Dans "retour sur la condition ouvriere" où ils analysaient la situation du bassin d'emploi de Sochaux (non, les ouvriers n'ont pas disparus, mais elle était "éclatée" par de multiples status et rendu invisible par la perte de sa représentation politique, en particulier par la crise du pc) ces deux sociologues avaient tracés un portait tout a fait convainquant de la classe ouvriere et utilisé des méthodes (observation longue, étude de la CO dans sa globalité culturelle et sociale - avec passage par les quartiers ouvriers, l'école etc) qu'ils réutilisent ici
En effet la violence urbaine mise en rapport avec l'insécurité sociale qui touche plus particulierement les jeunes (discrimination a l'embauche et a l'école, précarité) est ici étudiée d'une façon qui éclaire d'une façon toute particuliere les enjeux des différentes politiques mise en place pour lutter contre "l'insécurité" C'est en effet la mise en rapport entre le "devenir ouvrier" de la plupart des habitants jeunes de la zup et l'impossibilité de ce passage, d'un point de vue symbolique et pratique, qui explique les tensions accumulées, les rancoeur et le replis identitaire, vecteur de communautairsme
De ce point de vue, l'étude de l'insertion professionnelle des jeunes dans un moment tout a fait particulier (entre 90 et 98, période ou l'embauche des jeunes de la zup est quasiment impossible) est le premier jalon d'une étude qui montre que les dispositifs ne fonctionnent plus (l'étude du fonctionnement de la mission locale est de ce point de vue féroce)
Les chapitre sur la précarité et le destin d'intérimaire à vie (dans une autre période, 98/2002 où on assiste a une forte reprise) sont les chapitres a mon avis les plus intéressants du livres, qui montrent les contradictions entre les désirs des jeunes issus de la zup ("monter") et les dures réalités Et parmi les plus dures réalités, celles des tension et du racisme entre les "ouvriers" (de 50 ans) et les jeunes. Mais aussi une mise a plat des mécanismes qui font que ces jeunes ne trouvent aucune solution, aucune perspective dans les syndicats Au total, cette période de "reprise" est lourde d'amertume pour les jeunes
Le "retour a la cité" montre que toutes ces politiques de stigmatisation et de précarisation trouvent leur endroit de condensation, le territoire de la cité ou toutes les rancunes se figent dans une tension permanente. De ce point de vue, si on considère l'aggravation de la situation économique depuis quelques années, on ne peut etre optimiste : la coccotte minute n'a pas fini de siffler !
Ce qui est une vraie destructuration des classes populaires, une reprolétarisation consciente est montrées avec tous ses effets, et en particulier l'émeute de 2000 a montbelliard
Bref, un ouvrage particulierement riche et indispensable au militant !