Écoute d'un premier audio Book sur youtube, je suis agréablement surpris de la qualité de la diction, le rythme, etc. Ça doit dépendre, je suis bien tombé.
C'est la peste de Camus, c'est mis en ligne par "Lyber"
Ces Hervé braillards, insulteurs de foire, antimilitaristes, " sans-patrie ", apôtres du sabotage et de l'action directe, et plus tard oracles patriotiques des concierges, valets de presse des coteries petites-bourgeoises, ivres de chauvinisme ; ces Sébastien Faure, libertaires, pédagogues, néo-malthusiens, beaux parleurs, antimilitaristes, toujours armés d'un vaste programme plein de promesses, les dispensant de toute démarche pratique et toujours disposés à conclure quelque compromis avec le ministre, si celui-ci sait les flatter. Le radicalisme verbal, la politique des formules intransigeantes qui n'ouvrent la voie à aucune action et consacrent la passivité sous le masque de l'extrémisme, était et reste la rouille la plus pernicieuse du mouvement ouvrier français. Des orateurs qui ne savent pas, en commençant leur première phrase, ce qu'ils diront dans la seconde ; d'habiles bureaucrates du journalisme qui ignorent l'évolution des événements ; des " chefs " qui ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs propres actions ; des individualistes qui, sous le drapeau de l'autonomie de tout ce qu'on voudra : province, ville, syndicat, organisation, journal – défendent invariablement leur propre individualisme petit-bourgeois contre le contrôle, la responsabilité et la discipline ; des syndicalistes qui non seulement ne sentent pas le besoin, mais même craignent de dire ce qui est, d'appeler une erreur par son nom, d'exiger d'eux-mêmes et des autres une réponse précise à une question et qui masquent leur impuissance sous les formes habituelles du ritualisme révolutionnaire ; des poètes magnanimes, qui veulent déverser sur la classe ouvrière les réserves de leur magnanimité et de leur confusion mentale ; des saltimbanques, des improvisateurs, qui sont trop paresseux pour penser et qui s'offensent qu'il y ait des gens ayant l'habitude et la capacité de penser ; des bavards, des faiseurs de calembours, dénués d'idées, des oracles de clocher ; de petits curés, révolutionnaires d'église, se combattant mutuellement – voilà le terrible poison du mouvement ouvrier français, voilà la menace, voilà le danger !
Duffy a écrit :https://www.marxists.org/francais/calves/works/1993/00/calves_table.htm
Mémoires d'André Calvès, vivant et pas prétentieux, intéressant notamment sur le PCF... et puis le boulot en direction des soldats allemands à Brest, auquel il était lié.
Les seuls trotskystes qui faisaient un travail effectif en usine étaient ceux de « Voix Ouvrière » qui devint plus tard « Lutte ouvrière ». Sachant qu’ils avaient une poignée de mili-tant chez Citroën, je pris contact avec eux. Je n’étais pas d’accord avec leurs analyses de l’URSS, ni leur forme d’organisation, mais enfin, eux avaient le souci réel de s’implanter en usine et avaient des militants très courageux.
J’ai donc collaboré à la feuille mensuelle sur Citroën. La direction V.O. rédigeait l’éditorial commun à toutes les feuilles d’usine, et nous faisions la deuxième page avec les échos de la boîte. Bien entendu l’essentiel des feuilles était distribué par des étudiants de l’organisation. Certains lecteurs peuvent être surpris par ce souci de clandestinité dans le pays des droits de l’homme. L’histoire suivante pourra leur donner une certaine vision des choses.
Un vendredi soir, un camarade travaillant au secteur photographie de l’usine Citroën passa à la permanence de V.O. Il apprit qu’une distribution de tracts devait être faite le lendemain, mais qu’un étudiant ne serait pas disponible. Sachant que la distribution ne concernait pas une usine Citroën, il se dit « pas de problème » et participa le lendemain à l’aube, à l’action des copains. Arrestation par la police pour vérification d’identité. A première vue, pas de problème non plus. Sauf que dans la semaine qui suit, Citroën le licencie...pour raison de compression de personnel bien sûr. Ce sont de petites choses qu’un intellectuel peut faire l’effort de connaître avec sa tête. Avec beaucoup moins d’efforts, un ouvrier le sait avec sa peau.
Il me revient une histoire. A Choisy-le-Roi, au cours d’un conseil de classe, deux élèves délégués dirent : « M. Calvès gueule trop ! » Le Directeur les interrompit : « M. Calvès, bon prof, et patati... » Je dus intervenir : « M. le directeur a tort de contre-attaquer; les élèves ne diront plus rien. Or, ils ont sûrement raison. Je gueule de trop. » Plus tard, dans l’atelier, deux profs me plaignirent : « Tes élèves sont des salauds ! » Ils s’étonnèrent de me voir tout heureux : « Beaucoup d’élèves auraient des choses à dire. Les miens savent que je ne suis pas minable au point de vouloir me venger. C’est très sympa. » Au Pont de Buis ; peut-être parce que les élèves avaient moins de culture générale, ils se taisaient et accumulaient lentement les rancœurs. Puis un jour, ils dansaient sur l’auto d’un prof, ou crevaient les pneus, ou faisaient bien pis encore. Je précise que rien de tout cela ne m’est arrivé. Je veux simplement souligner que même les muets ont de la mémoire et doivent être respectés.
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