S'occuper en musique

Re: S'occuper en musique

Message par Zorglub » 19 Avr 2020, 16:48

Moi non plus je n'ai pas de surf.
Pendant que nous dissertons musique, nos copains punks-à-chien parlent binouse. :mrgreen:
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Re: S'occuper en musique

Message par Plestin » 20 Avr 2020, 17:11

De vieux souvenirs des années 1970-80 remontent à la surface. Quelques morceaux de Gheorghe Zamfir, joueur de naï (flûte de pan roumaine), à l'époque où il n'avait pas encore viré dans l'hyper-commercial...

Rustemul ca la listeava

https://www.youtube.com/watch?v=QXRR5gk ... 2&index=16

Cintec De Nunta

https://www.youtube.com/watch?v=iMfj9O8yHbU

Craitele

https://www.youtube.com/watch?v=JbIPTZF ... 2&index=20

Hora lautareasca

https://www.youtube.com/watch?v=s6uwNeg ... 2&index=22

Doina De La Visina

https://www.youtube.com/watch?v=HSgEH_nA2ow
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Re: S'occuper en musique

Message par Plestin » 22 Avr 2020, 20:39

Quelques chansons grecques belles, étonnantes ou étranges et de facture moderne :

Ta klidia ("les clés"), par Thodoris Kotonias ; retrouver les clés du cœur de sa bien-aimée :

https://www.youtube.com/watch?v=N_eOtWT9kRQ

Aeriko ("fantôme"), par Thanassis Papakonstantinou ; histoire de prisonnier (au sens réel ou virtuel) qui rêve de pouvoir s'échapper (de sa geôle, de son monde) comme un fantôme et envie la liberté des oiseaux :

https://www.youtube.com/watch?v=0daJ3PsOI2I

Na valo ta metaxota ("je porterai la soie"), par Melina Kana ; une femme de la bourgeoisie trahie par son conjoint et qui décide de rejoindre la rue, domaine des poubelles, des chats errants, des usines, pour y mener une "vie pirate" et se mêler aux ouvriers :

https://www.youtube.com/watch?v=oy9VVD1VsC0

Ximeromata ("aube"), par Miltos Paschalidis ; sur un texte fantastique de Lakis Papadopoulos ; revenir d'entre les morts pour retrouver le sourire d'une jeune fille :

https://www.youtube.com/watch?v=DuD5RsltUhg

Pia niki ("quelle victoire ?"), d'Apostolis Rizos ; une critique amère et acide de l'état désastreux du pays :

https://www.youtube.com/watch?v=KseQvI-MH94

Tis Arnis to nero ("L'eau d'Arni"), par Stavros Siolas ; boire l'eau de l'oubli (référence à une légende grecque) ne m'empêcherait pas de retomber amoureux si je te revoyais...

https://www.youtube.com/watch?v=UnkJbxnRmNg
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Re: S'occuper en musique

Message par Plestin » 26 Avr 2020, 20:16

Une petite sélection de clips de musique pop turque ! A côté de la masse des morceaux qui, en Turquie comme en France ou aux Etats-Unis, sont sans grand intérêt (ex. : des amoureux transis sur fond de mélodie indigente), il y a des choses plus originales et plus intéressantes. Je suis loin d'avoir fait le tour de la question mais j'ai déjà repéré (uniquement parmi des chansons grand voire très grand public) quelques clips sympas avec des hommes pas machos, des femmes qui ne se laissent pas faire ou qui sont engagées ou qui ont du talent, et une étonnante scène pop LGBT.

Mehmet Erdem - Aşkımız Bitecek (Notre amour prendra fin) un clip sympa parce que le chanteur se laisse piquer le micro par des femmes et ça l'amuse.

https://www.youtube.com/watch?v=l7byjzDB3BA

Mehmet Erdem - Hara ; parce que j'aime bien le chanteur (hommes et femmes sont souvent sur un pied d'égalité dans ses clips), la chanson et le clip :D .

https://www.youtube.com/watch?v=zwEKJmHjZ18

Irem Derici - Evlenmene Bak (Prends soin de ton mariage) ; ou quand la mariée torpille son mariage dans une famille bourgeoise et va rejoindre son amant camionneur :

https://www.youtube.com/watch?v=-dpdsuewpYI

Güliz Ayla - Olmazsan Olmaz ; pour le talent de cette jeune chanteuse turque qui, par ailleurs, a co-écrit une autre chanson avec un chanteur grec.

https://www.youtube.com/watch?v=j-T4hRJNFJI

Aydilge - Yangın Var ; pour le côté atypique de cette chanteuse et l'aspect verrier de son clip.

https://www.youtube.com/watch?v=ul6kyl1ipW0

Sezen Aksu - Manifesto (Manifeste) ; un manifeste contre les trop sérieux - sombres - fermés (elle n'ajoute pas "qui nous gouvernent", mais bon...) et en faveur de la vie, de la fête, de l'amour :

https://www.youtube.com/watch?v=6ywcf07KQZA

Cette étonnante chanteuse est l'une des pionnières de la musique pop en Turquie, elle est engagée depuis longtemps contre la misogynie, l'analphabétisme, l'homophobie et toutes sortes de discriminations. Contrairement à d'autres vedettes elle a refusé de faire confiance à la fausse "ouverture démocratique" d'Erdogan en 2009 à propos des Kurdes et sur d'autres sujets, tout en prenant elle-même position en faveur d'un processus de paix au Kurdistan. Elle a écrit une chanson sur les victimes de la guerre, a soutenu les jeunes manifestants du Parc Gezi et de la place Taksim en 2013-14... Voici une de ses chansons plus anciennes (1991) où elle invite à regarder dans quel triste état se trouve le monde :

Sezen Aksu - Hadi Bakalım (Venons voir)

https://www.youtube.com/watch?v=KSlOGG5Ohgg

L'autre chanteuse aux origines de la pop turque et amie de la précédente, Ajda Pekkan, très engagée, non dans le féminisme mais contre les violences faites aux femmes, est, elle, tombée la tête la première dans le panneau de "l'ouverture démocratique" d'Erdogan en 2009. C'est pourtant elle qui a chanté aussi en 2009 une chanson dénommée "Keçe Kurdan" ("Fille Kurde") à l'occasion de la création d'un numéro d'urgence pour les femmes victimes de violence domestique (l'une des initiatives d'Erdogan qui l'ont séduite) et cette chanson s'est retrouvée interdite. Elle l'a rechantée en 2013. D'autres ont tenté de s'en servir pour délivrer un message pro-kurde mais ont eu de gros problèmes avec la justice turque. Ajda Pekkan, elle, est depuis toujours restée proche du pouvoir, tentant de le convaincre de pratiquer davantage de charité, de défendre la cause des femmes ou celle des animaux ! Mais elle accompagne surtout Erdogan dans ses divers déplacements et elle a même, en 2018, soutenu son opération militaire "Rameau d'olivier" contre les Kurdes à Afrine dans le nord-ouest de la Syrie... :cry:

La plupart de ses chansons sont soit des reprises en turc de tubes internationaux (ex. : de I will survive) soit des chansons assez classiques, paillettes ou sirop, de vedette du show biz. J'ai quand même trouvé un clip qui se détache un peu du lot et correspond assez bien au personnage de "femme forte" que cette chanteuse véhicule :

Ajda Pekkan - Yakar Geçerim - Ce n'est pas de l'amour, c'est de la captivité, si j'étais toi je me tirerais :

https://www.youtube.com/watch?v=Xpp_y2Os5Co

On ne peut pas parler de pop turque sans évoquer le célèbre et incontournable Tarkan, dont un tube, Şımarık ("kiss kiss") a eu un succès international mais qui continue depuis d'en faire plein d'autres. Ses tubes en turc marchent mieux que ceux qu'il a tenté ensuite en anglais. Il a lui-même composé des chansons pour d'autres chanteurs ou chanteuses (dont celle d'Ajda Pekkan que j'ai mise juste avant, et une de Bülent Ersoy qu'on va voir après). Mais le texte de son tube international a été écrit par Sezen Aksu... Comme quoi le monde de la pop turque reste petit. Tarkan a subi une campagne de dénigrement réclamant sa déchéance de nationalité turque lorsqu'il est parti vivre à l'étranger pour éviter d'avoir à faire son service militaire alors qu'il était en pleine carrière. Cela s'est résolu en 1999 suite à une nouvelle loi qui a permis de payer 16.000 dollars d'aide aux victimes d'un tremblement de terre pour n'avoir qu'un service court de 28 jours, ce qu'il a fait. Tarkan produit des tubes efficaces à la pelle, tous ont un fort tropisme occidental, possible héritage de son enfance de fils d'immigré turc en Allemagne, mais ce ne sont pas forcément des chansons à texte très intéressant. Ici, l'un de ses titres, choisi, malgré ses clichés, parce qu'on y voit quelques belles mais trop furtives images d'Istanbul depuis les toits et terrasses.

Tarkan - Kedi Gibi ("Comme un chat") Viens Amour, laisse-moi m'asseoir au chaud comme un chat.

https://www.youtube.com/watch?v=X0rg-O2SDPA

Et aussi, au titre des curiosités, une chanteuse turque qui est une star tout à fait ordinaire et sans grand intérêt - charité et compagnie - mais qui a tourné un clip et une chanson de type latino - en turc - qui a rencontré un immense succès au point de tutoyer les Jennifer Lopez et autres Christina Aguilera avec pour l'instant 328 millions de vues sur Youtube dont au moins 200 millions en Turquie même. Un clip latino qui a tous les clichés du genre, pour le meilleur et pour le pire.

Gülşen - Bangır Bangır (boum boum)

https://www.youtube.com/watch?v=icZ-OlVSvb4

La musique pop turque compte plusieurs chanteurs relevant ouvertement de la sphère LGBT, en plus de ceux qui, comme les chanteuses Sezen Aksu et Ajda Pekkan, sont qualifiés "d'icônes gay" (comme quoi on peut être une icône gay tout en étant en bons termes avec le conservateur Erdogan...)

Il y a au moins deux célébrités turques qui ont fait leur transition (par opération chirurgicale) et sont devenus des chanteuses : Ayta Sözeri (qui est actrice et chanteuse) et Bülent Ersoy.

Ici, Ayta Sözeri reprend un tube du chanteur Babutsa (et fait, à mon avis, mieux que l'original) :

Ayta Sözeri - Yanayım Yanayım (Je brûle, je brûle) (d'amour pour toi)

https://www.youtube.com/watch?v=9bzdLd2Nk0I

Bülent Ersoy, qui a effectué sa transition en 1981, a dû affronter pour cette raison une grande hostilité dans son propre pays, la censure de ses chansons et, agressée en 1989 lors d'un concert, y a perdu un rein. Plusieurs de ses meilleures chansons sont en lien avec ses interrogations sur les raisons pour lesquelles elle est comme elle est, est-ce que c'est vraiment mal et puni des flammes de l'enfer etc. Le tout dans un environnement étrange et de magie, comme l'illustre bien le clip suivant.

Bülent Ersoy - Bir Ben Bir Allah Biliyor (Seulement moi et Dieu) (savons comme je souffre).

https://www.youtube.com/watch?v=p0PFJbv3n6s

Un de ses plus gros tubes, où l'on retrouve des concessions à une tradition orientale fantasmée et un peu toujours le même thème :

Bülent Ersoy - Ümit Hırsızı (Voleur d'espoir) (je ne retomberai plus jamais amoureuse)

https://www.youtube.com/watch?v=Hg0RPrLQGQk

On retrouve cette volonté d'être "accepté par la tradition" de la part d'un grand chanteur qui ne fait pas mystère de sa bisexualité, Mabel Matiz, fils d'un vétéran de la guerre de Chypre. Quelque part entre le dandy excentrique et le prince-guerrier des steppes. Dans le clip suivant, toute la tradition y est : les femmes en foulard qui sont ses invitées lui font un cadeau (rose et bleu !), il leur distribue de l'eau parfumée pour les mains, café turc et loukoums, lecture de l'avenir (amoureux) dans le marc de café, henné pour porter chance... Le chanteur semble éprouver de la bienveillance pour les femmes en question qui l'acceptent en retour. Comme toujours chez lui, une petite provocation, juste avant que les femmes ne s'assoient, au mur, on peut voir une petite tapisserie bleue avec la silhouette du chanteur faisant un bras d'honneur (à tous ceux à qui ça ne plaira pas).

Mabel Matiz - A Canım (Oh chéri(e))

https://www.youtube.com/watch?v=5nZG45hM1Hc

Mabel Matiz a créé de nombreuses chansons à succès, en voici quelques-unes, sur les thèmes de l'amour détruit, de l'éloignement amoureux ou de l'attente d'un amour à venir.

Mabel Matiz - Ya Bu İşler Ne ("Quelles sont ces choses" ou "C'est quoi ces histoires" ?)

https://www.youtube.com/watch?v=8vHqe9JA1k0

Mabel Matiz - Mendilimde Kırmızım Var ("De l'écarlate sur mon mouchoir")

https://www.youtube.com/watch?v=tMUtzjSkjnY

Mabel Matiz - Gel ("Viens") (et réveille les roses de mon jardin)

https://www.youtube.com/watch?v=ME1WaoCudmw

Voilà. Des vedettes plus ou moins courageuses, plus ou moins attachantes, plus ou moins talentueuses, avec des préoccupations qui les concernent. Des vedettes pour la plupart venant d'un milieu assez aisé, de la petite ou moyenne bourgeoisie. Avec tous les défauts habituels de ces milieux et toutes leurs faiblesses. Certaines, consommant des drogues comme souvent dans ces milieux, sont tenus par le pouvoir car à la merci d'une condamnation (c'est le cas, hélas, de Mehmet Erdem).

Certaines luttent pour de nobles causes mais essayent souvent de les rendre compatibles avec la tradition et de les faire accepter par le système (tout en faisant sans doute enrager quelques intégristes au passage).

Et bien sûr, comme partout ailleurs à travers la musique pop, la cause des travailleurs, elle, ne semble défendue par personne.

Si des camarades qui connaissent bien mieux la Turquie que moi - et je sais qu'il y en a - veulent ajouter des choses, apporter des précisions ou corriger des erreurs, qu'ils n'hésitent pas. En tout cas, à travers ces exemples j'ai l'impression que le "grand écart" entre certains milieux urbains "branchés" et les campagnes les plus reculées ou les milieux traditionalistes doit être immense.
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Message par Kéox2 » 26 Avr 2020, 20:43

Où l'on découvre, parfois avec surprise, les goûts musicaux des membres du FALO... :mrgreen:
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Re: S'occuper en musique

Message par Kéox2 » 26 Avr 2020, 20:49

J'ajouterai pour Plestin que tu es un véritable découvreur de la musique pop turque. :mrgreen:
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Re: S'occuper en musique

Message par Plestin » 27 Avr 2020, 05:13

Kéox2 a écrit :Où l'on découvre, parfois avec surprise, les goûts musicaux des membres du FALO... :mrgreen:

Et encore, tu ne sais pas tout, quand j'étais jeune j'étais un grand fan d'ABBA. :D
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Re: S'occuper en musique

Message par com_71 » 27 Avr 2020, 05:52

Membres, c'est la terminologie fournie par l'interface. En réalité, je crois qu'il n'y a que des inscrits.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: S'occuper en musique

Message par Plestin » 08 Mai 2020, 14:15

Une chanson d'Oum Kalthoum en 1966 : Fakarouni ("Ils m'ont rappelé...")

Les chansons d'Oum Kalthoum étaient très longues et racontaient toute une histoire. Au-delà de la chanson c'est toute une ambiance que cette vidéo restitue, il faut se plonger dans l'atmosphère.

Je vous mets la version courte (54 mn) :

https://www.youtube.com/watch?v=Y9wW8QIeBi4

Il y a aussi une version "de durée normale" du même concert (1h17) qui a l'avantage d'un sous-titrage en français, donc la voici.

https://www.youtube.com/watch?v=5LgpTBmvT2M&vl=fr

C'est vraiment un coup de bol, j'avais un copain marocain qui jouait du luth et reprenait souvent un air d'Oum Kalthoum, cela fait 37 ans que je l'ai en tête sans savoir le nom et je l'ai retrouvé il y a quelques semaines au beau milieu de cette chanson. C'est le passage uniquement musical situé entre 18:25 et 20:55 de la version courte, 32:25 et 35:55 de la version longue. 2 mn 30 perdus dans une chanson d'une heure, j'en ai pourtant éclusé, des chansons d'Oum Kalthoum, sans rien retrouver. J'ai laissé tomber... et Youtube m'a suggéré cette chanson-là !

A propos d'Oum Kalthoum, extrait du "Dictionnaire amoureux de l'Afrique", d'Hervé Bourges :

Oum Kalthoum
(ou "la grande Dame")

La célébrité de cette voix sublime n'a eu d'égale que celle des Pyramides, et cependant sa vie privée est restée un grand mystère. On ne savait presque rien sur elle, mis à part une souche paysanne et un talent si précoce, qu'elle était invitée à chanter dans les villages alors qu'elle n'était qu'une enfant. Elle dut pour cela, pendant longtemps, se déguiser en garçon. Elle n'a pas eu d'enfant elle-même, semble-t-il. On ne savait même pas si elle avait eu une vie conjugale, avant d'atteindre un âge assez avancé et d'épouser un médecin très discret. Elle dut très tôt se rendre compte que le mystère entourant sa vie privée participerait de sa légende.

Tous les Arabes savaient qu'elle donnait un récital le premier jeudi de chaque mois. Ce récital était transmis par la radio dans l'ensemble du monde arabe, qui l'attendait avec passion. Des gens d'Arabie Saoudite, des pays du Golfe et d'autres pays arabes venaient spécialement au Caire pour y assister. Durant les concerts, les Egyptiens restaient chez eux et le petit peuple s'agglutinait autour des postes ouverts dans les quartiers. Les conversations cessaient. C'était un moment de recueillement national.

La consommation de la marijuana augmentait considérablement ce jour-là, notamment dans les campagnes. Quelques marxistes égyptiens, voyant l'effet de fascination qu'exerçait la chanteuse sur les esprits, avaient décrété que le phénomène s'apparentait à la religion, ils parlaient de ses chansons comme d'un opium, que les autorités utilisaient pour endormir le peuple. Enchanter le peuple serait une expression plus juste, avec ce qu'elle suppose de pouvoir magique de couper les gens de leurs tracas quotidiens, et de les emmener dans un univers magnifié.

Quelques amis de Bruno Coquatrix l'avaient encouragé à inviter Oum Kalthoum à chanter à l'Olympia. Il s'était rendu au Caire pour la rencontrer et discuter de l'affaire. Elle avait accepté. Ils ont commencé à parler de contrat et il lui a posé la question :

- Combien de chansons comptez-vous chanter ?

Elle a répondu :

- Trois.

Coquatrix, dit-on, faillit tomber à la renverse. Personne ne l'avait prévenu que chaque chanson durait d'une heure à une heure et demie. Il finit par comprendre et le contrat fut signé. Mais il n'était pas au bout de ses surprises.

L'Olympia avait l'habitude de jouer à guichets fermés, surtout avec les vedettes de calibre international. Mais après l'annonce du récital d'Oum Kalthoum, contrairement à ses attentes et aux perspectives que lui avaient fait miroiter ses amis, la vente des billets resta longtemps poussive. Elle allait s'accélérer vertigineusement juste avant la date prévue pour le premier concert.

En deux jours, toutes les places étaient prises. Coquatrix commençait à respirer. Mais ensuite, il a dû affronter ceux qui exigeaient des billets alors qu'il n'y en avait plus à vendre. Comme cela se passait tous les mois au Caire, avec les riches familles du Golfe. Il y avait les derniers venus, qui payaient des sommes astronomiques... et obtenaient des places sorties d'on ne savait où...

Pour le récital parisien, on raconte qu'un membre de la famille royale saoudienne s'est présenté au guichet le soir même du premier récital et a exigé plusieurs places, pour lui et ses amis. La caissière lui a dit qu'il n'y en avait plus. Le prince, habitué à obtenir ce qu'il demandait, doubla le prix, puis le tripla... et enfin sortit un pistolet... La vendeuse affolée s'éclipsa et prévint son patron. La rumeur voudrait que Coquatrix, ne pouvant se permettre un incident diplomatique, fit ajouter dans la salle quelques chaises pliantes pour le prince et son entourage...
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Re: S'occuper en musique

Message par com_71 » 08 Mai 2020, 14:56

Et Atlal (Les ruines)
Version courte (40 mn) puis longue (1h)
https://www.youtube.com/watch?v=5z8LvG5tfOE
https://www.youtube.com/watch?v=CrNLKV2oMFQ
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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