, avec toujours une histoire, des paraboles...

Il n'est dit que de façon fugace qu'il était prêt au compromis avec les esclavagistes, ne serait-ce que pour garder dans l'Union (le Nord) des Etats esclavagistes ! "Mon but est de garder l'Union, si je pouvais le faire en abolissant l'esclavage je le ferai, si je pouvais le faire en abolissant l'esclavage pour certains et pas d'autres, je le ferai et si je pouvais le faire en l'abolissant pour tous, je le ferai". Et il ajoutait qu'il était conscient de "l'inégalité entre les races" et que lui, était en faveur de "la supériorité de la race blanche".

On voit au début du film des noirs armés. Cela n'est pas venu tout de suite, les blancs s'en méfiaient et jusqu'à la seconde guerre mondiale, les noirs étaient en général dans les unités de soutien, pas dans les unités combattantes. C'est ce qui a changé au Vietnam... avec des conséquences en retour !

Enfin, les impératifs économiques ne sont pas montrés : l'opposition entre un sud agraire, exportateur de produits bruts (le coton) sans vaste marché intérieur, et attaché au libre échange pour vendre son coton (et ayant le soutien de ceux qui le lui achètent, la GB), et le Nord, industriel, tourné vers son propre marché, avec une main d'oeuvre salariée, et un tarif douanier élevé, protectionniste, pour résister à la concurrence de pays plus avancés comme la Grande Bretagne.

Tout cela dit, c'est un film bien fait, bien joué, et qui est intéressant à voir. Allez-y, il y a moins d'hémoglobine que dans Tarantino, mais on ne s'ennuie pas,
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Message par roudoudou » 13 Fév 2013, 21:08

Salut tout le monde :wavey:

a écrit :Ottokar il y a moins d'hémoglobine que dans Tarantino, mais on ne s'ennuie pas,

J'ai trouvais le westerns de Tarantino pas mal il montre bien cette saloperie d'esclavage au USA.
Tu m'as convaincu toi es Gaby ok

Merci du point de vue @ plus et bonne soirée ;)
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Message par Ottokar » 14 Fév 2013, 07:50

ma phrase est maladroite, car dans le film de Tarantino, on ne s'ennuie pas non plus, c'est le moins qu'on puisse dire ! Le Tarantino, c'est du spectacle, du grand spectacle, plein d'hémoglobine, mais tu as raison, le fond est anti-raciste et ça vaut aussi le coup. Bon cinoche, Roudou² !
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Message par yannalan » 14 Fév 2013, 09:38

a écrit :On voit au début du film des noirs armés.

Il y a eu des unités noires pendant la guerre de Sécession. Même au Sud, je crois bien, mais faudrait que je verifie...
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Message par Zelda » 14 Fév 2013, 10:03

Je déteste Spielberg, qui fait des fillms pour les enfants (de moins de 8 ans) à mon avis.
Je déteste les films de propagande américaine où l'on nous explique (entre autres mensonges) que le nord des USA a fait la guerre de sécession pour libérer les esclaves, parce que l'esclavage, c'est mal. IL n'en avait à peu près rien à foutre et on n'entend jamais ça, à part à l'extrême gauche, curieusement. Une des raisons pour lesquelles je serai toujours communiste (ou anarchiste ou d'extrême gauche), c'est que ce sont les seuls à démythifier la comédie sociale.
Alors j'aime (beaucoup) Daniel Day Lewis, mais pas assez pour avaler les deux autres trucs.
Alors quand "on" me demande si je veux y aller, je regarde la bande annonce "blablabla", c'est du Spielberg.
Je vais lire la critique de Télérama. Il y a un pour et un contre.
Le contre a achevé de me convaincre de ne pas y aller. J'étais absolument sûre de penser la même chose en sortant de la salle. :hinhin: J'ai bien lu le pour, mais pas convaincue.
"Monument d'ennui académique" il a du style, Samuel Douhaire. :smile:

Voilà, j'ai fait mon Convidado, ça fait un bien fou.
a écrit :

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 30/01/2013


CONTRE

Dans le Hollywood des années 1930, William Dieterle était le spécialiste des biographies de figures historiques (La Vie d'Emile Zola, La Vie de Pasteur...). Des biopics conçus autant pour édifier les foules que pour rafler les oscars... et impossibles à regarder aujourd'hui ! Le Lincoln de Spielberg est l'héritier direct de ces monuments d'ennui académiques qui ne valent guère que pour leurs numéros d'acteurs — à condition d'apprécier les cabotins : passe pour Daniel Day-Lewis et Tommy Lee Jones, immenses, mais la prestation hystérique de Sally Field relève de la torture...

Le film affiche sa dimension pédagogique : explorer les coulisses de la démocratie américaine. Mais, sur le sujet, n'importe quel épisode de la série The West Wing (A la Maison-Blanche) est plus pertinent — et mieux écrit ! — que ce pensum interminable. Avec sa manie de multiplier les dialogues jusqu'à l'épuisement du spectateur, le dramaturge Tony Kushner inflige au scénario le même traitement que les représentants sudistes réservent au texte de loi contre l'esclavage. En langage parlementaire, cela s'appelle de l'obstruction.

Il y a enfin la représentation cliché d'Abraham Lincoln en saint et martyr de l'histoire. Que John Ford filme « le père de la Nation » en Christ moderne dans Je n'ai pas tué Lincoln (1936), cela peut se comprendre — l'assassinat du Président remontait à soixante-dix ans seulement. Que Spielberg puisse reproduire ses images sulpiciennes en 2013, prouve, à tout le moins, un vrai problème de maturité politique. — Samuel Douhaire
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Message par Gaby » 14 Fév 2013, 10:59

(yannalan @ jeudi 14 février 2013 09:38 a écrit :
a écrit :On voit au début du film des noirs armés.

Il y a eu des unités noires pendant la guerre de Sécession. Même au Sud, je crois bien, mais faudrait que je verifie...
Il y en a 200 000 qui rejoignent l'armée du Nord après 1863.

A ce sujet ce n'est pas exact de dire que c'est la première fois. Pendant la guerre révolutionnaire (1775 - 83), un soldat sur 5 était noir. On leur promettait la liberté à l'issue du conflit. Il y en avait 20 000 du côté britannique, et sans doute autant du côté révolutionnaire.
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