Expo sur les mineurs immigrés

Message par magdalene » 21 Juin 2004, 22:54

a écrit :Une exposition sur l'histoire des "gueules noires"

LE MONDE | 21.06.04 | 14h43

Lille de notre correspondant régional

Les premiers migrants algériens dans le nord de la France furent 900 Kabyles, recrutés pour remplacer les 1 099 mineurs tués lors de la catastrophe de Courrières le 10 mars 1906... Un accord signé en 1946 prévoyait la fourniture à l'Italie de 150 kg de charbon français par jour et par Italien venu travailler dans les mines nordistes. Organisée par les entreprises responsables de l'exploitation du charbon, l'immigration est indissociable de l'histoire économique et sociale de la région.


Une exposition et un ouvrage collectif d'historiens présentés par le Centre historique minier de Lewarde, près de Douai (Nord), retrace les grandes lignes de cette épopée humaine qui commence au début du XVIIIe siècle, quand la perte de l'actuel Hainaut belge par la France amène des propriétaires de charbonnages de la région de Charleroi à venir prospecter de ce côté-ci de la nouvelle frontière, à l'invitation du gouvernement royal. La compagnie d'Anzin commence, vers 1730, l'exploitation du premier puits avec 200 mineurs de Charleroi. Suivirent les Kabyles de Courrières et, en 1909, les premiers Polonais que le prince Witold Czartoryski, actionnaire des mines d'Anzin, subtilisa à ses concurrents de la Ruhr.

L'immigration massive commence après la première guerre mondiale, quand il s'agit de reconstruire des installations dévastées et de remplacer une main-d'œuvre décimée. La France signe avec la Pologne une convention qui va permettre, sous la supervision d'un organisme privé patronal, l'arrivée de 200 000 Polonais entre 1919 et le début des années 1930. Deux accords similaires sont conclus avec l'Italie, en 1919 également, puis en 1946. Les années 1940-1960 verront aussi l'arrivée de nombreux Algériens : on en compte 23 400 dans la région en 1962. A la fin des années 1950, pour faire face à la fermeture programmée des puits, les Charbonnages décident d'engager des Marocains sous contrat à durée déterminée de 18 à 24 mois.

Ces derniers constitueront la dernière grande vague de migration vers la région. En une quinzaine d'années, 77 000 d'entre eux seront recrutés dans leur pays par des émissaires des Houillères, qui examinent la musculature, l'ossature et la denture des candidats, identifiés par un tampon vert sur la peau quand ils sont jugés aptes.

Ces Marocains n'obtiendront les mêmes droits que les autres mineurs qu'en 1980, après un mouvement de grève.

"Au fond", la solidarité régnait. Ces hommes de cultures différentes étaient tous des "gueules noires". "Au jour", l'assimilation fut parfois difficile. Certains préféraient vivre entre eux, selon leurs coutumes, notamment les Italiens et surtout les Polonais qui ne s'intégrèrent vraiment qu'à partir de 1945, après avoir renoncé définitivement à rentrer dans leur pays devenu communiste.

Aujourd'hui, 30 % de la population du Nord - Pas-de-Calais a une origine polonaise.

Jean-Paul Dufour

"Tous gueules noires, histoire de l'immigration dans le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais", disponible au Centre historique minier, fosse Delloye, BP 39, 59287 Lewarde ; exposition jusqu'au 31 décembre.
magdalene
 
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