2 femmes

Message par emma-louise » 11 Déc 2003, 05:09

RENCONTRE

Frida Kahlo par Angélique Ionatos





Pour la première fois, l'artiste grecque chante en espagnol.«Alas pa'volar» décline des extraits du journal de la peintre mexicaine.



Angélique Ionatos est une artiste atypique. Dès qu'on la qualifie ainsi, la chanteuse grecque ne manque pas de relever, dans un éclat de rire, l'alpha privatif de cet adjectif dans sa langue d'origine. Cela fait trente ans qu'elle poursuit son petit bonhomme de chemin, assez éloigné des émissions télévisées de variétés, davantage proche d'un public fidèle qui remplit les salles où elle se produit. Elle ne se plaint pas de cet état de fait. «Depuis que j'ai 18 ans, je vis de ce que j'aime. Je chante et on me paie pour cela. Quel luxe!»

Rapport à la poésie

Eprise de poésie, Angélique Ionatos a beaucoup chanté, dans sa langue natale, son auteur de prédilection: Odysseus Elytis, prix Nobel de littérature en 1979. Volubile, elle parle de son rapport organique à la poésie. «Je ne peux pas vivre sans. La poésie, c'est la vie. Depuis que je suis toute jeune, ma mère m'a récité de la poésie. C'est dans la forme poétique que j'ai trouvé les choses les plus fortes qui m'ont donné envie de vivre et de comprendre le monde. Au commencement, il y a le verbe. La Bible est un livre très poétique, qui est le livre des livres. J'en parle d'autant plus facilement que je ne suis pas croyante.»

Et de poursuivre, tout aussi passionnée: «Qu'est-ce que le propos poétique? Des choses quotidiennes, éclairées différemment, apparaissent comme inédites. Chez les enfants la poésie est innée, parfois, après, certains se donnent beaucoup de mal pour l'étouffer.» Après «Marie des brumes» et «Sappho de Mytilène», voilà qu'Angélique Ionatos s'empare d'une autre figure féminine mythique: Frida Kahlo. Et celle qui a un rapport assez familier avec l'espagnol chante pour la première fois dans cette langue. «Cela surprend tout le monde, mais le grec et l'espagnol sont deux langues qui possèdent une phonétique similaire.» Pour la petite histoire, Angélique est fille d'un marin qui ramenait de ses voyages en Amérique du Sud des disques qu'elle écoutait en boucle. Plus tard, elle maîtrisera l'espagnol après l'avoir étudié durant trois ans.

Ceci posé, l'idée de l'album «Alas pa'volar» (Des ailes pour voler) en revient à Christian Boissel, fidèle orchestrateur musical de ses dernières productions. «Il y a 5-6 ans, il est tombé amoureux du journal de Frida Kahlo. Il s'est mis en tête d'en mettre en musique des extraits. Au fur et à mesure, il m'a fait part de son désir que je les interprète.» Si certaines parties du journal ont été mises en musique telles quelles, d'autres ont nécessité une adaptation. Un travail réalisé par Christine Ferarios, et consistant, par exemple, en une inversion de phrases. «Un travail de haute couture par rapport à la musique», relève Angélique Ionatos.

Là voilà donc, à l'aube de ses 50 ans, plongée dans l'univers de cette peintre à la vie plus que mouvementée, militante à la personnalité exigeante. «Il est vrai que quand on compose soi-même, ce qui est mon cas depuis longtemps, on a parfois envie de se reposer de son propre univers. Je trouvais que c'était une bonne occasion d'aller voir ailleurs en tant qu'interprète.»

Mais se plonger ne signifie pas forcément se fondre, d'autant plus que Christian Boissel a emballé le tout dans un environnement musical éloigné des canons de la musique mexicaine - mais pas hispanophone. Pour preuve, ce «Tango de la lokura». «Christian n'a pas voulu faire "à la manière de". De toute façon, il n'est pas de cet univers-là, il ne peut pas tricher.»

La scène avant tout

Du disque à la scène, il n'y avait qu'un pas, rapidement franchi, étape quasi incontournable pour l'artiste. «J'ai été très claire. Je ne voulais pas faire semblant d'être Frida. Je ne voulais pas non plus de mexicaneries de pacotille, ni des choses comme cela. Et cela a été entendu. On a travaillé avec le Colombien Omar Porras (par ailleurs metteur en scène d'un fantaisiste «Ay Quixote» et de «Noces de sang» remarquées, NdlR) qui n'était pas en mal d'exotisme. Il a fait quelque chose de très léger, d'onirique, de poétique.» Et la chanteuse de préciser: «Lors de mes précédentes prestations, j'ai toujours voulu qu'il y ait une petite mise en scène, mais la musique restait la maîtresse de mes mouvements. Ici, c'est vraiment du théâtre musical avec chaque chanson qui raconte une histoire.» Alors que le parti pris musical de Christian Boissel peut parfois surprendre, l'interprétation qu'en donne Angélique Ionatos donne chair et voix à des états paroxystiques - pourrait- il en aller autrement alors que sa patrie est aussi celle de la tragédie? Désir furieux de celui qui n'est pas là, sublimation de l'être aimé, peine, douleur, habitent l'album. A l'image de ce troublant «Y a volar» où Frida écrivait: «Des pieds pour quoi faire/Si j'ai des ailes pour voler/Appui numéro un, appui numéro deux/C'est le un qui me fait défaut/Et c'est lui qu'il me faut.»

Angélique Ionatos canta Frida Kahlo, «Alas pa'volar», un CD Naïve, NV 46911
emma-louise
 
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Message par magdalene » 20 Déc 2003, 16:11

je ne sais pas ce que ça vaut en CD, mais sur scène c'était d'une mièvrerie accablante.
quand elle chante "Y a volar", elle ne peut pas s'empêcher de gesticuler : et flap falp je fais comme si je m'envolais avec mes petits bras, et frou frou je fais un petit tour avec ma jupe à volans. dans un autre contexte, plus adapté, chantal goya faisait ça bien mieux.
en plus la musique est d'une platitude sans nom, non ?
magdalene
 
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Message par fish » 17 Jan 2004, 14:15

Bon, allez... Ca fait presque un mois que ton post est resté en stand-by, alors je me lance... C'est vrai que tu fais presque figure de mamie grincheuse qu'on aurait oublié dans le placard à balais du forum, là... Et aussi stupide que soit ta question, il ne serait pas constructif de la laisser sans réponse.
Ce que je trouve affligeant, moi, c'est l'incapacité de certaines personnes à s'émouvoir tout simplement. Je ne prône pas par là qu'il faut se laisser aller à toutes sortes de sensibleries variées, je parle de vraies émotions, de choses qui ne se commandent pas et qui nous submergent parfois... lorsqu'on leur en laisse la place. Sache que ta réaction m’a fait réfléchir, j’ai longuement pratiqué sur moi même une autopalpation alarmée : « Mon Dieu, ne suis-je amputé d’aucun sens ? Est-ce que tout est resté intact chez moi ? »

Tu parles de "mièvrerie accablante", de "platitude sans nom"... Je ne retrouve pas dans ces termes tout ce que j'ai pu ressentir lors du spectacle d'Angélique Ionatos, spectacle que je qualifierai d’une simplicité émouvante, accessible à tous, ainsi qu’elle l’a voulu. Surtout pas élitiste, devrais-je rajouter. Connaissant un peu Angélique, je l’imagine grinçant des dents à la simple idée d’une poignée de parisianistes avérés, se tapant la discute lors de quelques after bien intello, et voyant des choses dans son spectacle qu’elle-même n’aurait pas vues.

Quant à la comparer à Chantal Goya … Il est sûr que si ce ne sont là que tes bases de comparaison, elles sont bien maigres. Angélique a été déjà maintes fois comparée : à Lhasa, à Jeanne Balibar… Personnellement, je pense qu’elle dégage quelque chose de Barbara, dans sa présence scénique, mais cet avis n’engage que moi. Effectivement, si tu voulais de la chorégraphie en chanson avec de vrais effets d’envol, tu aurais eu plus de chance auprès d’un spectacle de Kamel Ouali à la Star Ac’ ou bien « Le soulier qui vole » de Chantal Goya … Mais bon, Chantal Goya, elle, avait la sensualité d’une pelle à tarte, et il est vrai que la sensualité fait rarement fureur auprès d’un jeune public... C’est vraiment à se demander si nous avons assisté au même spectacle toi et moi. Comment rester insensible à ce qu’Angélique dégage ? Comment ne pas s’interroger face à tout ce qui est soulevé de manière si délicieusement poétique ? Qualifier cette musique de « plate », quelle aberration ! Je n’ai vu qu’un ensemble généreux sur scène, lié par le même plaisir de jouer, de se donner ensemble à un public de plus en plus enthousiaste, hypnotisé par la si grande qualité des interprétations, notamment celles des textes de Pablo Neruda.

Pour finir, j’ajouterais que j’aurais été prêt à tout entendre, pourvu que ce soit argumenté, et pas foncièrement revêche et méchant, comme ton post. Il se peut que je me trompe, mais je te soupçonne d’avoir voulu faire ta critique dans le plus pur style de certains salauds assassins de Telerama, mais pour cela, encore eut il fallu que tu fasses preuve d’un brin d’éloquence. L’emploi d’onomatopées style flap flap et frou frou, est un peu léger, si tu n’étayes pas mieux tes analyses à l’avenir, tu prends le risque de perdre un peu de ta crédibilité et de passer aux yeux de certains pour une niaise.
Goûtons ensemble à cet extrait d’article, paru sur le net sur http://www.telerama.fr à la sortie de l’album « alas pa’ volar ».

…On retrouve, dans l'aisance avec laquelle elle se l'approprie (la langue espagnole), l'ardente expressivité qui fait de cette chanteuse une artiste à part, une ambassadrice des citoyens-poètes du monde. Les compositions inspirées de Boissel, les cuivres aux couleurs mexicaines, la guitare de Vicente Pradal, le violon de Michael Nick font brasiller la passion - dans tous les sens du terme - de Frida Kahlo. Anne-Marie Paquotte



Fish, fervent admirateur d'Angélique
fish
 
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Message par magdalene » 17 Jan 2004, 16:40

oh la la, tranquille ! je n'ai jamais revendiqué le monopole du bon goût, ni celui des bonnes formules. :roll:

note cependant que j'ai donné certes un avis tranché, mais je n'ai manifesté aucun mépris envers les personnes qui auraient pu apprécier ce spectacle. merci donc d'employer à l'avenir un ton moins agressif sur ce forum. mettons ton agressivité sur le compte des émotions.
magdalene
 
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