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Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 24 Juin 2018, 01:41
par Zelda_Zbak
bonjour,

Un très bon reportage sur 4 SDF : un couple, un homme quinquagénaire et une jeune femme...
J'y ai appris des choses, et cela a confirmé des choses que je ressentais sur ce qui peut pousser quelqu'un à la rue.
A voir et à faire tourner :

https://www.youtube.com/watch?v=VZHTO8ij070

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 25 Juin 2018, 23:40
par Sinoue
Merci Zelda pour ce beau reportage, poignant et instructif

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 01 Juil 2018, 09:12
par Zelda_Zbak
De rien, Sinoue. Je ne suis pas sûre que tout le monde réfléchit de la même façon en regardant ceci...
Pour ma part, ce qui me frappe dans les 4 cas, c'est que les causes profondes du suicide social sont psy.
Le jeune homme est alcoolique, et on n'apprend à peu près rien sur lui. Si ce n'est qu'essayer de s'en sortir signifie rompre résolument avec son ancienne vie, au grand dam de son ex compagne.
Cette compagne est alcoolique, mais on sait qu'elle a eu un travail, 2 enfants, qu'elle a toujours été une cocotte minute prête à exploser, de l'avis de son ancien patron ou chef, de ses 2 enfants, et qu'elle dit avoir eu une enfance atroce. Comme souvent, elle reproduit le schéma gravement dysfonctionnel avec ses enfants. Question subsidiaire : comment pourquoi l'on reproduit de façon compulsive des schémas gravement dysfonctionnels ? Et surtout, comment pourquoi l'on casse ces schémas pour s'en émanciper ?
La jeune femme idem : on entend qu'elle est une cocotte minute prête à exploser et elle nous raconte qu'elle a eu une enfance qu'elle a vécue comme atroce avec un père violent qui maltraite et une mère impuissante.
Enfin l'homme de 50 ans... Le plus complexe pour moi. Il est SDF et s'interdit de mendier, quitte à crever la dalle... Il garde une bonne hygiène, on ne voit pas son addiction. Bien qu'on comprend... qu'il ne sait pas s'organiser, qu'il largue tout ce qu'il aime sans prévenir, comme une compulsion de l'échec, comme un rejet violent aussi profond que non conscient de ce que la société attribue à la réussite, la stabilité, la sécurité...

Ma conviction, c'est qu'il faut vraiment traiter le problème sur 2 axes : pas seulement la misère, mais aussi la faille, la cassure psychologique. Il y a une forme de suicide social indéniable pour moi dans ces 4 SDF. Je les trouve borderline.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_d ... borderline

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 01 Juil 2018, 11:08
par Byrrh
"elle dit avoir eu une enfance atroce" (...) "elle a eu une enfance qu'elle a vécue comme atroce"

Je sais qu'on peut toujours tout relativiser, mais pourquoi ne pas croire d'emblée ces personnes, même s'il s'agit d'individus à la sensibilité exacerbée ? La société est dure, et notamment dans les relations interpersonnelles qui sont d'une qualité de plus en plus médiocre. Je pense que ces individus, qui semblent en effet relever de troubles de la personnalité borderline, auraient eu besoin, plus que quiconque, de naître et de grandir dans une société... socialiste ou communiste. Laquelle sera la seule véritable société du "care" ou de la "sollicitude", pour reprendre des concepts à la mode chez certains pédagogues (ou chez Ségolène Royal).

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 01 Juil 2018, 17:12
par Zelda_Zbak
mais pourquoi ne pas croire d'emblée ces personnes


C'est factuel, c'est tout. Je n'ai rien qui me permette ni de les croire ni de ne pas les croire.

les relations interpersonnelles qui sont d'une qualité de plus en plus médiocre

Ca, c'est pas factuel, Byrrh... Affirmation très subjective... Impossible à vérifier. Les relations interpersonnelles étaient infectes au temps de mes parents. Elles devaient être encore pire au moyen age.

auraient eu besoin, plus que quiconque, de naître et de grandir dans une société... socialiste ou communiste

Sur ça non plus, j'ai pas la main...
Je me contente d'essayer de comprendre par quoi passe cette détresse. J'aimerais savoir si le trouble psy entraîne la misère... ou bien l'inverse, ou bien les deux en parallèle.

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 02 Juil 2018, 09:31
par Byrrh
Zelda_Zbak a écrit :Les relations interpersonnelles étaient infectes au temps de mes parents. Elles devaient être encore pire au moyen age.

Nous pouvons déjà être d'accord sur le fait que les relations interpersonnelles sont médiocres de longue date. Et sans doute sur le fait qu'elles pourraient être infiniment plus épanouissantes dans le cadre d'une société socialiste.

Par contre, ces relations sont-elles plus médiocres aujourd'hui qu'il y a 10, 20, 50 ans ? Comme tu le dis, on ne peut guère s'appuyer sur une base de données. Mais quand à travers la politique, on a l'habitude d'observer sur le long terme les signes que nous renvoie la société, les paroles, les comportements, on ne peut franchement pas faire l'impasse sur l'accentuation de certains traits significatifs. L'époque continue d'être marquée par l'individualisme et la concurrence entre individus, le renforcement d'idées réactionnaires diverses dans tous les milieux, et une nouvelle génération est née, qui n'a connu que ce contexte idéologique.

Tu ne partageras peut-être pas mon point de vue, mais oui, effectivement, je considère que sur le dernier quart de siècle, et depuis plus longtemps sans doute, les rapports humains ont été de plus en plus aliénés et dénaturés. À vrai dire, il ne pourrait en être autrement dans un contexte où la bourgeoisie accumule des victoires depuis 40 ans.

Un seul exemple de "relation interpersonnelle" dégradée : je pense qu'on assiste à un affaiblissement du féminisme - le mouvement MeToo étant sans doute une réaction à l'inversion de ce qui avait pu être conçu comme une pente naturelle depuis les années 1960 -, et que cela faisait longtemps que les expressions du machisme et du masculinisme n'avaient pas été aussi démonstratives et tonitruantes dans l'espace public.

Je pense que nous assistons à une démonstration éclatante du fait qu'il n'y a pas de "pente naturelle" menant définitivement d'une société violente à une société plus civilisée. Pour revenir à ton exemple de départ, je pense que si la bourgeoisie continue d'avoir la main, si elle continue de favoriser la violence des rapports sociaux et entre individus, les personnes particulièrement fragiles psychologiquement, inaptes à la concurrence, seront de plus en plus nombreuses à se retrouver dans ces situations dramatiques de déclassement radical.

Re: Documentaire : SDF, enquête sur ceux qui ont tout perdu

Message Publié : 03 Juil 2018, 12:35
par Zelda_Zbak
Merci de ta réponse...
Moi, ce qui me frappe dans ces dernières années, et dont peut-être Macron est révélateur, c'est le raisonnement suivant :


Nous sommes des humains, et donc une variante d'animaux avec des émotions.
Donc quoi que l'on fasse, quoi que l'on dise, quelle que soit notre éducation, chassez le naturel par la porte, il entre par la fenêtre.
Une partie des gens (dont je suis) en conclut que la maturité, c'est parvenir à tracer sa route entre la planification rationnelle pour atteindre nos objectifs ET... toutes les émotions que ça génère en route, des frustrations, des joies, des colères, du désespoir, et j'en oublie !
Et bien sûr que parfois, tiens quand il fait extra chaud comme ces jours-ci, l'adulte sent au fond de lui un tout-petit de 2 ans qui prend le pouvoir et pleure, et chigne, et geint...

Bref, on deale avec plein de personnalités à l'intérieur de nous : de notre passé, de notre présent, de ce que les autres attendent de nous, et on voit au cas par cas quelle personne on satisfait, car en satisfaire une, c'est en frustrer quelques autres...

Mais bon. Après on s'étonne que les pathologies psy sont fréquentes, pas toujours invalidantes, mais par moment oui... Normal, c'est très complexe tout ça.

Alors pour tout régler, il y a une solution raccourcie... Faire comme si... on était des robots. Macron est un robot au service d'une déshumanification de la société. Groland a fait une fois une super vanne sur lui, bien plus profonde qu'il n'y paraît : L'intelligent artificiel. :lol:

L'exemple d'un SDF dans la rue est un super exemple de ce que l'on est censé faire avec nos exigences multiples et parfaitement contradictoires :
Que vous-dites vous quand vous croisez un mendiant ? Plein de trucs parfaitement contradictoire.
Voilà moi par quoi je passe, car j'ai choisi d'être sans filtre avec moi-même

- Pouah, il pue !
- Pouah, elle fait la manche avec son gosse, ça me dégoûte.
- Il est déglingué, mais je l'aime bien. Allez je lui file.
- Putain, qu'est ce qu'on pourrait faire de mieux... c'est pas permis de laisser crever les gens la gueule ouverte.
- En même temps, j'ai pas pu aider ma belle-soeur qui nous a demandé 1000 euros... :(
- Pourquoi pas une tiny house, il paraît que c'est à la mode, ça coûterait que dalle à la société.
- pourquoi pas une tontine spéciale sdf, j'aime pas l'idée de filer à des assocs. Ce sont les SDF qui manquent de tout, j'aime pas le filtre des assocs, j'aime pas les intermédiaires.
- Est-ce que ça pourrait m'arriver à moi ?
- Bien sûr que si je lui file 10 balles, il va les boire ou s'acheter des clopes, mais si c'est son kif, ben je lui paye quelques heures de plaisir. Je suis pas sa mère.

Bon, bref, rien n'est simple et tout se complique. Ce sont comme des fantômes de nous, ce qui pourrait nous arriver si tout partait à vau l'eau... Quelqu'un te largue, tu perds ton job, ton appart, ta famille en a marre de tes galères sempiternelles, des tes explosions de colère à répétition... Et bam, t'es juste un chien errant...