par titi » 05 Mars 2023, 10:01
Le principe d'une roue-pelle etait de décaper une épaisseur d'un talus. Imagine un mur (ici un mur de terre), tu mets les rails le long du mur, et tu poses la roue-pelle sur les rails. Quand la roue-pelle tourne, elle enlève de la terre du mur , terre qui va dans les énormes godets de la roue-pelle, chaque godet est ensuite vidé dans un camion. La roue-pelle avance sur les rails pour faire toute la longueur du mur. Quand toute la longueur est faite, le mur est moins épais, donc tu enlève la roue-pelle, tu enlève les rails (trop loin désormais du mur) et tu les replaces le long du nouveau front de taille.
A Carmaux, il fallait faire un gigantesque trou. Au début tu creuses pour faire un trou de disons 5m de profondeur sur 30m de diamètre (je ne suis pas certain de ces chiffres, c'est pour illustrer l'idée). Tu le fais avec des moyens normaux. Le pourtour du trou est donc un mur de terre de 30m de long sur 5m de haut. Eh bien la roue-pelle peut entrer en action, elle va agrandir de plus en plus le trou.
Il faut aussi mettre en place une route pour les camions à l'intérieur (!) de ce trou, afin que les camions récupèrent la terre enlevée par la roue-pelle et la mettent "ailleurs".
Quand le trou fait disons 200m de diamètre, tu peux creuser une deuxième trou au centre du premier, pour qu'une deuxième roue-pelle décape 5m de hauteur en plus.
Et ça décape, et ça agrandit le trou, on a même pu (si je me souviens bien) faire un 3è trou dans le 2è, pour que le chantier avance plus vite.
Le but du chantier était de creuser plusieurs centaines de mètres de profondeur, jusqu'à atteindre la couche de charbon.
Mon boulot était un boulot dit de "recherche opérationnelle" : comment optimiser l'usage des roue-pelles et le nombre des camions pour que le chantier soit fluide. Je bossais au sein du service étude des Charbonnages de France, avec un ingénieur qui était aussi le responsable local du PCF.
Et oui Albi est une très belle ville, au début de mon boulot je logeais au foyer de travailleurs de Carmaux, mais je déprimais, j'ai trouvé une chambre de bonne à Albi, à 20m du musée Toulouse-Lautrec. Beaucoup de belles balades à faire.