« Pourquoi faudrait-il punir ? »
sur l’abolition du système pénal
de Catherine BAKER
éditions Tahin party
182 pages
5 €
mars 2004
ABOLIR LES PRISONS !
Ce livre de plus de 180 pages au prix défiant toute concurrence de 5 € pièce vaut plus que le détour, même si vous n’êtes pas un abolitionniste convaincu et militant !
En accord ou pas avec l’auteure, l’argumentation est solide.
Catherine BAKER nous plonge dans l’univers « concentrationnaire » et infernal des prisons, où coupables, et innocents en préventive connaissent la promiscuité, l’absence de vie sexuelle, et souvent la violence sous toutes ses formes.
C’est une analyse rigoureuse, implacable de la situation des prisons avec en toile de fond une affirmation étayée sur l’inutilité de cette forme de punition inhumaine.
Depuis la fin de la peine de mort, il y a une multiplication de peines à perpétuité, on est passé ainsi en 1980 à 12 personnes condamnées à perpétuité sans aucune condamnation à mort à 44 condamnations à « perpet » en 1985 et53 en 89… « Comme si les juges avaient voulu se venger d’avoir été dépouillés de leur jouet sanglant »
La prison est cruelle, elle détruits les hommes qu’elle enferme où les transforme en récidivistes aggravés.
« La cour et le jury vous condamnent à la prison de vingt années de réclusion criminelle.
Ce qui signifie :
Vous êtes condamné à vous mettre nu aussi souvent qu’on le jugera nécessaire pour être fouillé à corps, à montrer votre anus aux surveillants chaque fois qu’ils l’exigeront dans le cadre de leurs fonctions.
Vous êtes condamné à vous soumettre nuit et jour à leurs volontés. Vous obéirez à tous les ordres, même à ceux qui vous sembleront ineptes ou uniquement mortifiants.»
Tant pis si vous êtes ensuite acquittés…Il vous restera des séquelles toute votre vie. Ainsi va la justice !
La « justice » ?
De nombreux exclus, pauvres, clochards finissent par se retrouver en prison.
« La prison fait partie intégrante du milieu de la délinquance. Elle en est l’un des constituants, le vivier, ne serait-ce que parce qu’elle renforce ce qu’il est commun d’appeler l’exclusion. »
Qui ne serait pas d’accord avec cette affirmation de l’auteure :
« La lutte contre la délinquance commence nécessairement par une politique de lutte pied à pied contre la pauvreté. » ?
Abolir les prisons !
Pourquoi pas…
Même si ce mot d’ordre vous semble utopique, il est indéniable que le système pénitentiaire français ne demande pas à être réformé, il doit être « révolutionné » de fond en comble, pour que la justice ne soit plus une justice de classe, une justice inhumaine et inefficace….
Belle utopie que celle là aussi !
Oui peut être mais il ne faut pas laisser faire et continuer sur une pente d’américanisation des prisons avec les dérives que nous connaissons….
Ce livre au titre et au contenu très « avant gardiste » comme diraient certains est une contribution incontournable pour toutes celles et tous ceux qui se préoccupent de la « justice ».