
Fahrenheit 9-11, le film de Michael Moore, par Pierre CASSEN
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Il vient de sortir sur nos écrans. Michael Moore a l'avantage
d'expliquer simplement ce que d'autres disent autrement : la guerre,
c'est une affaire de gros sous.
Que peut faire la première puissance économique mondiale quand tous
les signaux économiques indiquent des risques de récession
importants ?
D'abord faire élire à la présidence le plus droitier, soutenu par
les néo-conservateurs, les fondamentalistes catholiques et le lobby
pétrolier.
Pour cela, radier des listes électorales de nombreux pauvres,
essentiellement de couleur. La Floride a basculé à cause de cela, et
grâce à ces magouilles, Bush a été élu.
Ces gens n'attendaient qu'un prétexte pour envahir l'Irak, et
redessiner à leur avantage la carte du Moyen Orient. Les attentats
du 11 septembre leur en fourniront le prétexte. Ils n'auront de
cesse, contre toute évidence, de marteler que Saddam et Al Qaida
sont liés, et mentiront à propos des armes de destruction massive.
Mais dès le 12 septembre, au lendemain des attentats, quand tous les
vols sont encore suspendus, on fera, à la demande de l'Arabie
saoudite, avec l'accord de l'administration Bush, rentrer en jet
spécial vingt quatre membres de la famille Ben Laden, et une
centaine de saoudiens, pour qu'ils ne soient pas inquiétés par les
enquêteurs américains.
Il est vrai que l'Arabie saoudite finance Bush depuis le début de sa
carrière, et a massivement investi dans l'économie américaine. Il
est vrai que Papa Bush, avec le lobby pétrolier, a toujours été en
affaires avec la famille Ben Laden, mais le grand-père Bush était
bien le banquier d'Hitler !
Aux Etats-Unis, le mélange des genres n'a jamais atteint de tels
niveaux. Cheney, Powell, Volkowicz, Rumsfeld passent sans vergogne
de responsabilités gouvernementales à celles de chefs d'entreprise
profitant des marchés donnés par l'Etat.
A côté d'eux, Chirac est un modèle de vertu !
Donc, il fallait se faire déjà les dents sur l'Afghanistan, pour
justifier l'Irak. Tout au long du film, Michael Moore dissèque les
grossiers mensonges et le conditionnement de la société américaine,
relayé par les médias, pour convaincre le peuple que Saddam, par
ailleurs fort peu sympathique, représente une menace pour leur
sécurité. Et quand ils doivent admettre que, affaibli par dix années
d'embargo, il n'avait pas d'armes de destruction massive, ils s'en
sortent par une pirouette : "Il en aurait eu un jour !".
Mais un an après, près de mille soldats américains sont déjà morts,
et cette guerre est une aubaine pour les islamistes et les fous
d'Allah, qui recrutent grâce à elle les combattants de demain. Elle
est surtout une aubaine pour les grands groupes américains qui se
taillent la part du gâteau pour la reconstruction de l'Irak, et qui
annoncent des profits qui se chiffrent en milliards de dollars. Il
suffit pour cela d'avoir le marché sur les repas servis là-bas, sur
le matériel militaire fabriqué spécialement pour cette guerre, et
sur le pétrole, objectif numéro un de l'opération. Les groupes
américains, notamment Carlyle, dirigés par les ministres de Bush,
ont mis la main sur rien de moins que le deuxième producteur mondial
de l'or noir ! Et cela ne dérangeait personne de voir siéger dans ce
conseil d'administration tous les anciens dirigeants américains, les
actuels et la famille Ben Laden.
Evidemment, autre grande classique de la guerre, ce ne sont pas les
fils des plus aisés, ceux qui disent qu'il faut la faire, qui la
font, mais les principales victimes de la politique libérale, les
chômeurs, souvent de couleur.
Nous avions raison d'avoir fait partie des dix millions de
manifestants dans le monde qui s'opposaient, il y a plus d'un an, à
cette salle guerre. Et Chirac a eu raison de tenir bon, malgré les
pressions des libéraux et du Medef, pour ne pas embarquer la France
dans une telle aventure, contrairement aux Aznar, Blair et
Berlusconi, les suppôts de Bush en Europe.
Le film de Michael Moore, primé au festival de Cannes, pêche sur la
fin par quelques longueurs, mais il faut aller le voir, et souhaiter
que sa sortie dans les salles américaines, à quelques semaines de
l'élection présidentielle, contribue à débarrasser la planète de
Bush et des ses faucons, et puisse ouvrir une nouvelle donne
mondiale.
Parmi les grands moments de ce film, on vous recommande le silence
ahurissant de Bush, quand il apprend les attentats de New York, et
qu'il reste prostré et silencieux pendant sept longues minutes !
Ah ! Au fait, dernière réflexion, les Américains sont ce qu'ils
sont, mais eux sont capables de faire un documentaire pareil. Quand
un film semblable, parlant de Chirac, de l'UMP, de Juppé et des
magouilles du Medef sort-il sur les écrans français ?
Pierre Cassen
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Il vient de sortir sur nos écrans. Michael Moore a l'avantage
d'expliquer simplement ce que d'autres disent autrement : la guerre,
c'est une affaire de gros sous.
Que peut faire la première puissance économique mondiale quand tous
les signaux économiques indiquent des risques de récession
importants ?
D'abord faire élire à la présidence le plus droitier, soutenu par
les néo-conservateurs, les fondamentalistes catholiques et le lobby
pétrolier.
Pour cela, radier des listes électorales de nombreux pauvres,
essentiellement de couleur. La Floride a basculé à cause de cela, et
grâce à ces magouilles, Bush a été élu.
Ces gens n'attendaient qu'un prétexte pour envahir l'Irak, et
redessiner à leur avantage la carte du Moyen Orient. Les attentats
du 11 septembre leur en fourniront le prétexte. Ils n'auront de
cesse, contre toute évidence, de marteler que Saddam et Al Qaida
sont liés, et mentiront à propos des armes de destruction massive.
Mais dès le 12 septembre, au lendemain des attentats, quand tous les
vols sont encore suspendus, on fera, à la demande de l'Arabie
saoudite, avec l'accord de l'administration Bush, rentrer en jet
spécial vingt quatre membres de la famille Ben Laden, et une
centaine de saoudiens, pour qu'ils ne soient pas inquiétés par les
enquêteurs américains.
Il est vrai que l'Arabie saoudite finance Bush depuis le début de sa
carrière, et a massivement investi dans l'économie américaine. Il
est vrai que Papa Bush, avec le lobby pétrolier, a toujours été en
affaires avec la famille Ben Laden, mais le grand-père Bush était
bien le banquier d'Hitler !
Aux Etats-Unis, le mélange des genres n'a jamais atteint de tels
niveaux. Cheney, Powell, Volkowicz, Rumsfeld passent sans vergogne
de responsabilités gouvernementales à celles de chefs d'entreprise
profitant des marchés donnés par l'Etat.
A côté d'eux, Chirac est un modèle de vertu !
Donc, il fallait se faire déjà les dents sur l'Afghanistan, pour
justifier l'Irak. Tout au long du film, Michael Moore dissèque les
grossiers mensonges et le conditionnement de la société américaine,
relayé par les médias, pour convaincre le peuple que Saddam, par
ailleurs fort peu sympathique, représente une menace pour leur
sécurité. Et quand ils doivent admettre que, affaibli par dix années
d'embargo, il n'avait pas d'armes de destruction massive, ils s'en
sortent par une pirouette : "Il en aurait eu un jour !".
Mais un an après, près de mille soldats américains sont déjà morts,
et cette guerre est une aubaine pour les islamistes et les fous
d'Allah, qui recrutent grâce à elle les combattants de demain. Elle
est surtout une aubaine pour les grands groupes américains qui se
taillent la part du gâteau pour la reconstruction de l'Irak, et qui
annoncent des profits qui se chiffrent en milliards de dollars. Il
suffit pour cela d'avoir le marché sur les repas servis là-bas, sur
le matériel militaire fabriqué spécialement pour cette guerre, et
sur le pétrole, objectif numéro un de l'opération. Les groupes
américains, notamment Carlyle, dirigés par les ministres de Bush,
ont mis la main sur rien de moins que le deuxième producteur mondial
de l'or noir ! Et cela ne dérangeait personne de voir siéger dans ce
conseil d'administration tous les anciens dirigeants américains, les
actuels et la famille Ben Laden.
Evidemment, autre grande classique de la guerre, ce ne sont pas les
fils des plus aisés, ceux qui disent qu'il faut la faire, qui la
font, mais les principales victimes de la politique libérale, les
chômeurs, souvent de couleur.
Nous avions raison d'avoir fait partie des dix millions de
manifestants dans le monde qui s'opposaient, il y a plus d'un an, à
cette salle guerre. Et Chirac a eu raison de tenir bon, malgré les
pressions des libéraux et du Medef, pour ne pas embarquer la France
dans une telle aventure, contrairement aux Aznar, Blair et
Berlusconi, les suppôts de Bush en Europe.
Le film de Michael Moore, primé au festival de Cannes, pêche sur la
fin par quelques longueurs, mais il faut aller le voir, et souhaiter
que sa sortie dans les salles américaines, à quelques semaines de
l'élection présidentielle, contribue à débarrasser la planète de
Bush et des ses faucons, et puisse ouvrir une nouvelle donne
mondiale.
Parmi les grands moments de ce film, on vous recommande le silence
ahurissant de Bush, quand il apprend les attentats de New York, et
qu'il reste prostré et silencieux pendant sept longues minutes !
Ah ! Au fait, dernière réflexion, les Américains sont ce qu'ils
sont, mais eux sont capables de faire un documentaire pareil. Quand
un film semblable, parlant de Chirac, de l'UMP, de Juppé et des
magouilles du Medef sort-il sur les écrans français ?
Pierre Cassen