Certes, j'avoue, pour moi la formule
Traduction Louis Postif est un peu une formule incantatoire qui va faire me faire entrer dans le Grand Nord – d'abord avec les romans de James Oliver Curwood dans ma petite enfance, puis ensuite avec Croc-Blanc de Jack London, puis beaucoup plus tard, au milieu des années 1970 avec la série de Francis Lacassin (de cette série, longtemps, longtemps après, j'en ai racheté une dizaine sur le net pour arriver au stock d'aujourd'hui, 37 volumes).
Ainsi, j'aime bien voir cette formule magique,
Traduction Louis Postif.
Louis Postif était un formidable traducteur (parfois avec un dénommé Paul Gruyer), un vrai galérien qui oeuvra presque tout seul pour faire connaître James Oliver Curwood et Jack London – et pas uniquement les titres soi-disant pour enfants de Jack London.
La collection Bouquins de l'éditeur Laffont a sorti un gros volume de James Oliver Curwood, une édition établie par… Francis Lacassin. Un titre de Curwood,
Le Grizzly, a inspiré le film
L'Ours de Jean-Jacques Annaud.
Les traductions de Louis Postif ont réussi quand même à faire connaître Jack London hors du domaine enfant où on le confinait. Même si c'est une traduction qui date, en France,
Le talon de fer a acquis sa notoriété grâce à cette traduction qui n'a pas semblé gêner outre mesure.
Le regroupement thématique de certains textes – surtout les textes politiques – a aidé à considérer le militant qu'il était (même si, horreur, ces textes ne sont pas publiés dans l'ordre?!).
Dans le volume
Les temps maudits, Francis Lacassin a réuni des textes qui lui semblait prolonger le volume
Le talon de fer (ils ont été édités l'un après l'autre). Deux textes présents dans ce volume ont été édités par Libertalia sous le titre
Grève générale.
Francis Lacassin préface le volume 10/18 Les temps maudits :
DANS LES PAS DU TALON DE FER...
Bien que traduites par Louis Postif, entre 1931 et 1936, les huit nouvelles que j’ai regroupées sous le titre Les Temps maudits n’avaient jamais fait l’objet d’une publication en librairie, jusqu’à la présente édition.
Trois d’entre elles : La Force des forts, Le Chinago, Les Favoris de Midas n’ont jamais quitté les tiroirs du traducteur, malgré tous ses efforts. Deux seulement ont trouvé le public qu’elles méritaient : Une tranche de bifteck (parue en 1931 dans Match, ancêtre du Paris-Match actuel) et Le Renégat paru en 1931 dans le mensuel Les Œuvres libres).
Les trois dernières seraient restées à jamais dans les tiroirs « profonds comme des tombeaux » si elles n’avaient trouvé en 1936 une hospitalité généreuse — mais une diffusion limitée – dans la presse progressiste ou communiste : Au sud de la fente, dans le mensuel des intellectuels communistes Monde; Une révolution mexicaine sous le titre La Flamme au cœur dans la Lumière ; et Le Rêve de Debs dans le magazine illustré Regards. Encore ce dernier faisait-il précéder la publication d’un avertissement prudent :
«Le Rêve de Debs fut écrit par Jack London au début de ce siècle, à une époque où régnaient dans beaucoup de milieux ouvriers toutes sortes d’illusions sur la grève générale qui devait permettre à elle seule de régler tout le problème social. […] »
Éntre les hommes préhistoriques, déjà victimes de ce qui deviendra le capitalisme, le Chinois, guillotiné par erreur et pour r exemple, le boxeur fatigué qui faute d’un bifteck perd la chance d’une remontée sur le ring, le jeune Mexicain offrant la douleur ce son corps à la révolution, les vengeurs fantômes, exterminant les maîtres de la finance et les ouvriers de San Francisco, faisant trembler l’ordre social par la grève, passe un même lien invisible, celui de la souffrance, de l’oppression qu’un système économique implacable impose à la condition humaine.
Ecrits entre 1901 et 1911, ces huit textes méritaient d’être réunis. Malgré leur différence d’intensité, ils traduisent les convictions sociales de leur auteur, et semblent avoir été écrits pour préparer ou prolonger Le Talon de fer.
[...]
artza a écrit :Après ça on peut toujours aller s'en jeter un petit au Cyrano.
Eh bien, je crois l'avoir bien gagné mon verre au Cyrano.