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Médias
Et paf, l'ex-Sarkoboy Frédéric Lefebvre relance «Pif»
Par Adrien Franque — 14 décembre 2020 à 17:00
Deux résurrections : le titre culte et communiste de la presse jeunesse des années 70 renaît une nouvelle fois mercredi, soutenu par l'ancien porte-parole de l'UMP.
Le mariage, entre un canidé d’inspiration communiste et un ex-fidèle de Nicolas Sarkozy, a surpris son monde. Il y a de quoi : le Journal du dimanche annonce lundi le retour du magazine Pif, en même temps que celui de Frédéric Lefebvre, ancien député UMP et secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon. Après avoir racheté l’éditeur de bandes dessinées Vaillant, Lefebvre lance en effet mercredi Pif le mag.
Une nouvelle version papier trimestrielle tirée à 120 000 exemplaires pour le phénomène de presse jeunesse des années 70 et 80. «Pif était proche de moi ; c’était mon héros, raconte un Frédéric Lefebvre transi de nostalgie au JDD. Je le projetais dans la vraie vie et il donnait la parole à Cannelle, mon labrador adoré. […] Le relancer aujourd’hui est pour moi un acte à la fois régressif et transgressif, mais aussi une immense envie de partager !»
Un partenariat avec «l’Humanité»
Né dans les pages de l’Humanité en 1950 sous le crayon de José Cabrero Arnal, le chien Pif s’incarne en magazine avec Pif Gadget à la fin des années 60. Cette fois, pour la relance de Pif, l’Humanité a accepté de céder la licence d’exploitation. En redressement l’an passé, le journal communiste a été incité par les administrateurs judiciaires : «On nous a demandé de valoriser cette marque et ce patrimoine magnifique, explique le directeur de l’Huma, Patrick Le Hyaric, au JDD. Nous n’avions pas la possibilité de le faire chez nous alors nous avons donné la licence d’exploitation à la société Pif & Hercule, créée pour l’occasion.»
Derrière Pif & Hercule, Frédéric Lefebvre donc, et l’entrepreneur Bernard Chaussegros. Le montant de la licence n’a pas été dévoilé, mais il comprend pour l’Humanité une redevance annuelle, un intéressement aux ventes et une commercialisation des espaces publicitaires par la régie du quotidien communiste.
«La politique, c’est fini»
Ce partenariat avec un ex-député de droite n’a en tout cas pas dissuadé le directeur du journal de Jean Jaurès : «Nous sommes dans une relation professionnelle avec un entrepreneur, pas avec un ancien homme politique avec qui nous avons pu avoir des désaccords par le passé.» «Pif n’a jamais été politique au sens du clivage gauche-droite», défend de son côté Frédéric Lefebvre. Qui annonce par ailleurs que, pour lui, «la politique, c’est fini», trois ans après une défaite aux législatives et un an après son adhésion chez LREM.
C’est surtout le projet éditorial porté par Lefebvre et son associé qui a convaincu l’Humanité. Celui-ci est tourné, selon l’ex-député, vers «l’écologie, l’humanisme, la solidarité, la défense des animaux». Un Pif plus vert, comme le confirment les fameux gadgets offerts avec le premier numéro : cette fois, pas de pois sauteur ou de pifises (des œufs de crustacés séchés qui reprennent vie dans l’eau) comme dans les années 70. «Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité ou des personnages de BD. Pas des objets !» clame Frédéric Lefebvre. A la place, un «sapin à planter» ou «un jeu de l’oie sans plastique». Recyclées aussi, les bandes dessinées du Pif originel : à côté de six planches de Rahan «inédites depuis 1979», on retrouvera des aventures de Pif ou de Placid et Muzo par des dessinateurs trentenaires. L’ambition est de réussir à réunir les anciens ados des années 70 et 80 avec la nouvelle génération.
Folie des grandeurs, le renouveau de Pif ne s’arrête pas là : Frédéric Lefebvre entrevoit des projets de «programmes courts pour l’audiovisuel, de jeux vidéo ou de développement pour de futurs parcs d’attraction». Mais avant d’imaginer un futur Pifland, il faudra déjà réussir à vendre du papier : que ce soit Super Pif entre 2015 et 2017 ou en mensuel entre 2004 et 2008, toutes les dernières relances de la marque ont connu l’échec.
Adrien Franque
Et voilà mon cher GdM... Une vulgaire "marque" !