Carnets d'un intérimaire

[Urriko]

Je viens de terminer ce bouquin pas très gros que j'ai trouvé très intéressant.
Il a été écrit entre 1994 et 1998 et se présente comme un journal tenu au fil des différentes missions d'intérim que l'auteur à effectuées dans la région bordelaise après avoir subi un licenciement collectif.

Daniel Martinez y décrit ses conditions de travail de manutentionnaire ou de manoeuvre :
pénibilité des tâches demandées (qui ne sont pas sans conséquences sur la santé), et ce, par temps de pluie ou de grosse chaleur,
absence de matériel adéquate fourni en début de mission par les agences d'intérim (chaussures de sécurité, gants, etc),
pression de l'encadrement pour tenir les délais.

Afin d'essayer de se sortir de cette précarité (les missions n'excèdent guère 1 ou 2 semaines, après il faut taner les agences pour en retrouver une), Daniel Martinez explique sa tentative à un concours de la fonction publique ou bien sa reprise d'études pour retrouver un emploi stable. Difficile néanmoins de concilier travail et études : retour donc à la case intérim. Le moral n'est ainsi pas toujours au beau fixe, ce qui se ressent sur sa vie privée.

Il dénonce également avec rage le discours hypocrite et convenu des politiciens locaux (les socialistes en prennent pour leur grade) auprès desquels il a effectué des démarches.

C'est une personne écoeurée et en colère qui livre une image concrète du monde de l'intérim. Monde de l'intérim dont heureusement n'est pas absente la solidarité face à la condescendance, au mépris d'un employeur, d'un patron.

Au passage, LO y est mentionnée positivement par l'intermédiaire d'une conversation que Daniel Martinez a eu avec l'un de ses militants lors d'une mission et qu'il évoque (moins d'une page). Toutefois, il indique qu'au cours de cette discussion, le militant de LO aurait voulu lui "refiler une carte d'adhérent".
Je trouve cela étrange. :dry:

Toujours est-il que je vous recommande vivement ce livre : si la classe ouvrière pouvait être dans son ensemble aussi révoltée que son auteur...


"Carnets d'un intérimaire" Daniel Martinez
Edtions AGONE, collection Mémoires sociales
153 pp, 13 euro.

[jeug]

A mon tour, j'ai bien aimé ce bouquin.
Sa révolte est nourrie de conscience de classe, de courage et de solidarité.
Les passages sur les conséquences de la précarité du boulot sur la vie de couple, visiblement sincères, vécus, sont émouvants.
Quelques petites choses à gauche à droite agacent un peu, notamment le mépris pour certaines catégories un peu mieux loties, mais c'est peut-être moi qui l'ai pris comme ça.
Comme il aborde un peu tous les sujets, c'est parfois pour le moins maladroit (sur la condition féminine, sur les délocalisations). A la fois il dit des choses justes mais la manière de la dire est quand même parfois teintée des préjugés habituels.
Mais un témoignage à fleur de peau très fort et très émouvant.
Un bon bouquin, à lire et à discuter.