Quand la CGT avait de l'influence...

Quand la CGT avait de l'influence...

Message par Cyrano » 24 Sep 2019, 14:16

Début septembre, Philippe Martinez, combattant aimant être battu, disait que sur la réforme des retraites, «Ce sera compliqué d'avoir de l'influence.»
Pourtant, au début des années 1920, la CGT était crainte, si on en juge par cette chanson:

Il était syndiqué (paroles et musique Marc-Hély)

J'ai surpris l'autre jour dans mon usine
Un ouvrier
Qui mettait dans l' tuyau d' la machine
Pour s'amuser
Des trognons d' chou, des clés d' sardines
Des vieux mégots, des rats crevés
Des peaux d' bananes et d' mandarines
Et je m' disais, tout indigné
"C'est bien mon droit, rien n' m'empêchera
D' foutre ses huit jours à c't idiot-là"

Mais il était syndiqué
Je ne sais comment vous expliquer
J'ai eu peur de provoquer
La grève de tous mes ouvriers
Et par solidarité
La grève de tout l' corps de métier
Sur un mot d' la CGT
La grève des mineurs, des terrassiers
Puis viendraient les vitriers
Rémouleurs, zingueurs, robinetiers
Épiciers, limonadiers
Fumistes, ébénistes et tapissiers
En pensant à tout c' truc-là
Je m' suis dit "Mon vieux, restons-en là
Pour un p'tit machin comme ça
Faut pas fâcher l' prolétariat"

Mais il avait vu mon air maussade
J' pensai "J' suis frit
J' vais pas y couper d'une engueulade"
À moins ?... J'y suis !
D' lui expliquer dans un sourire
Qu' j'étais venu là sans plus d' façons
Pour lui annoncer que j' désire
Lui donner une augmentation
Pourtant en y réfléchissant
Je m' ravisai immédiatement

Car il était syndiqué
Je ne sais comment vous expliquer
J'étais forcé d'appliquer
La même chose à tous mes ouvriers
Ou bien c'était provoquer
La grève de tout l' corps de métier
Et par solidarité
La grève des dentistes et des cochers
Sur un mot d' la CGT
Suivraient les facteurs et les huissiers
Les jardiniers, les pompiers
Les grands magasins de nouveautés
Les autobus, les métros
Et les travailleurs municipaux
Pour un p'tit machin comme ça
Faut pas fâcher l' prolétariat

Je vais lui donner la main d' ma fille
Pensais-je vivement
À cette offre, en effet, son œil brille
Mais cependant
Il me réplique "C'est une belle blonde
Elle est bath, mais j' préfère encore
La patronne, elle est plus gironde
Les grosses mémères, moi, j' les adore"
J' manifestai d' l'hésitation
Pour lui donner satisfaction

Mais il était syndiqué
Je ne sais comment vous expliquer
Refuser c'était risquer
La grève de tous mes ouvriers
Et par solidarité
La grève de tout l' corps de métier
Sur un mot d' la CGT
La grève des tondeurs et des gaziers
Des paveurs, des égoutiers
Et des fonctionnaires des PTT
Des fondeurs de pavés d' bois
Et des raffineurs de pâtés d' foie
Je lui dis "Montez chez moi
J' préviendrai ma femme, elle vous recevra"
Pour un p'tit machin comme ça
Faut pas fâcher l' prolétariat

Mon bonheur, hélas, ne fut qu'un rêve
Huit jours après
Toute mon usine était en grève
Déjà j' pensais
"Que va-t-il falloir encore faire
Pour leur plaire et les contenter ?"
Quand j' vis chez moi sans plus d' manière
Monter mon ancien ouvrier
Qui v'nait au nom d' son syndicat
M' soumettre ses desiderata

Comme il était syndiqué
Il se mit bien vite à m'expliquer
Que j' devais aussi prêter
Ma femme à ses copains d'atelier
Et par solidarité
Aux compagnons du corps de métier
Sur un mot d' la CGT
Aux plongeurs, vidangeurs et plombiers
Mais je l'ai interrompu
Avec un bon coup d' soulier dans l' cul
En lui disant "Je n' veux pas
Être le cocu des syndicats
Au contraire j'ai résolu
De fonder l' syndicat des cocus
Car j' suis sûr que celui-là
S'ra plus fort que l' prolétariat
Cyrano
 
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