Théâtre : Les filles aux mains jaunes

Théâtre : Les filles aux mains jaunes

Message par Zorglub » 27 Août 2023, 15:28

Cette pièce de Michel Bellier raconte l'histoire d'ouvrières embauchées dans une usine d'armement pendant la première boucherie mondiale.

Elle raconte que ce qui devait être une libération fût une double journée de travail, l'usine puis la maison. L'aliénation et l'exploitation féroce.
Elles doivent s'occuper de leurs enfants, faire des courses, pleurer leurs enfants ou maris morts dans la boucherie et aller travailler dans une usine de munitions.

Sortir avec ses amies est une occasion rare. Et certaines découvrent ce qu'est d'avoir un peu de temps pour elles. Cela paraît même transgressif pour certaines.

De plus en plus d'ouvrières tombent malades, toux, fatigue. La poudre (TNT) dont elles remplissent les obus s'imprègnent, raison du titre de la pièce. Elles n'ont aucune protection, on ne leur dit rien et n'ont droit qu'à un verre de lait par jour. Sans même parler des accidents, explosions et incendies.
Les outils et postes de travail ne sont pas faits pour elles ce qui les épuisent encore plus. L'égalité ne sera que pour la quantité de travail fourni, la même que les hommes... pour moitié moins de leurs salaires. Une mère raconte que son fils à peine entré dans une usine gagne plus qu'elle.

Une femme est embauchée, plus cultivée, militante. Elle peine à suivre la cadence au début.

Méfiance voire hostilité puis prise de conscience jusqu'à une grève pour l'égalité des salaires. Réprimée mais finalement victorieuse car elles obtiendront le même traitement que les hommes. J'ai vu sur Wikipedia, qu'il y a des «munitionnettes» pandant les grèves en 1917.

Cette femme vend et écrit dans La voix des femmes, journal « féministe, pacifiste, socialiste et internationaliste » commençant en 1917 et dont la rédactrice en chef est Louise Bodin dont il est question sur un autre fil du fofo.
Cette journaliste militante est en partie une allusion à Marcelle Capy, journaliste féministe libertaire, qui fera des reportages en ayant travaillé dans divers métiers, de soudeuse à poissonnière. Elle se fera embaucher dans une usine de d'obus où
S'essayant à ce labeur pour tester ses capacités, Marcelle Capy doit déclarer forfait : “Au bout de trois quarts d'heure,
je me suis avouée vaincue. J'ai vu ma compagne toute frêle, toute jeune, toute gentille dans son grand tablier noir, poursuivre sa
besogne. Elle est à la cloche depuis un an. 900 000 obus sont passés entre ses doigts. Elle a donc soulevé un fardeau de 7 millions de kilos.
(art. Wikipedia, Marcelle Capy)

Les patrons justifiaient le faible salaire par l'allocation touchée par les femmes mobilisées.

La pièce montre le bruit, la pollution, le changement brusque pour ces femmes cantonnées au foyer. Puis le bouleversement des consciences, le début d'une double émancipation, en tant qu'ouvrière et femme.

C'est bien joué, émouvant et prenant aux tripes.

A voir.

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Zorglub
 
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