sur vivantes

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Esther MUJAWAYO
Souad BELHADDAD
“SurVivantes”
aux éditions de l’aube
diffusion Seuil
mars 2004
21 euros

L’INDICIBLE HORREUR ET L’INDIFFERENCE HONTEUSE

Esther MUJAWAYO a « vécu » le génocide rwandais, l’élimination physique des Tutsi par les Hutu en 1994 :
ses parents, son mari, ses sœurs, ses cousins et cousines…quasiment toute sa famille a été exécutée d’une manière « barbare » pas par des étrangers mais par des voisins, parfois des amis devenus subitement des fous criminels.
Les hommes, les femmes, les enfants ont payé un très lourd tribu… Des milliers de femmes blessées gravement dans leur chair à la machette continuent à souffrir, d’autres, très nombreuses, violées devant leurs proches ont été infectées par le sida… Elles meurent les unes après les autres.

C’est une indicible horreur vécue et un génocide organisé et planifié :

« A partir de cet automne, on sent qu’autour de nous, la tension monte. La radio parle de plus en plus de cancrelats. C’est le mot qu’on prononce pour parler d’un Tutsi : cancrelat, cafard. Je mets longtemps, en fait, à sentir la force de cette insulte. In cafard, même quand tu l’écrases, si tu veux t’en débarrasser, il faut procéder à un récurage total. »

Ce livre émouvant, aux témoignages rapportés avec un réalisme poignant a été écrit en collaboration avec une journaliste qui co-signe cette œuvre forte.

Dans une première partie, Esther nous raconte ce génocide qui a vu la disparition brutale de près d’un million de personnes dans ce petit pays magnifique des mille collines…
Elle ne ménage pas le lecteur mais il est vrai que comme elle l’explique il est important pour les victimes de se raconter totalement jusqu’au bout pour la vérité historique et aussi pour une thérapie indispensable.

Dans la deuxième partie du livre, Esther parle d’elle, de son enfance, des massacres de 1959 et de 1973 puis de la tragédie qu’elle a vécue et comment elle est devenue thérapeute.

La troisième partie décrit la situation actuelle post génocide du Rwanda et le combat difficile qu’Esther mène avec l’association des veuves victimes du génocide.
Le colonialisme belge en exacerbant les haines ethniques a jeté les bases du génocide qui fut de fait couvert par l’ONU et la France qui ont mis très longtemps à bouger, laissant s’exécuter les massacres sans agir.
C’est un réquisitoire implacable contre l’indifférence, le racisme sous toutes ses formes mais aussi un appel à la solidarité qui s’appuie sur des exemples concrets, des gestes positifs.
C’est là un livre fort…écrite par une femme forte, émouvante, généreuse, vivante qui raconte, explique, exprime sa colère et son combat pour un avenir plus humain et plus solidaire